L’Université de Sherbrooke a inauguré le 28 octobre un complexe intégré de recherche unique en Amérique du Nord qui va permettre de réaliser des recherches de calibre mondial en gestion et en qualité de l’eau, deux thématiques au centre des enjeux planétaires.

Le Complexe de recherche multiéchelle en hydrologie, hydraulique et environnement verra s'activer au cours des prochaines années de nombreux projets de recherche orientés sur des solutions novatrices applicables à nos bassins versants et nos rivières.

Ce projet, d’une valeur totale de 2,8 M$, a pu voir le jour grâce à plusieurs partenaires, dont le gouvernement du Canada via le Fonds d’investissement stratégique pour les établissements postsecondaires, le gouvernement du Québec, l’Université de Sherbrooke, la Fondation de l’UdeS ainsi que plusieurs donateurs privés et partenaires municipaux : MRC de Memphrémagog, MRC Brome-Missisquoi, MRC du Granit, MRC du Val-Saint-François et la Ville de Granby.

Étaient présents à l’annonce les professeurs Jay Lacey, directeur du GREAUS, Jean Proulx, doyen de la Faculté de génie, et Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures de l'UdeS, ainsi qu'Alexandre Goulet, directeur du développement de la Faculté de génie.

PHOTO UDES - MICHEL CARON

Jay Lacey, Jean Proulx et Jean-Pierre Perreault.

Cette construction unique à l’échelle pilote axée sur la recherche amènera dans son sillage de réelles retombées économiques, environnementales et sociales. Avec les données récoltées, nous contribuerons à améliorer la qualité de l’eau au Québec et ailleurs, grâce à de meilleures pratiques de gestion de l’eau. La recherche qui y sera effectuée permettra aussi une meilleure prévision des inondations et une meilleure compréhension du transport des contaminants, ce qui entraînera en plus une économie importante des coûts reliée à la réduction de ces problématiques.

Ce Complexe de recherche, dont la durée de vie est estimée à 30 ans, combine les avantages des recherches en laboratoire et de celles effectuées directement sur le terrain : le travail y est effectué dans des conditions entièrement contrôlées, tout en s’approchant significativement de la réalité du terrain. Il est plus spécifiquement composé d’un bassin versant incluant un lac expérimental, d’une rivière expérimentale et d’équipements scientifiques de pointe en chimie analytique ainsi qu’en traitement des eaux notamment.

Le bassin versant pilote sera utilisé principalement pour réaliser des activités de recherche en hydrologie et en transport de contaminants, précise le professeur Robert Leconte. Il s’agit d’un outil de recherche unique qui nous permettra de mesurer et de contrôler les entrées et les sorties d’eau du bassin. Comme le bassin sera alimenté par l’eau de pluie, nous pourrons obtenir des données hydrologiques fiables et représentatives des bassins versants. Les projets ont d’ailleurs déjà commencé : l’équipe de recherche se familiarise avec l’instrumentation en plus de collecter des données d’humidité du sol et de précipitation pour vérifier le bon comportement de ces instruments dans le bassin.

Quant à la rivière expérimentale, elle sera au cœur des activités de recherche en hydraulique. Ce qui est intéressant avec ce type de rivière expérimentale unique au monde, c’est que l’eau qui y circule en circuit fermé va créer au fil du temps son propre corridor d’écoulement, faisant varier naturellement la morphologie de la rivière. Plusieurs paramètres vont pouvoir être observés et mesurés au fil des expériences, avec comme objectif d’étudier des stratégies d’atténuation des effets des changements climatiques sur les rivières, comme des bandes riveraines ou des passes pour les poissons, et même de développer de nouvelles pratiques pour aider à restaurer des cours d’eau. Pour ce faire, nous allons observer entre autres le transport des sédiments, l’érosion et la stabilisation des berges, et tout ça à une échelle qui se rapproche sensiblement de la réalité. L’un des projets en cours est l’analyse de la précision et de l’incertitude de certaines méthodes de mesure des débits dans les rivières du Québec.

Un tel projet interdisciplinaire permet la collaboration d’experts en génie civil, en chimie et en géomatique appliquée et va plus loin en ouvrant la porte au développement de projets de recherche avec des partenaires industriels, municipaux et gouvernementaux, et ce, aux échelles nationale et internationale.

Cette infrastructure majeure de recherche construite entre le Campus principal de l’UdeS et le Parc Innovation-ACELP accueillera de multiples projets directement reliés au thème fédérateur en recherche Changements climatiques et environnement. Nous y formerons une relève qui pourra offrir une expertise unique et très en demande touchant la gestion et l’ingénierie de l’eau, la qualité de l’environnement et le traitement des eaux. Nous croyons réellement aux avantages d’un tel décloisonnement pluridisciplinaire en recherche, où se côtoieront des spécialistes en hydraulique, en hydrologie, en environnement, en chimie et en géomatique .