(San Francisco) Les quatre salariés de Google licenciés la semaine dernière pour avoir consulté des documents internes confidentiels ont annoncé mardi leur décision de déposer plainte pour « pratiques injustes au travail » contre le géant technologique.

Ils estiment que l’entreprise cherche « à entraver toute tentative d’organisation parmi les salariés ».

Le quatuor contestataire s’était à plusieurs reprises fait remarquer pour leurs critiques de l’entreprise, prise à partie notamment pour son comportement face au harcèlement sexuel et pour sa collaboration avec la surveillance numérique en Chine.

« Nous avons renvoyé quatre individus qui avaient enfreint de façon répétée nos règlements sur la sécurité, notamment en consultant et en disséminant le travail d’autres employés. Personne n’a été renvoyé pour avoir évoqué des sujets de préoccupation ou débattu sur les activités du groupe », a réagi une porte-parole de Google.

Dans une tribune sur la plateforme Medium, Laurence Berland, Paul Duke, Rebecca Rivers et Sophie Waldman expliquent avoir voulu aider leurs collègues à « s’organiser pour travailler ensemble à rendre le lieu de travail meilleur, plus sûr, plus juste et plus éthique ».

« Le code de conduite de l’entreprise déclare sans équivoque : “ Ne faites pas le mal, et si vous voyez quelque chose qui ne vous semble pas bien, dites-le ! ” C’est ce que nous avons fait », argumentent les quatre ingénieurs, qui avaient coorganisé fin 2018 un débrayage, baptisé « Google Walkout For Real Change », pour dénoncer la gestion du harcèlement sexuel au sein de la société.

Leur plainte doit être déposée auprès du National Labor Relations Board. Cette agence gouvernementale a justement demandé à Google en septembre de rappeler à ses employés qu’ils sont libres d’exprimer leurs opinions sur les « questions relatives au travail ».

Après avoir longtemps encouragé les gens à donner leur avis, Google a demandé en août à ses employés de se concentrer sur leur travail plutôt que sur des débats politiques avec leurs collègues.

Les quatre ex-employés détaillent dans leur tribune les actions internes qu’ils ont menées ces dernières années de Pittsburgh à Zurich, mais aussi sur des sujets « qui concernent les utilisateurs de Google et le monde entier ».

Ils évoquent notamment « le travail de Google avec les douanes », « la décision de nommer le dirigeant d’un think tank anti-LGBTQ et anti-immigrant au comité éthique du groupe », « le développement de drones pour le ministère de la Défense américain » ou encore « un projet secret de travail avec le gouvernement chinois pour lancer un moteur de recherche censuré en Chine ».