La course aux prix littéraires en France, qui agite chaque année le monde de l'édition, a commencé avec la publication cette semaine des premières sélections de romans parmi les centaines publiés à la rentrée.

La compétition s'annonce très ouverte, avec une demi-douzaine de romans, de genres très différents, allant des récits de grand large aux confessions intimes.

Des 466 romans français de la rentrée, les jurys de quatre des principaux prix d'automne n'ont retenu qu'une quarantaine de titres.

En tête de liste, Olivier Rolin est en lice pour le prestigieux Goncourt, le Renaudot et le Médicis avec «Un chasseur de lions», récit des aventures rocambolesques d'Edouard Manet et de l'un de ses modèles.

Auteur d'une quinzaine de romans, Rolin a déjà reçu le Femina en 1994 pour «Port-Soudan».

Mathieu Belezi pointe pour sa part sur les premières sélections du Goncourt, du Médicis et du Femina, avec «C'était notre terre», une saga familiale aux temps de l'Algérie française. Et Michel Le Bris, le fondateur du festival «Etonnants voyageurs» de Saint-Malo, fait revivre les stars de l'aventure du début du XXe siècle dans «La beauté du monde».

Changement d'univers avec «Un brillant avenir» de Catherine Cusset, autour de la confrontation de deux femmes attachées au même homme, en lice pour le Goncourt et le Médicis.

Sept ans après «La vie sexuelle de Catherine M.», qui avait fait l'effet d'un coup de tonnerre dans le monde de l'édition, Catherine Millet démonte cette fois dans «Jour de souffrance» les mécanismes de la jalousie. Un texte intimiste en lice pour le Goncourt et le Femina, à l'opposé du déballage érotique de son livre précédent.

Bon accueil également pour «Où on va, papa ?», dans lequel Jean-Louis Fournier évoque à sa façon, absurde et dérangeante, ses deux enfants handicapés. Un récit hors normes retenu pour le Goncourt et le Femina.

Deux premiers romans ont échappé au tri drastique des jurys: «Une éducation libertine», dans un Paris du XVIIIe siècle sale et glauque vu par Jean-Baptiste Del Amo, et «La meilleure part des hommes» de Tristan Garcia. «Crack» de Tristan Jordis, reportage choc sur des toxicomanes parisiens, figure pour sa part parmi les cinq titres sélectionnés pour le Renaudot de l'essai.

Mais une trentaine d'autres auteurs - Christophe Bataille, Karine Tuil, Patrice Pluyette, ou même Christine Angot pour le Renaudot - sont toujours en course et les jurys peuvent encore trouver ailleurs la perle rare.

Parmi les nouveautés de cette saison des prix, le jury Goncourt a tiré les leçons d'un scandale en 2007 en modifiant son règlement pour rajeunir ses effectifs et limiter les soupçons de manoeuvres entre jurés et éditeurs.

Le Grand prix du roman de l'Académie française sera attribué le 30 octobre, avant le Femina (3 nov), le Médicis (5 nov), le Goncourt et le Renaudot (10 nov), et l'Interallié (18 nov).