Les géants américains de l'Internet vont passer des moments difficiles au Congrès cette semaine en raison de leur collaboration avec la Chine pour censurer le cyberespace dans ce pays.

Les géants américains de l'Internet vont passer des moments difficiles au Congrès cette semaine en raison de leur collaboration avec la Chine pour censurer le cyberespace dans ce pays.

Microsoft, Google, Yahoo et Cisco systems ont accepté d'envoyer de hauts responsables témoigner mercredi devant une sous-commission de la Chambre des Représentants chargée des droits de l'homme après l'émotion soulevée aux États-Unis par leur complaisance à l'égard des exigences de Pékin.

En acceptant de faciliter la tache des censeurs chinois pour mieux pénétrer le pays le plus peuplé du monde, ils sont devenus «un porte-voix pour la propagande communiste et un outil pour contrôler l'opinion publique», a estimé le républicain Chris Smith qui co-présidera cette audition.

Ce parlementaire, qui dirige la sous-commission pour les droits de l'homme dans le monde et les opérations internationales, prépare un projet de loi qui pourrait sérieusement entraver l'expansion en Chine des grands portails Internet.

«Je pense qu'il y a beaucoup de parlementaires qui soutiendront ce projet de loi», a déclaré son porte-parole, Brad Dayspring.

Certains membres du Congrès accusent les grands groupes Internet d'aider Pékin à ériger «la grande muraille pare-feu de la Chine» en référence aux «firewalls», ces serveurs informatiques spéciaux protégeant contre les pirates du web.

«C'est comme si l'on disait aux Chinois puisque vous construisez un mur pour oppresser le peuple, voulez vous acheter nos briques», a résumé le sénateur républicain Lindsay Graham, qui a soumis à la chambre haute la semaine dernière un projet de loi pour limiter les relations commerciales avec Pékin.

C'est la première fois que des représentants des grands portails de l'informatique témoigneront au Congrès sur le musellement de l'Internet en Chine. Il y a deux semaines, il avaient rejeté l'invitation d'un groupe ad-hoc parlementaire dépourvu il est vrai, du pouvoir de les forcer à témoigner.

Des responsables du département d'État passeront également mercredi devant la sous-commission qui a fixé comme ordre du jour: «l'Internet en Chine: outil pour la liberté ou pour sa supression?».

Tant Google que Microsoft ont reconnu récemment avoir coopéré avec Pékin pour censurer des sites web. De son coté, Yahoo! a été accusé il y a quelques jours d'avoir aidé les autorités chinoises à traquer et à emprisonner un journaliste dissident s'exprimant sur Internet, tandis que des équipements du groupe Cisco seraient utilisés par Pékin pour censurer la «toile» et faire la chasse aux cyber-dissidents.

Ces groupes défendent leurs décisions en affirmant que les réformes en Chine ne pourront que s'accélérer s'ils y sont actifs.

Google a expliqué qu'il avait dû concilier l'application des lois chinoises avec sa mission première: la dissemination de l'information.

«Si retirer des résultats de recherche (Internet) n'est pas conforme à la mission de Google, ne fournir aucune information est encore moins conforme à notre mission», a expliqué l'un des responsables de Google, Andrew McLaughlin.

Les auditions de mercredi pourraient accélérer le passage d'une loi obligeant les grands portails à placer leurs serveurs en dehors de pays répressifs et à interdire l'exportation de technologies Internet vers de tels pays.

Sentant le vent tourner, le chef des services juridiques de Yahoo! Michael Callahan, a suggéré lundi que les principaux acteurs de l'Internet, les médias et les autorités américaines fassent front commun pour résister aux exigences chinoises.