Dopé par le nouveau statut de l'auto-entrepreneur et le boom du commerce en ligne, le phénomène des «mompreneurs», des femmes qui se lancent dans la création d'entreprises enceintes ou juste après la naissance de leur enfant, se développe en France.

Dopé par le nouveau statut de l'auto-entrepreneur et le boom du commerce en ligne, le phénomène des «mompreneurs», des femmes qui se lancent dans la création d'entreprises enceintes ou juste après la naissance de leur enfant, se développe en France.Très récent dans l'Hexagone, il est en revanche bien implanté aux États-Unis où l'on compte déjà 7 millions de «mompreneurs» (contraction de «mom» pour maman et du mot entrepreneur), des blogues et un magazine spécialisé..

«La grossesse et la maternité permettent à la future maman de prendre du recul sur sa vie et de maturer un projet», souligne Anne-Laure Vincent, directrice générale d'Aufémninin.com, cofondatrice du site culinaire Marmiton.org et vice-présidente de l'association MOMpreneurs.fr.

En France, où 30% seulement des chefs d'entreprises sont des femmes, selon la banque d'aide publique aux PME Oséo, le phénomène reste difficile à chiffrer, faute de données officielles. Mais les «mompreneurs» sont de plus en plus nombreuses et s'organisent en associations.

«Des jeunes femmes rentrent en contact avec nous tous les jours», explique Céliné Fénié, présidente du réseau des Mompreneurs, qui revendique 4 à 500 adhérents. «Il y a un réel besoin pour elles de sortir de leur isolement».

Particularité de ces créatrices: elles commercialisent souvent un produit ou un service inventés pour améliorer le bien-être des mères ou de leurs nouveaux-nés, à l'image des sites Internet Envie de fraises ou Maman Shopping.

Parce que les entrepreneurs masculins se sont très peu intéressés aux besoins féminins, le marché est énorme, estiment-elles.

«J'ai eu l'idée de cuisiner puis de commercialiser des plats surgelés pour bébés après la naissance de ma fille Maya. Je ne voulais pas lui donner de petits pots industriels», raconte Jenny Carenco, qui a lancé l'enseigne Les Menus Bébé en 2006. «Je n'avais plus envie de travailler pour gagner ma vie, mais envie de créer quelque chose avec du sens».

Souvent cadres, beaucoup de ces «mompreneurs» se lancent dans l'entrepreunariat au moment où elles doivent reprendre leur ancien travail, après leur congé maternité.

«Accorder mon agenda de maman et mon agenda de "business woman" s'avérait compliqué», explique Isabelle Bordry, anciennement directrice des opérations de Yahoo Europe, qui surfe désormais sur la «mom tendance» à travers deux espaces communautaires à destination des femmes, Badiliz et Siandso.

Leur aventure est aussi favorisée par le nouveau statut d'auto-entrepreneur, qui permet de se lancer sans prendre de risques.

Internet offre également la possibilité de travailler à domicile et de se fabriquer des horaires sur mesure, compatibles avec la vie de famille.

Beaucoup de «mompreneurs» travaillent ainsi à des horaires décalés et se remettent au travail le soir, une fois les enfants couchés.

«On culpabilise moins car on s'investit à 1000% pour nos enfants», note Agathe Zilber, présidente de CFnews, un site d'informations financières en ligne.

«La mompreneur apporte souvent une vraie modernité en réinventant le concept classique de l'entreprise», assure Anne-Laure Vincent. Ainsi, «les réunions sont parfois organisées à la maison au lieu du bureau». Avec quelques imprévus.

«J'ai dû allaiter devant des investisseurs!», raconte Pauline d'Orgeval, fondatrice il y a dix ans le service de mariage 1001 Listes.