Le Japonais inventeur d'une révolutionnaire technique de mémorisation sur disques durs, Shunichi Iwasaki, et le chimiste américain Peter Vitousek, spécialiste de l'azote, ont été désignés vendredi lauréats du Japan Prize 2010, prestigieuse distinction scientifique japonaise.

Shunichi Iwasaki, 83 ans, a développé un procédé qui permet de mémoriser des données sur un support (bande et disque dur notamment) de façon magnétique perpendiculairement à la surface de ce dernier et non horizontalement comme cela a longtemps été le cas. Cette méthode, pleine de bon sens mais difficile à concrétiser, a permis d'augmenter considérablement la capacité de stockage d'informations à surface égale.

«L'idée lui est venue très tôt, en 1956, et il est le premier au monde à l'avoir matérialisée en laboratoire en 1977», a expliqué le jury du Japan Prize, composé de scientifiques et de plusieurs éminences japonaises.

Les travaux de M. Iwasaki ont de ce fait joué un rôle primordial dans l'évolution de l'informatique et s'avèrent essentiels alors que se développent les services en réseau pour lesquels les centres de stockage de données sont cruciaux, ont souligné les membres du comité de sélection du Japan Prize.

«En tant que chercheur, je ne peux qu'être enchanté que mes découvertes aient non seulement été industrialisées et fassent vivre des entreprises, mais aussi qu'elles jouent un rôle dans la vie de nombreuses personnes», a réagi le professeur Iwasaki lors d'une conférence de presse.

Dans un registre voisin, le jury du Japan Prize avait déjà récompensé en 2007 le chercheur français Albert Fert pour ses travaux sur la magnétorésistance géante (GMR), propriété des électrons aussi utilisée dans les disques dur. Ses inventions lui avaient également valu la même année l'obtention du Prix Nobel de physique.

Par ailleurs, le Japan Prize 2010 a aussi été attribué, dans la deuxième catégorie, à M. Vitousek, 61 ans. Ce dernier est honoré pour «sa contribution à la résolution des problèmes environnementaux», à travers son analyse détaillée de l'impact de l'azote (ou nitrogène) sur les changements induits dans la nature par l'activité humaine.

«Il a mis en lumière le fait que l'énorme quantité d'azote rejetée dans la nature affecte grandement les cycles naturels», a précisé le jury.

«L'aptitude de l'espèce humaine à produire et employer des éléments tels que l'azote ou le phosphore a certes permis d'améliorer l'agriculture, mais dans le même temps, cela a amplifié les dommages directs et collatéraux sur le fonctionnement de notre planète», a rappelé vendredi M. Vitousek.

Le comité du Japan Prize opère chaque année une sévère sélection dans deux grands domaines scientifiques prédéfinis, prenant en considération non seulement l'importance d'une découverte en termes de connaissances, mais aussi son apport pour la société, déjà vérifié ou pressenti.

L'année dernière, l'un des récipiendaires avait été le théoricien américain des «limites de la croissance», Dennis L. Meadows, distingué pour ses études sur le conflit entre les ressources disponibles sur Terre et l'augmentation de la population, travaux dont les premiers résultats avaient été publiés en 1972.

Les «Japan Prize» sont décernés chaque année à Tokyo lors d'une grandiose cérémonie en présence de l'Empereur et de l'Impératrice du Japon. Ils sont dotés chacun de 50 millions de yens (près de 375 000 euros). La remise de ces distinctions aura lieu au mois d'avril.