(Toronto) Le grand plan du fondateur de Meta, Mark Zuckerberg, pour créer un univers numérique immersif sera soutenu par une multitude d’embauches canadiennes et un nouveau centre d’ingénierie à Toronto.

La société mère du réseau social Facebook a annoncé mardi qu’elle ajouterait, au cours des cinq prochaines années, plus de 2500 employés à son contingent canadien, dont un bon nombre dans son nouveau centre d’ingénierie et d’autres en télétravail.

L’opération d’embauche vise à faire avancer les plans de Meta visant à créer un métavers, soit un monde émergent et interactif utilisant la réalité virtuelle et augmentée pour aider les gens à se connecter, à se divertir et à faire des affaires.

L’entreprise a choisi le Canada en raison de son « vaste bassin de talents » et de son « écosystème technologique dynamique », a expliqué la responsable des politiques publiques chez Meta, Rachel Curran.

« L’Ontario, Toronto en particulier, est en train de devenir un véritable centre de l’économie de l’innovation et de l’économie de la technologie […], alors nous embarquons à bord », a-t-elle affirmé.

Les nouvelles recrues rejoindront les premières équipes d’ingénierie canadiennes de Meta travaillant sur WhatsApp, Messenger et Remote Presence, qui créent des produits de communication synchrones permettant aux utilisateurs d’accomplir des tâches comme regarder des vidéos ensemble.

D’autres recrues intégreront les départements de recherche sur l’intelligence artificielle de l’entreprise et Reality Labs, qui ont travaillé sur les appareils Oculus et Portal.

Plusieurs de ces travailleurs seront à l’œuvre dans un nouvel espace du centre-ville de Toronto. Ces nouveaux bureaux sont plus grands que l’espace qu’occupe actuellement de Meta dans le MaRS Discovery District, a précisé Mme Curran. Elle a refusé de partager plus de détails sur le futur bureau.

Mme Curran a cependant noté que de nombreuses nouvelles recrues travailleraient à distance, ce qui permettra à l’entreprise d’attirer encore plus de talents.

« Dans le passé, les Canadiens ont souvent dû déménager aux États-Unis pour travailler pour de grandes entreprises de technologie, alors maintenant nous disons “non, vous pouvez rester au Canada” », a souligné Mme Curran.

« Vous pouvez rester dans votre communauté, vous pouvez rester près de votre famille et continuer à occuper l’un de ces emplois du futur, hautement rémunérés et hautement spécialisés, ce qui est une évolution vraiment intéressante. »

Menace pour les plus petites entreprises ?

Mais cette évolution inquiète les sociétés en démarrage et les entreprises locales.

Pendant la pandémie de COVID-19, elles ont regardé les géants étrangers Microsoft, DoorDash, Amazon, Google, Wayfair, Twitter, Pinterest, Reddit et Netflix dévoiler des plans d’embauche canadiens. Plusieurs avaient l’intention de placer des travailleurs dans des postes techniques ou d’ingénierie, et certains ont même annoncé qu’ils renforceraient l’embauche avec de nouveaux bureaux.

De nombreuses petites entreprises locales craignaient de ne pas pouvoir égaler les salaires plus élevés et les plus grands noms que ces entreprises proposent. Pour attirer du personnel, ils se sont tournés vers des avantages qui frappent l’imaginaire, comme des vacances illimitées, des vendredis de congé et des allocations de bien-être.

« Quand ils sont littéralement dans votre propre pays, dans votre cour arrière, cela augmente encore plus la pression », a estimé la directrice principale des stratégies de main-d’œuvre pour la Chambre de commerce du Canada, Leah Nord.

Le moment ne pourrait pas être pire, a-t-elle ajouté, car de nombreuses entreprises sont aux prises avec des problèmes de chaîne d’approvisionnement et se remettent des fermetures et des niveaux d’endettement élevés attribuables à la pandémie. Plusieurs ne trouvent même pas de travailleurs pour pourvoir les postes vacants et les niveaux d’immigration mettent encore du temps à rebondir.

« Nous avons des pénuries de main-d’œuvre, dans ce pays, qui sont sans précédent et très franchement, vraiment insondables », a insisté Mme Nord.

Le centre d’innovation Communitech, de Waterloo, en Ontario, a indiqué que le nombre d’offres d’emploi dans le domaine de la technologie au Canada avait doublé en février par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. Il a attribué une grande partie de l’augmentation aux entreprises technologiques qui ont prospéré pendant la pandémie.

« En réalité, le marché des talents est serré », a expliqué Kyra Jones, responsable des talents chez Communitech.

« Il ne fait aucun doute que cela exerce une pression sur les organisations nationales au Canada lorsqu’elles évoluent et tentent de livrer une concurrence sur ce marché des talents, mais je pense qu’il existe d’autres moyens d’être concurrentiel. »

Par exemple, l’acceptation du travail à distance dans le secteur de la technologie fait en sorte que les frontières n’empêchent plus l’embauche mondiale comme elles le faisaient auparavant. Ainsi, les entreprises canadiennes font souvent elles-mêmes leurs propres recherches à des endroits plus éloignés, a-t-elle noté.

Pour sa part, Mme Curran croit que l’expansion de Meta aidera les plus petites entreprises locales.

« Ces investissements agrandissent le gâteau. Ils font de Toronto, ils font de l’Ontario une destination plus attrayante pour les travailleurs, pour les entreprises de différentes tailles », a-t-elle fait valoir.

« Au fur et à mesure que le système se renforcera et se développera, ce sera bon pour tout le monde. »

Elle a également annoncé que Meta offrirait 510 000 $ en subventions sans restriction à 17 laboratoires de recherche canadiens travaillant sur des projets destinés à faire progresser les innovations liées au métavers.

Les récipiendaires des subventions de 30 000 $ comprennent des chercheurs de l’Université de Toronto, de l’Université de la Colombie-Britannique et de l’Université de Waterloo.

Meta n’imposera pas de conditions au financement et n’exigera pas qu’il soit appliqué à des initiatives particulières, a assuré Mme Curran.