Terminé, le temps des craies et des tableaux verts? Pas tout à fait. Mais certains enseignants ne retourneraient plus à cette époque. C'est le cas de Pierre Bergeron et Julie Hamel, deux enseignants de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke qui travaillent avec des tableaux blancs interactifs (TBI). Ils ont découvert le potentiel de cet outil technologique, qui amène aussi certains bémols.

Enseignante en adaptation scolaire à l'école LaRocque, Julie Hamel travaille avec des enfants âgés entre 9 et 12 ans, présentant une déficience intellectuelle moyenne. Avec ses sons, ses effets visuels et son écran tactile, le tableau permet de capter l'attention de ses élèves. «Pour l'attention, ça aide beaucoup. Les jeunes aiment bien venir au tableau.»

Ceux qui ont du mal à tenir un crayon arrivent plus facilement à venir déplacer de grands icônes sur l'écran. Celui-ci peut monter ou descendre, et par le fait même s'ajuster pour les élèves en fauteuil roulant.

Aux yeux de Charles Bernard, un élève de quatrième secondaire de l'école internationale du Phare, le tableau est plus utile dans son cours de sciences que de mathématiques. «En sciences, c'est plus utile parce que ça nous montre des images si on ne comprend pas», indique-t-il. «C'est plus motivant, croit pour sa part Dayana Pandurevic, également en quatrième secondaire. Il y a plus d'images, plus de couleurs.»

La Tribune est justement passée dans un cours, au moment où l'enseignant de science et technologie de l'environnement Pierre Bergeron expliquait la décomposition de la force avec la trigonométrie.

«Depuis que j'ai le tableau, je ne touche plus à ma craie. Je n'en vois plus l'utilité.» Il ne s'ennuie pas, non plus, de ce temps où il devait tourner le dos aux élèves de longues minutes pour remplir le tableau de notes. Et puis, à l'heure où les jeunes possèdent des téléphones intelligents, les tableaux interactifs sont les bienvenus...

La Tribune écrivait en début de semaine que l'arrivée des nouveaux TBI, annoncés par le gouvernement Charest l'hiver dernier, soulevait plusieurs préoccupations. Les commissions scolaires de la région ignorent à quel moment elles recevront l'équipement. Le flou entourant le budget d'entretien soulève aussi des questions.

M. Bergeron estime que cet outil offre un éventail de possibilités pour attirer l'attention de certains jeunes. Il suffit, cependant, de savoir s'en servir et de l'utiliser à son plein potentiel. À ses yeux, l'utilisation du TBI peut différer d'un enseignant à un autre, en fonction de leur intérêt et de leurs aptitudes. «Ce n'est pas tous les professeurs qui l'utilisent avec la même habileté.»

«Il y a des professeurs réticents parce qu'ils sont moins «techno» et ils ont des appréhensions.» N'étant pas lui-même un as d'informatique, il estime tout de même qu'avec «une moindre base en informatique», il est assez facile de se retrouver. Il n'a pourtant eu qu'une heure ou deux de formation pour se débrouiller, en plus d'un petit guide.

Pierre Bergeron raconte qu'en configurant une mise en page moins traditionnelle sur son tableau, cela a suffit pour capter l'attention d'un ses élèves, un sportif n'ayant pas beaucoup d'intérêt pour les classes. «Quand on fait des choses qu'ils ne sont pas habitués de voir, ils font «wow!».»

À l'école internationale du Phare, avec les achats que doit faire la CSRS cette année, sept nouveaux TBI feront leur entrée dans les classes. Un TBI est prévu dans une classe de communication. Une consultation aidera à répartir les autres.

Et les bogues, dans tout ça? «Il y en a, mais on a de bons techniciens. Ça prend ça, parce que quand ça ne fonctionne pas, on est démunis», commente Julie Hamel en citant les fois où le TBI n'ouvre pas ou que des dossiers disparaissent.

Un autre bémol: le manque de temps. «On a besoin de temps pour monter les activités et s'en servir à bon escient. Le temps nous manque, on n'a que 24 heures dans une journée», indique Mme Hamel en soulignant que des recommandations ont été faites en ce sens lors de l'implantation des TBI dans son école.