Un bébé pleure. «Je vais la garder sur moi. Elle fait une bronchite. Bon, essayons de faire l'entrevue et si ça marche pas...»

Un bébé pleure. «Je vais la garder sur moi. Elle fait une bronchite. Bon, essayons de faire l'entrevue et si ça marche pas...»

Pas de doute, on a bel et bien la Mère indigne au bout du fil.

Cette femme dans la mi-trentaine raconte depuis quelques mois sur son blogue «sa vie sale parsemée de couches bien remplies - à moins que ce ne soit l'inverse?».

La blogueuse et deux de ses acolytes de la blogosphère québécoise viennent d'être choisis par la maison d'édition Septentrion pour publier leurs écrits. Ils quitteront le virtuel ce printemps pour prendre vie dans les librairies.

Les blogues de la Mère indigne, du Taxi la nuit et de Lucie le chien seront publiés dans une section de la collection Hamac nommée Hamac-Carnets.

«Ces trois blogues étaient ceux qui nous paraissaient les plus lus, dit Gilles Herman, directeur de la maison d'édition. C'est sûr qu'on est allé chercher une audience. Mais c'était les plus lus parce que les plus intéressants.»

Le directeur de Septentrion ajoute que c'est l'intérêt des textes qui a guidé le choix de la maison d'édition.

«Lucie le chien c'est drôle, c'est la vie du point de vue d'un chien. Mère indigne, c'est délicieux comme carnet parce qu'elle raconte des choses qu'on ne lit nulle part, mais que tout le monde vit. Avec un Taxi la nuit, on côtoie toute la faune nocturne de Montréal, c'est assez savoureux. Et les histoires de taxi ont toujours fasciné», dit Gilles Herman.

Du blogue au livre

Mère indigne, qui garde le dévoilement de son vrai nom pour la couverture de son livre, affirme qu'elle ne s'attendait pas à ce que son blogue connaisse un tel succès, et encore moins d'être publiée.

«Il y a une bonne dizaine d'années, j'avais publié de petites choses à gauche et à droite. Mais j'avais mis ça de côté parce que j'avais recommencé les études. J'ai parti le blogue pendant mon congé de maternité parce que j'aime vraiment écrire. Mais le livre, c'est vraiment un bonus.»

Chaque blogueur aura son mot à dire pour déterminer quelle forme prendront ses écrits sur papier.

«On ne peut pas garder la présentation telle qu'elle est dans les blogues, dit Gilles Herman. Mère indigne a décidé de regrouper ses textes par thème. Les deux autres blogueurs gardent leur ordre chronologique. Dans deux blogues sur trois, on va garder quelques commentaires des internautes.»

Les internautes qui lisent assidûment ces trois carnets retrouveront dans les livres quelques textes inédits.

«Je travaille là-dessus, mais il faut juste que je me force pour ne pas les publier à l'avance, dit Mère indigne en riant. J'aime bien avoir la réaction des gens. Mais il devrait y avoir une dizaine d'inédits.»

Parce que les livres seront d'abord nés sur le Web, Septentrion cherche un moyen d'arrimer les deux médias.

«On cherche comment développer une synergie entre le livre et l'Internet. On va y aller tranquillement. On ne sait pas trop dans quel bateau on s'embarque mais on est content d'y embarquer en tout cas…»

Quant à Mère indigne, qui termine un doctorat et projette d'enseigner à l'université, elle dit ne pas fermer la porte à une éventuelle carrière d'écrivaine.

«Je suis vraiment ouverte. S'il y a des trucs qui s'ouvrent pour la littérature, j'adore faire ça aussi. Tous les espoirs sont possibles», dit-elle.