Nintendo, Sony, Microsoft : les géants des jeux vidéos dominent le Gamescom, le plus grand salon européen du secteur qui s'est ouvert jeudi au public, la crise jouant contre les innovateurs indépendants.

La nouvelle version de la console PlayStation 3 de Sony est l'une des attractions phares du salon de Cologne (nord-ouest de l'Allemagne) : à la fois plus petite et plus puissante, son prix a également été abaissé de 100 euros en Europe (299 euros) et de 100 dollars aux États-Unis (299 dollars).

Dans un contexte de crise économique et sur un marché très compétitif, Sony espère ainsi redresser ses ventes d'ici aux fêtes de fin d'année, la saison la plus cruciale dans le secteur des jeux vidéos.

Des files d'attente s'allongent rapidement devant des stands où l'on peut tester - pendant une vingtaine de minutes seulement - des suites de jeux déjà cultes : la fantaisie médiévale de Diablo 3, le martial Call of Duty : Modern Warfare 2 ou les footballistiques FIFA 10 et Pro Evolution Soccer 10.

«J'ai toutes les consoles chez moi», déclare Michael, un commercial de 37 ans dont 25 aux manettes de jeux vidéos, venu de la région de Cologne. Sa préférée : la Xbox 360 de Microsoft. «L'accès en ligne y est plus facile que sur les autres, et les communautés (de joueurs) sont meilleures» selon lui.

Cependant, malgré plus de 100 premières de jeux annoncées, les innovations pures se font rares à Cologne. Nintendo avait frappé fort avec la Wii, une console qui a révolutionné le maniement des jeux vidéos et qui leur a ainsi ouvert un public plus large. Mais c'était il y a bientôt trois ans.

«La plupart des nouveaux jeux présentés sont des suites», regrette Frank, 24 ans, derrière ses lunettes de soleil en forme d'écran plat. «Les nouveaux entrants ont du mal car ils ne sont pas connus, les gens les ignorent», ajoute-t-il.

Massimiliano Di Monda, directeur de Raylightgames, une petite société italienne de développement de jeux vidéos, partage son avis. «Il n'y a pas beaucoup de place pour l'innovation parce que les éditeurs prennent le minimum de risques, et la crise n'a fait qu'empirer les choses», estime-t-il.

«Les grands développeurs comme Electronic Arts et Blizzard font de moins en moins appel aux applications externes, ils développent tout eux-mêmes», selon M. Di Monda. «C'est ainsi que le nombre des titres diminue chaque année».

Le salut de la création pourrait passer par internet. Le succès phénoménal de World of Warcraft, fort de plus de 11 millions de joueurs en réseau dans le monde, a fait des émules. Les fabricants de consoles ne jurent plus que par les communautés en ligne, et de nombreux joueurs aussi.

«C'est génial d'élaborer des stratégies avec son équipe, et avoir des adversaires réels en face est plus motivant que d'affronter l'ordinateur», explique Frank, adepte notamment de Counterstrike, un célèbre jeu de tir multijoueurs et en ligne.

Sur le modèle de Warcraft, de nombreux développeurs indépendants ont lancé leurs propres jeux de communauté sur internet, comme le franco-suisse Empire Sports, dont la version gratuite rassemble déjà 450.000 sportifs virtuels.

Mais M. Di Monda voit aussi les limites de l'internet : «Cela pourrait être l'avenir des jeux vidéos, mais pas forcément celui de la qualité. Car le grand public cherchera toujours les noms connus en priorité. Et si vous êtes vraiment meilleur que les grandes compagnies, elles vous rachèteront».