Malgré un excellent accueil critique en 2008, le jeu d’horreur-survie Dead Space n’a jamais séduit un large public. C’est cette injustice que deux amoureux de la franchise, Philippe Ducharme et Roman Campos-Oriola, veulent corriger.

Ça tombe bien, les deux hommes ont été embauchés en 2020 pour ce mandat par le studio montréalais Motive, appartenant à EA. Ils sont respectivement producteur sénior et directeur créatif de Dead Space version 2023, attendu avec frénésie par les initiés et qui sortira ce vendredi.

« Dead Space a aidé à révolutionner le genre horreur-survie, estime Philippe Ducharme. Mais il n’a pas eu le succès qu’il aurait dû avoir, il n’a jamais percé le marché. C’est une des raisons pour lesquelles EA l’avait mis de côté à l’époque. »

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Philippe Ducharme, producteur du remake de Dead Space.

Fouilles archéologiques

Pour Roman Campos-Oriola, les temps ont bien changé depuis 2008, alors que les films d’horreur étaient appréciés d’une minorité de mordus qui devaient se déplacer au cinéma ou louer leurs œuvres préférées.

« Aujourd’hui, la plupart des films d’horreur ont des sorties nationales, les grands diffuseurs en continu ont leurs séries-phares, il y a un aspect plus populaire que de cinéma de genre. C’est un moment très intéressant pour ramener Dead Space : aujourd’hui, il a la capacité de toucher des gens. »

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Roman Campos-Oriola, directeur créatif

C’est pratiquement un travail d’archéologue que l’équipe de Motive a dû abattre pour redonner vie au jeu de 2008. EA, qui avait édité le premier jeu développé par Visceral Games, a ouvert ses archives, donné accès aux disques durs contenant la programmation, le graphisme et l’audio. Pratiquement tout, à l’exception de la musique utilisée à l’époque, a dû être refait et intégré avec un nouveau moteur de jeu, Frostbite. Et si on a respecté le scénario original, des ajouts donnant une plus grande profondeur ont été insérés.

Pour s’imprégner de la philosophie originale, l’équipe a multiplié les sessions de jeu pour le disséquer. « L’objectif ultime, c’est de faire un jeu qui rend hommage à l’original, qui représente de façon juste non pas ce que l’original était, mais le souvenir qu’un joueur en a conservé », explique le directeur créatif.

« Gore » et énigmes

Les médias qui ont joué à Dead Space version 2023, dont La Presse, sont tenus de respecter un embargo jusqu’à jeudi matin. Impossible donc de divulguer trop de détails ou de donner une appréciation, sinon qu’il s’agit ici d’une aventure se déroulant au 26siècle dans un énorme vaisseau, le USG Ishimura, « infesté d’humains réanimés et grotesquement déformés qui ont pour seul objectif de vous pourchasser », peut-on lire sur le site d’EA.

Il ne s’agit pas d’un jeu classique de tir : les combats sont loin de représenter toute l’aventure, qui comprend de nombreuses quêtes, énigmes, témoignages et axes secondaires. Le côté « gore » de 2008 avec ses généreuses giclées de sang a été préservé.

« Ça reste une thématique pour les plus vieux, mes enfants ne peuvent pas y jouer, précise Philippe Ducharme. Mais ce n’est pas seulement du “gore", il y a une histoire avec un fil narratif et de l’émotion. »

Éloge de la lenteur

L’ambiance anxiogène, claustrophobique du jeu original est également un des ingrédients qu’on a gardés. Le personnage principal, Isaac Clarke, est désespérément lent, et c’est voulu. « Un des éléments est de réussir à donner l’impression que tu es vulnérable, et tu as pourtant une grosse armure, explique le directeur créatif. Si c’est trop facile de t’enfuir, ça ne marche pas. »

Rien à voir ici avec un jeu d’action où on peut virevolter et multiplier les coups. Les munitions sont rares, les ennemis vicieux et visqueux. « C’est rare qu’un jeu te demande d’y aller lentement, de marcher, note Philippe Ducharme. La tension, le fait que tu ne sais pas ce qui t’attend, c’est intentionnel : le rythme (“pacing”) est une des grandes forces de l’original, pour aller chercher cette courbe de tension, s’assurer de garder le joueur dans la frénésie du moment. »

Dead Space, estime Roman Campos-Oriola, est « un mélange assez unique » de science-fiction, d’horreur cosmique, de monstres et de psychologie. « Ça fait partie de l’attrait de Dead Space. »

Consultez Le site officiel de Dead Space