Le remake de Dead Space concocté par le studio montréalais Motive bénéficie des améliorations techniques disponibles en 2023, mais n’oublie pas ses origines de 2008. Au menu : plaisir sans remords de déchiqueter ses ennemis, angoisse, énigmes et un scénario qui va droit au but. Comme dans le temps.

Il est frappant, après une douzaine d’heures dans ce jeu, de réaliser qu’on ne fait presque plus en 2023 de jeux comme Dead Space. Des armes délirantes dont est doté le héros aux décors 100 % science-fiction en passant par les monstres improbables et les défis tordus, on comprend que le but premier ici est le plaisir du joueur. Pas de sophistication inutile, pas d’histoire trop complexe ou de monde ouvert, on a des missions qui se succèdent et de bonnes frousses régulières.

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Entre Boba Fett et Dredd

L’aventure commence avec l’abordage par un équipage de sauvetage d’un gigantesque vaisseau minier, l’USG Ishimura, qui ne donne plus signe de vie.

Le personnage principal est Isaac Clarke qui revêt dès la sortie du vaisseau cette combinaison étrange, mélange de Boba Fett et de juge Dredd. Il n’a aucune arme au départ, une situation qui va évidemment changer quand les premiers membres de l’équipage de sauvetage sont attaqués par d’horribles monstres. L’histoire est divisée en 12 chapitres, chacun comportant des missions bien précises comme redémarrer les moteurs, retrouver la femme d’Isaac, Nicole, maîtriser de nouveaux talents comme la kinésie ou la stase, tout cela en découvrant peu à peu la nature du drame qui a frappé l’Ishimura.

On ne lancera pas un grand divulgâcheur en révélant ici que les monstres principaux, appelés Necromorphes, aux formes de mante religieuse avec une tête humaine, sont des humains qui se sont transformés.

À l’arme principale, le mythique Cutter Plasma qui envoie des pulsations s’ajoute rapidement une flopée de gadgets comme un lance-flammes, une scie ronde ravageuse, une mitrailleuse ou un laser continu. Isaac acquiert au fur et à mesure des pouvoirs spéciaux qui lui permettent de ralentir ennemis et portes (la « stase »), de transporter comme un Jedi les objets à distance avec la « kinésie » ou de voler avec ses bottes équipées dans les zones de gravité zéro.

Merci ligne bleue

Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas, malgré les apparences, d’un jeu classique de tir à la troisième personne. On peut passer de longues minutes sans aucun combat. Il s’agit plus souvent ici de résoudre des énigmes, par exemple pour brancher une centrifugeuse ou restaurer le courant électrique, d’explorer les recoins du vaisseau en quête d’indices et de récompenses et de retracer l’histoire de l’équipage décimé.

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Une vue du hangar dans la version 2008 et, en bas, la même scène reprise en 2023.

Et on a droit à un guide d’une valeur inestimable, pour lequel nous avons intérieurement remercié les développeurs des dizaines de fois : le chemin pour accomplir la mission en cours est clairement tracé au sol, une ligne bleue qui assure le joueur de ne jamais se perdre. Il est bien entendu conseillé de lâcher parfois la ligne pour trouver des trésors cachés, mais on retrouve facilement sa route par la suite.

Quant aux combats, on est au départ irrité par la lenteur de notre Isaac, qui prend un temps fou à recharger ses armes, qui est toujours en manque de munitions et de santé et ne court qu’à grand-peine. On peut détester, mais ces difficultés font partie de l’esprit de Dead Space, nous confirme-t-on chez Motive.

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Jeu chronophage

Dans la même veine, oubliez les ennemis qui tombent après un simple tir à la tête ou une rafale d’une arme ultrapuissante. Ces sales bêtes sont tenaces, souvent invisibles avant d’attaquer et elles ont même la manie de continuer quand tous leurs membres ont été déchiquetés.

Le résultat est un jeu où on ne voit pas le temps passer, où on attend avec frénésie la prochaine mission et la prochaine attaque. L’histoire, sans être transcendante, est bien ficelée et nous tient en haleine. Le graphisme est somptueux, inquiétant à souhait et bourré de gadgets qui feront plaisir aux amateurs de science-fiction. Par contre, on est loin ici des décors très variés des AAA habituels : tout se passe dans le vaisseau, avec ses couloirs, ses pièces fermées et parfois de grandes salles ouvertes. La répétition des missions-attaques-énigmes est parfois lassante. À consommer avec modération, donc, comme tout plaisir. Et Dead Space en est indéniablement un.

Dead Space

  • Développeur : Motive Studios
  • Éditeur : EA
  • Sortie : 27 janvier 2023
  • Prix : 89,99 $

Note : 8,5 sur 10

Essayé sur une PS5 avec une copie fournie par EA.

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