Dans une enquête de six mois sur le service d'urgence 911 au Canada, le journal The Globe and Mail a découvert que les répartiteurs ont beaucoup de difficulté à trouver l'origine des appels provenant de cellulaires ou de téléphones internet en raison d'un manque de surveillance, de failles réglementaires et de technologies désuètes.

Il y a actuellement près de 21 millions d'abonnés sans fil au pays. Plus de la moitié des appels que reçoit le 911 chaque année sont faits à partir de cellulaires, et 250 000 ménages canadiens utilisent le même genre de système de téléphonie internet.

 

Pourtant, la technologie relativement peu coûteuse qui permettrait aux répartiteurs de localiser les usagers de cellulaires et de téléphones internet n'est pas en place au Canada. Si ces personnes sont dans l'incapacité de parler ou ne savent pas où elles se trouvent, les répartiteurs du 911 ne peuvent pas les trouver.

Ces failles ont eu des conséquences fatales ou quasi fatales dans au moins quatre cas cette année, notamment celui d'un homme de 39 ans battu et abandonné dans un champ qui lui était inconnu, près de Brooks, en Alberta. Il a appelé le 911 avec son cellulaire. La police a retrouvé son corps deux jours plus tard.

L'enquête du Globe and Mail a découvert que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), qui établit les règles pour le service 911, a conscience de la gravité de la situation depuis un bon moment déjà.

Au fait depuis quatre ans

Il y a quatre ans, le CRTC avait été mis au fait d'au moins 72 problèmes similaires concernant des appels 911 faits à partir de téléphones internet. Un appel 911 de l'Arizona avait notamment été dirigé par erreur aux répartiteurs de Toronto, et plusieurs appels d'urgence provenant de l'Ontario et du Québec n'avaient tout simplement pas pu être localisés.

Les appels mal dirigés avaient incité le CRTC et les compagnies canadiennes de téléphonie internet à envisager une solution qui aurait pu sauver des vies. Mais la proposition est morte au feuilleton en raison de différends sur la question de savoir qui devrait payer pour régler le problème, a constaté le Globe and Mail dans les 3000 pages de documents obtenus pour la majeure partie grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

La responsable du centre de répartition 911 de Toronto, Judy Broomfield, a soutenu que d'autres drames pourraient survenir. «Nous n'avons pas les moyens de les prévenir», a-t-elle affirmé.

L'un des problèmes est que les compagnies de téléphonie sans fil n'obtiendront pas de retour sur leur investissement si elles acceptent de mettre à jour leur technologie liée au service 911.

L'Association canadienne des télécommunications sans fil a plaidé pour que des fonds publics soient investis dans l'amélioration de la technologie.

En plus des taxes provinciales et municipales qui financent le système 911, les compagnies de cellulaires perçoivent aussi des frais pour assurer ce service.

Mme Broomfield a estimé que les compagnies collectent un total d'environ 157 millions de dollars par année. Ces frais se situent entre 50 cents et 1$ par mois dans la plupart des provinces.

De cette somme, environ 10 cents sont consacrés au service 911. Le CRTC ne sait pas comment est utilisé le reste de l'argent.