Dans le cadre du projet « Corridors écologiques : une stratégie d'adaptation aux changements climatiques », Conservation de la nature Canada (CNC), cinq autres organismes de conservation et plus de 40 partenaires ont annoncé le 8 mai dernier une alliance visant à favoriser le maintien de la connectivité entre les aires protégées dans le sud du Québec. Ils ont rencontré plus de 350 propriétaires et élus municipaux depuis deux ans et poursuivront leurs efforts au cours de la prochaine année.

La conservation de ces corridors est essentielle aux déplacements du lynx et d'autres animaux afin de combler leurs besoins vitaux. Par exemple, le lynx doit bénéficier de nombreuses aires d'habitat d'une superficie d'au moins 70 kilomètres carrés pour assurer sa survie.

Pour les animaux, une frontière n'est pas une barrière, c'est pourquoi une collaboration internationale est primordiale à la réussite d'un projet de maintien de la connectivité. Aujourd'hui se tient justement à Orford en Estrie, la deuxième et dernière journée du colloque organisé par l'Initiative Staying connected (SCI), une collaboration binationale comptant soixante organismes partenaires américains et canadiens dont fait partie CNC. L'événement a réuni une soixantaine de représentants d'ONG, de fondations et d'agences gouvernementales.

Le lynx fait partie des mammifères à grand domaine vital dont la survie dépend en partie du maintien de ces zones dites de « connectivité ». Discret, ce félin n'est pas un animal facile à observer. Il est présent dans les forêts québécoises, particulièrement au sud-est de la province, après avoir frôlé l'extinction dans les années 1980 à cause d'une chasse intensive. La situation était devenue si critique que le gouvernement avait alors imposé une fermeture du piégeage pendant plus de 20 ans.

Aujourd'hui, l'espèce semble bien se porter au Québec, mais sa survie reste précaire dans les provinces maritimes en partie à cause de la perte de son milieu de vie. En effet, les activités humaines, les routes, les fermes et les villes peuvent diviser des territoires et, par le fait même, des habitats, isolant ainsi les espèces qu'ils abritent.

D'autres animaux comme l'orignal, le loup et l'ours, des espèces emblématiques des grands espaces canadiens, sont aussi concernés. Le Québec est reconnu pour la richesse de son patrimoine naturel et faunique. En protégeant le milieu de vie des animaux dès maintenant, on travaille à préserver cette chance.

Sous l'influence des changements climatiques, on estime qu'au Québec les habitats des espèces se transféreront d'environ 45 km par décennie vers le nord. La province pourrait devenir un refuge climatique pour plusieurs mammifères; elle risque donc de jouer un rôle primordial à l'échelle continentale dans l'adaptation aux changements climatiques.

Pour contrer cette menace, CNC veut consolider et restaurer les zones de connectivité dès maintenant. Ceci implique l'identification de ces secteurs clés pour le déplacement des espèces, l'acquisition de terres positionnées stratégiquement dans les corridors pour les protéger à long terme, l'intégration de ces secteurs dans les règlements d'urbanisme des municipalités et toute autre initiative citoyenne qui viserait à protéger un corridor écologique.

Le projet « Les corridors écologiques : une stratégie d'adaptation aux changements climatiques» est financé par le Fonds vert dans le cadre d'Action-Climat Québec, un programme du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques découlant du Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques.

La Fondation de la faune du Québec, la Fondation Echo et la Fondation Woodcock sont également des partenaires financiers dans ce projet.

CNC collabore avec cinq organismes pour la mise en oeuvre du projet : Corridor appalachien, Éco-corridors laurentiens, Nature-Action Québec, Conseil régional de l'environnement du Centre-du-Québec, Horizon-Nature Bas-Saint-Laurent. L'Initiative Staying connected assure le réseautage avec des partenaires américains, du Québec et du Nouveau-Brunswick, de manière à assurer la cohérence transfrontalière des initiatives de connectivité et de partager les informations et les outils existants.

Conservation de la nature Canada est le chef de file au Québec et au Canada en matière de protection des milieux naturels en terres privées, ainsi que des animaux et des plantes qu'ils abritent. Depuis 1962, l'organisme de bienfaisance a protégé plus de 1,1 million d'hectares de sites exceptionnels au pays, dont 45 000 au Québec.

Le Fonds vert, où 100 % des revenus générés par les ventes aux enchères du marché du carbone sont versés, finance notamment la mise en oeuvre des mesures du Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques. Ces dernières visent à réduire les émissions de GES et à améliorer la capacité d'adaptation de la société québécoise aux impacts des changements climatiques. Jusqu'à maintenant, le marché du carbone a généré des revenus de plus de trois milliards de dollars pour le Québec, qui servent à soutenir les entreprises, les municipalités, les institutions et les citoyens québécois.

L'initiative Staying Connected est une collaboration internationale, qui oeuvre à la préservation de la connectivité forestière à l'échelle du paysage dans la région des Appalaches Nordiques et de l'Acadie, au bénéfice de la nature et des gens qui la peuplent. Soixante organismes partenaires représentant cinq états américains et trois provinces canadiennes travaillent à conserver la connectivité des habitats ainsi que les nombreux bénéfices écologiques, sociaux et économiques associés à des milieux naturels sains et interconnectés. 

Afin de mieux comprendre le principe de connectivité et des corridors écologiques, CNC a élaboré une carte récit