Dans la chaleur caniculaire de l'été ou le froid polaire de l'hiver, Gabrielle Arsenault arpente les rues de Montréal à la recherche de sans-abri auxquels elle ermet des trousses remplies d'articles indispensables, comme du dentifrice, des brosses à dents, des chaussettes, des tuques, des serviettes hygiéniques, des biscuits.

« Le mouvement Blessing Bag est né aux États-Unis. Je trouvais ça formidable, mais j'ai décidé d'y aller de ma petite touche personnelle », souligne Mme Arsenault, qui travaille depuis cinq ans au Neuro à titre de technicienne administrative à la Clinique de la douleur et à la Clinique de la colonne vertébrale.

« La plupart des gens qui participent à cette initiative gardent une trousse à portée de la main et, s'ils croisent une personne dans le besoin, ils la lui remettent. Je préfère ne pas attendre. Je vais à la rencontre des gens dans le besoin. Je peux marcher pendant des heures dans les rues de Montréal avec des trousses qui pèsent parfois jusqu'à 4,5 kg chacune. J'ai mal aux mains et mes pieds me font souffrir. Mais je ne retourne jamais à la maison sans avoir donné toutes mes trousses. »

Elle a ainsi distribué bien plus de 120 trousses depuis sa première tournée, en mars 2017. Les sans-abri accordent beaucoup d'importance à certains articles que la plupart des gens tiennent pour acquis, notamment les chaussettes, souligne Mme Arsenault.

« Dès la minute où je leur remets une trousse, ils me demandent si elle contient des chaussettes. Sans attendre une seule minute, assis sur le trottoir, ils s'empressent d'enlever leurs vieilles chaussettes pour enfiler les neuves. C'est remarquable de les voir s'enthousiasmer pour de nouvelles chaussettes. »

Elle prépare également des trousses d'essentiels pour ces compagnons à quatre pattes. « La première personne à qui j'ai donné une trousse était une femme accompagnée de son chat. Les sans-abri sont extrêmement reconnaissants lorsque je leur remets également une trousse pour leur compagnon. »

Les amis et les proches de Gabrielle lui remettent des articles pour ses trousses, et quelques donneurs anonymes lui apportent leur soutien tous les mois. « Les dons sont importants et très appréciés, mais j'aimerais que les gens distribuent eux-mêmes des trousses. J'essaie également de leur faire comprendre combien ils sont privilégiés. Les gens se créent constamment de nouveaux besoins plutôt que de profiter de ce qu'ils possèdent déjà. Lorsque vous appréciez ce que vous avez, vous ne voyez plus les choses de la même façon. Vous êtes plus heureux! »

Touchés par le geste de Mme Arsenault, plusieurs lui ont emboîté le pas et distribuent maintenant des trousses d'essentiels. « Certaines personnes ont du mal à aller vers les itinérants et préfèrent me donner des articles ou de l'argent. Je comprends, car ce genre de mission est parfois difficile. Je suis reconnaissante à tous ceux qui m'offrent leur aide, quelle qu'elle soit. »

En décembre, des amis de Mme Arsenault se joignent à elle pour distribuer non seulement des trousses, mais également des sandwiches. Les gens qui vivent dans la rue ont eux aussi leurs préférences, a-t-elle constaté. Certains ont un penchant pour le poulet, d'autres pour le jambon.

Gabrielle remet également les articles trop volumineux pour ses trousses aux femmes de la maison d'hébergement Le Chaînon ou du Foyer pour femmes autochtones de Montréal.