Après sept ans en Afghanistan et cinq en Irak, l'armée américaine a de la difficulté à trouver suffisamment de nouvelles recrues. Les agents recruteurs tentent donc une nouvelle approche: séduire les jeunes avec des jeux vidéo dernier cri dans les centres commerciaux.

L'approche est tentée à Philadelphie, avec des jeux de simulation de combat qui ont coûté 13 millions de dollars américains. «Nous n'avons pas encore de données définitives, parce que le bureau n'est ouvert que depuis le mois d'août, explique le major Larry Dillard, joint à une base militaire d'Atlanta. Mais nous avons certainement beaucoup de visites, beaucoup plus qu'il y en avait à la demi-douzaine de petits bureaux que nous avons fermés pour financer ce nouveau concept.» Les premiers mois n'ont toutefois pas été concluants: seulement 35 recrues se sont enrôlées entre les mois d'août et de janvier, un taux inférieur aux autres bureaux de recrutement de la ville.

 

Le bureau situé dans le centre commercial Frank Mills, en banlieue est de Philadelphie, accueille les jeunes avec des jeux vidéo - Madden Football et Rainbow Six, un jeu violent - et surtout trois simulateurs. Ils permettent de faire des missions de livraison d'aide humanitaire en Afghanistan et en Irak à bord d'hélicoptères Black Hawk et Apache ainsi que d'un Humvee. Les simulateurs sont équipés de fusils d'assaut M4, mais les scénarios de simulation ne prévoient pas de combat.

«Nous n'avons pas de problème de recrutement en zone rurale, particulièrement près des bases militaires, explique le major Dillard. Mais les jeunes de la ville ont souvent peu d'occasions d'entrer en contact avec les soldats et leurs outils de travail. Pour eux, c'est un monde étranger. Alors, nous avons pensé à une manière de rendre plus concrète l'expérience militaire dans les bureaux de recrutement urbains.»

Ce n'est pas la première fois que l'armée américaine a recours aux jeux vidéo. Ils servent à l'entraînement des soldats et, depuis 2002, elle distribue gratuitement sur l'internet une série de jeux, America's Army, pour rendre le métier plus attrayant. Près de 10 millions de personnes sont inscrites.

Au Canada, ces extravagances ne sont pas au menu. Mais un programme sur l'internet est en préparation, qui montrera un terrain d'artillerie avec «des amis et des ennemis», explique le lieutenant de vaisseau Frédéric Mailloux, du groupe de recrutement de l'armée à la base de Borden, en Ontario. «L'utilisateur pourra cliquer sur un groupe d'infanterie ou d'artillerie et voir la description de l'emploi.» Mais pas question d'avoir un jeu de combat, selon le lieutenant Mailloux, qui précise que le programme pourrait voir le jour d'ici à l'automne.

Il faut dire que, contrairement aux États-Unis, le Canada n'a pas de difficulté à atteindre ses cibles de recrutement. À cause des guerres en Afghanistan et en Irak, et de la bonne santé de l'économie, l'armée américaine a atteint seulement 90% de ses objectifs dans les cinq dernières années. Grâce à la crise économique, l'année 2008 a été tout juste positive, avec 80 517 recrues pour une cible de 80 000. En 2007, on avait même offert un bonus de signature de 2000$ à toutes les recrues.