«Cathou22, de Gatineau. Recherche homme 18-35, sensible et compréhensif. Pas de réponse si pas de photos. Envoyez-moi un message.» Voilà peut-être la nouvelle formule pour aborder quelqu'un en vue d'établir une relation amoureuse.

«Cathou22, de Gatineau. Recherche homme 18-35, sensible et compréhensif. Pas de réponse si pas de photos. Envoyez-moi un message.» Voilà peut-être la nouvelle formule pour aborder quelqu'un en vue d'établir une relation amoureuse.

En basant une recherche sur des critères plus ou moins spécifiques, les sites Internet de rencontres fournissent désormais vos partenaires idéaux sur écran. Ne suffit que de clavarder et d'espérer pour le mieux.

Autrefois marginalisées, voire ostracisées, les célibataires reléguaient les rencontres sur Internet aux oubliettes. En catimini, la pratique s'est pourtant répandue. Aujourd'hui, le nombre de membres gonfle jusque dans les six chiffres, clament certains sites. Un peu plus humble, Matchez-moi.com en compte un peu moins. Quelque 60 000, selon son fondateur et propriétaire, Pascal Carmoni.

Et à chaque heure, le nombre de personnes à la recherche de l'âme soeur augmente. Plus d'une centaine par jour, précise M. Carmoni. La tranche des 30 à 50 ans prend le plus de place parmi tous les utilisateurs.

Cinq ans plutôt, Matchez-moi.com n'était qu'un forum de discussion. «Les gens y prenaient goût», se rappelle son fondateur pour illustrer l'explosion de la demande.

Les internautes fréquentant des adresses comme la sienne partent avec beaucoup de critères en tête pour trouver un compagnon de vie. Mais le propriétaire de Matchez-moi.com voit plutôt son site comme un bon endroit pour faire les premiers pas.

Après tout, le Québec avait à son bord deux millions de célibataires en 2004, avance Pascal Carmoni. Certains d'entre eux se sentent plus à l'aise derrière un ordinateur au début.

M. Carmoni n'est pas seul à faire ce constat. Selon un sondage effectué par Léger et Marketing en 2004, 55 % des Canadiens estiment que les personnes allant sur des sites de dialogue et de rencontre sur Internet préfèrent taire leurs fréquentations informatiques.

Le psychologue Alain Rioux estime que le moyen de rencontre par Internet est dévalorisé. Les préjugés subsistent. L'image que seule la lie de la société utilise cette alternative génère encore honte et gêne dans la famille.

Selon celui qui s'est intéressé au phénomène des rencontres par Internet, il faut blâmer les médias pour ce portrait négatif. «Les dangers sont hautement médiatisés, qu'effectivement, il faut être rendu bas pour utiliser Internet, d'après l'analyse de M. Rioux. Pourtant, les bars sont tout aussi dangereux quand on décide de partir avec quelqu'un à trois heures du matin après avoir jasé une demi-heure.»

Le processus commence à s'inverser, constate le psychologue, également collaborateur à la revue Corps & Âme, une publication s'adressant aux couples. D'après lui, de plus en plus de gens utilisent ces services de rencontre par Internet et l'utilisation entre lentement dans les moeurs. Cette normalisation provient notamment de l'amélioration rapide des supports multimédia. Webcam, photos, clavardage, ces moyens n'existaient pas il y a très peu de temps.

Avec un ouvrage sur l'alliance sexe-toile à son actif, il a rencontré de nombreux couples formés dans l'univers virtuel. Et aucuns ne figuraient dans la catégorie des «désespérés».

Plusieurs mythes

Les services de rencontre informatiques sentent forts la testostérone. Beaucoup plus d'hommes utilisent les services de rencontre par Internet. Matchez-moi. com recense sept hommes pour une femme. Vraisemblablement, ils ne sont pas à la recherche de la même chose que les femmes. Si certaines de ces dernières souhaitent la rencontre magique, beaucoup d'hommes, eux, recherchent une relation sexuelle.

Tombe aussi un autre mythe informatique. Trop de gens pensent encore qu'une relation débutée sur Internet a plus de chances de s'effondrer, ce qui n'est pas le cas, estime M. Rioux.

Un petit côté artificiel

Faire des rencontres sur Internet ressemble à faire son supermarché, image Alain Rioux. Une multiplication des possibilités amène la vision d'un compagnon ou compagne jetable. «C'est comme magasiner des chaussures. Les gens n'approfondissent pas leurs contacts, et passent d'un à l'autre.»

À son avis, aucun utilisateur n'est encouragé à persévérer dans une rencontre insatisfaisante. Si ce n'est pas magique comme Cendrillon, au suivant.

Et tombent dans le panneau : ceux dont les sites se servent pour promouvoir leurs services. Pour Alain Rioux, cette exploitation du désir d'être en couple crée un malaise. Nombre d'utilisateurs ne perçoivent pas cette influence, et continuent à butiner.

Après tout, il s'agit de faire de l'argent. Trop de couples heureux ne rapportent pas, rappelle le psychologue. Pour lui, les sites jouent cette carte des relations multiples.

Plus de sites favorisent aussi une plus grande commercialisation des rencontres. Facile d'appuyer sur la touche «supprimer» pour aller voir ailleurs, estime le psychologue.

Mais la possibilité de naviguer et rencontrer intelligemment demeure. D'abord, la relation parfaite n'existe pas, rappelle une fois de plus le psychologue.

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Chiffres sur les agences de rencontre

Par Geneviève Turcot

Selon une étude réalisée par Léger & Marketing en 2004 sur les Canadiens et leurs perceptions face aux rencontres sur Internet, les phénomènes de marginalisation dont parle le psychologue Alain Rioux se reflètent chez beaucoup de personnes.

Plus de 50 % des 1500 répondants estiment que les personnes allant sur des sites de dialogue et de rencontre sur Internet n'osent pas le dire. Le scepticisme est tout aussi présent, avec seulement 46 % des personnes interrogées qui croient en la sincérité des utilisateurs de ces sites.

Ils sont quelque 65 % à juger qu'Internet facilite les démarches de rencontre. Ailleurs, un Canadien sur deux estime qu'il est plus facile de rencontrer de nouvelles personnes aujourd'hui, les nouvelles technologies étant en grande partie responsables de cette situation. Les usagers des sites s'attirent l'étiquette de personnes modernes dans une proportion de 24 %, ouvertes dans 22 % des cas, bizarres à 10 % et peureuses pour 4 % des répondants.

Cela n'empêche pas les femmes à répudier Internet comme méthode de rencontre en très grande proportion. Pour celles questionnées lors de l'étude, 75 % d'entre elles excluent les sites de rencontre.

Classement de sites d'agences de rencontre

Après des années d'utilisation, Jérôme Liandier et Marc-Olivier Chrétien voulaient combler un manque en offrant une analyse des sites, maintenant disponibles en quantité industrielle. D'autant que le second avait connu son épouse par ce biais. Le résultat : www.guidesitesrencontres.com, le recensement et l'évaluation de plusieurs sites destinés aux célibataires cherchant l'âme soeur sur Internet.

Déjà, une trentaine de sites ont été testés par le duo et d'autres s'y ajoutent au rythme d'un à deux nouveaux par semaine.

L'évaluation totalement subjective, souligne Marc-Olivier Chrétien, se fait selon certains critères. Facilité de navigation, accès aux webcams, salles de «chat», et nombre de membres. «Si tu vas sur un site où il y a seulement 1000 personnes, comparativement à celui où il y en a 100 000, tu as plus de chances dans le second», explique M. Chrétien. L'accès gratuit à certaines sections du site fait aussi pencher la balance vers certains sites. Avec une facture pouvant varier généralement entre 20 et 25 $ par mois, le rapport qualité/prix est également pris en considération.

Pour eux, les trois meilleurs sites pour trouver quelqu'un :

- www.reseaucontact.com, qui clame avoir 950 000 inscriptions

- www.netclub.com, comptant quelque 3 350 000 membres dans toute la francophonie ;

- www.lavalife.com, un site canadien.

- En queue du peloton : www.citerencontre.com

Figurent également sur leur recensement d'autres sites plus saugrenus : ceux à l'attention des célibataires avec des caractéristiques toutes particulières. Intérêt pour le bateau, les tatouages, ou encore la culture country. L'avenir des sites de rencontre passera peut-être par cette catégorisation de la clientèle, estime M. Chrétien. Une preuve : des Canadiens s'inscrivent aux États-Unis. Fleurissent là-bas ce genre de sites de rencontre américains plus spécialisés. Selon lui, il s'agit-là d'un marché énorme et les sites commencent à le réaliser.