Il y a 10 jours, le Vieux-Montréal entrait officiellement dans l'ère du 3G. Ça peut avoir l'air anodin, mais ça annonce de grands changements pour les TIC, à Montréal et au Canada. Mais plus que toute autre, c'est la télé qui subira la plus importante transformation. C'est pourquoi les technos invitent l'industrie de la télévision à prévenir, plutôt que guérir.

Il y a 10 jours, le Vieux-Montréal entrait officiellement dans l'ère du 3G. Ça peut avoir l'air anodin, mais ça annonce de grands changements pour les TIC, à Montréal et au Canada. Mais plus que toute autre, c'est la télé qui subira la plus importante transformation. C'est pourquoi les technos invitent l'industrie de la télévision à prévenir, plutôt que guérir.

Dimanche, le 13 mai, le débit de données transmis par l'antenne d'un opérateur de téléphonie sans fil dans le Vieux-Montréal a subitement et littéralement explosé. C'est ce qu'a remarqué Paul Forowstofsky, président de Bluestreak Technology, dont les bureaux sont justement dans le quartier. L'entreprise montréalaise étant un pionnier de la télévision mobile au Canada (et dans le monde), M. Forowstofsky y a vu une très bonne nouvelle.

«Les opérateurs de sans-fil doivent amortir les coûts suscités par leur passage au 3G, résume-t-il. En Europe et en Asie, la solution qu'ils ont trouvée, c'est d'offrir la télévision sur les appareils mobiles.» Et ce sera la même chose ici, prédit-il.

Qui utilise les mots télévision et Canada dans la même phrase doit avoir une pensée pour deux organismes fédéraux: le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et Téléfilm Canada, qui régissent tout cela de très près. Une situation qui pourrait mal finir, compte tenu de l'enjeu entourant la télé et les technologies mobiles.

«Pas de doute, le CRTC doit faire évoluer ses politiques sur la télévision, pense le président de Bluestreak. Au moins, il doit dire clairement quel sera son rôle face à ce nouveau média, comme il l'a fait avec l'internet.»

M. Forowstofsky pense que l'occasion est bonne de créer une nouvelle dynamique favorisant la création de contenu local. «En Europe, les diffuseurs négocient désormais les droits sur le contenu télévisuel afin de l'utiliser sur diverses plateformes, dont les appareils mobiles.»

Ils exigent aussi de pouvoir rediffuser du vieux matériel, par exemple, la série des années précédentes, ou les tournois précédents, afin de vendre à leurs clients mobiles du contenu plus complet. Pour les créateurs de contenu, c'est une façon de faire de l'argent frais avec du vieux.

Si le CRTC ou Téléfilm Canada pouvait encadrer cela, ça pourrait garantir de nouveaux revenus pour l'industrie naissante de la télé mobile, croit Paul Forowstofsky. C'est peut-être même une solution à la crise qu'a traversée le Fonds, récemment.

Des milliers de niches

Dans une conférence internationale sur la télé mobile tenue la semaine dernière, un intervenant résumait ainsi le comportement des utilisateurs de la télé mobile: «Plus de la moitié des téléspectateurs mobiles sont à la maison, et syntonisent des chaînes étrangères.»

Le conférencier en question recommande aux télédiffuseurs canadiens de diffuser sur l'internet le plus tôt possible. «Il faudra adapter les lois à la technologie, dit-il. Sur les ondes, on peut capter trois, quatre postes. Sur le câble, une trentaine. Sur internet, il y en a 3000! Ça crée un bassin impressionnant de chaînes spécialisées à autoriser ou à bloquer.»

Et même dans le meilleur des cas, ça crée une concurrence infinie pour la télévision québécoise et canadienne. C'est un peu ce qui s'est produit avec l'explosion de la musique numérique ces dernières années, mais en pire, estime pour sa part Joe Cantwell, un producteur de contenu américain présent à la conférence.

«Malheureusement, si c'est exactement comme la musique, les gouvernements et les diffuseurs ne réagiront que lorsque ça deviendra une crise majeure pour l'industrie, et il sera déjà trop tard.»