Les nuits parisiennes ne sont plus ce qu'elles étaient. Pris en étau entre les règlements sur le bruit et la loi antitabac, les restaurants, bars et salles de concert ont exprimé leur ras-le-bol l'an dernier avec la pétition «Paris: la nuit meurt en silence», signée par plus de 15 000 personnes et remise au ministère de la Culture.

Les noceurs en colère? À en croire les papiers publiés cet hiver, la répression dont sont souvent victimes les bars musicaux et salles de concert tue à petit feu le dynamisme de Paris, une «ville morte» qui fait pâle figure comparativement à ses voisines européennes, Londres, Berlin ou Barcelone.

«Dans la situation actuelle, on détruit la scène locale», croit le DJ Dan Ghenacia, cité par Les Inrockuptibles en novembre dernier. Résultat: les artistes désertent Paris, selon lui. La question, portée à la connaissance des élus municipaux et régionaux, n'a pas encore connu de résolution, en dépit de la demande des pétitionnaires de «réaffirmer en actes» l'importance de la culture à Paris.

En mars, les fondateurs du comité «Quand la nuit meurt en silence» s'inquiétaient dans les colonnes de Libération de l'effet de la réforme du code du tourisme fixant à 7 h du matin l'heure de fermeture des clubs dans toute la France: un pas en arrière pour Paris, estiment-ils, où les nuits se prolongent, dans certains établissements, jusqu'à midi.

Interviewé mardi dans la foulée de la lettre ouverte du DJ Ghislain Poirier au maire de Montréal, Pierre Fortin, le directeur général du Quartier des spectacles, voyait des similitudes entre les déboires des bars et salles de concert montréalais et parisiens.

«Je crois qu'on est dans des enjeux de cohabitation: il y a des quartiers résidentiels où il n'y avait aucun problème avant les lois antitabac. Ce sont maintenant les voix qui dérangent. Il y a des défis et il faut trouver comment cohabiter», dit-il.