(Paris) Kobe Bryant pour la simulation de basketball NBA 2K24, Pelé ou Johan Cruyff parmi les « icônes » du nouveau EA Sports FC… Les éditeurs de jeux vidéo de sport s’appuient sur d’anciennes gloires pour viser un public « intergénérationnel ».

Ces deux titres très populaires ont misé cette année sur des jaquettes aux allures de retour vers le futur : d’un côté, le légendaire joueur des Lakers (1996-2016) disparu tragiquement dans un accident d’hélicoptère en 2020.

De l’autre, un photomontage avec des grands noms du soccer comme Pelé, Zinédine Zidane ou Ronaldinho posant aux côtés des nouvelles vedettes Erling Haaland ou Alexia Putellas, double Ballon d’or féminin.

Leurs éditeurs américains respectifs, Take-Two et Electronic Arts, utilisent depuis longtemps ces noms célèbres pour promouvoir leurs jeux, leur consacrant même parfois un mode de jeu dédié. L’an passé, c’est par exemple Michael Jordan qui était à l’honneur dans NBA 2K23.

Aux États-Unis, la principale série de jeux vidéo sur le football, sport qui y est le plus populaire, emprunte même le nom d’un ancien entraîneur – décédé en 2021 –, John Madden.  

Blessé tout juste après avoir rejoint un club professionnel comme joueur, sans jamais disputer de match de championnat NFL, il a connu une carrière à succès au bord du terrain, avant de prendre sa retraite à la fin des années 1970 et de devenir commentateur sportif.

Pourquoi un tel positionnement ? Ces « puissants ressorts d’ordre marketing » servent à « fédérer les bases de fans » de ces jeux, en jouant sur le « côté intergénérationnel avec un peu de nostalgie », explique à l’AFP Julien Pillot, économiste spécialiste des industries culturelles.

Rester connecté

Si l’utilisation de l’image de ces sportifs peut coûter cher, cela est « plus que compensé » par les ventes qu’elle génère. Sans compter les microtransactions liées à l’achat de « cartes » dans le jeu, afin de débloquer du contenu supplémentaire, poursuit l’expert.

« Mon fils de sept ans ne connaît vraiment Pelé que parce qu’il est génial sur EA Sports FC. […] Nous avons permis aux fans d’expérimenter ce que cela pouvait être de jouer avec ces athlètes », souligne auprès de l’AFP David Jackson, vice-président de la marque EA Sports FC.

Au-delà de l’aspect financier, apparaître dans ces simulations devient un moyen pour les anciens sportifs de rester connecté aux plus près des jeunes audiences.

À la question de savoir si FIFA, ancien nom d’EA Sports FC, lui a permis de mieux se faire connaître auprès des nouvelles générations, Zinédine Zidane acquiesce.

« Oui, tout à fait. C’est comme ça qu’ils m’ont connu, parce que c’est vrai que les gamins de 8-10 ans – à part si leurs papas leur ont dit : “Moi, je l’avais suivi (à l’époque)” – ne me connaissent pas. C’est (davantage) à travers la PlayStation et donc c’est assez drôle. Maintenant, je m’y suis habitué », avait souligné en juin l’ancien joueur et entraîneur du Real Madrid auprès de l’AFP.

« Avec une certaine génération, les gens me connaissent par rapport à ce que j’ai fait sur le terrain. Ce qui est intéressant, aujourd’hui, c’est qu’il y a une reconnaissance à travers (le jeu vidéo) », a renchéri Robert Pirès, lui aussi champion du monde en 1998, jeudi dernier lors de la soirée de lancement de FC 24 à Paris.

« C’est marrant parce qu’il y a trois semaines, j’ai interpellé un jeune de 12 ans, en lui demandant : “Mais comment tu me connais toi ?”. Il m’a dit : “J’ai joué avec toi sur FIFA”. Je lui demande : “Est-ce que je suis bon ?”, “Oui t’es bon mais t’es lent !” », a encore raconté l’ancien joueur d’Arsenal.