(Washington) L’administration Trump a annoncé vendredi l’interdiction d’utiliser des fonds fédéraux pour acquérir de nouveaux équipements de Huawei et ZTE et réfléchit aux moyens de remplacer les équipements produits par ces groupes chinois déjà installés aux États-Unis.

« Dans ses efforts continus pour préserver la sécurité et l’intégrité des réseaux de communication du pays, l’agence fédérale de régulation des communications a interdit l’utilisation de son Fonds de service universel (USF), doté de 8,5 milliards de dollars par an, pour l’achat d’équipements et de services auprès de sociétés constituant une menace pour la sécurité nationale », indique la FCC dans un communiqué.

Dans un autre projet de réglementation, la FCC « propose d’exiger des entreprises recevant des fonds de l’USF […] qu’elles retirent et remplacent les équipements et services existants des entreprises » ayant reçu des subventions, ajoute l’agence.

Ces actions injustifiées auront de profonds effets négatifs sur la connectivité des Américains dans les zones rurales et mal desservies des États-Unis, a réagi Huawei dans un communiqué.  

La FCC invite ainsi aux « commentaires sur la manière de financer le retrait et le remplacement » des équipements en question.  

Elle recueillera en outre les informations pour déterminer la proportion des équipements de Huawei et de ZTE utilisés dans les réseaux de ces entreprises et pour évaluer les coûts associés à l’enlèvement et au remplacement des équipements.

Le département du Commerce américain avait en mai placé sur liste noire le géant chinois des télécoms, Huawei, soupçonné d’espionnage industriel.  

Pour l’heure, les entreprises américaines qui fournissent à Huawei des composants ne compromettant pas la sécurité nationale des États-Unis bénéficient de licences provisoires jusqu’au 16 février pour continuer de commercer avec la firme chinoise.

Le département du Commerce avait justifié cette mesure pour continuer de servir les zones rurales américaines.

Huawei a souligné vendredi que le fonds USF contribue précisément à rendre disponibles des services de télécommunication et d’internet à large bande « dans les communautés rurales et défavorisées ».  

« De nombreux opérateurs font confiance à Huawei pour ses équipements et services de haute qualité […]. Ces opérateurs perdront leur capacité à fournir des services de télécommunication et internet fiables et à haut débit. Les écoles rurales, les hôpitaux et les bibliothèques en ressentiront les effets », met en garde le groupe.

Les décisions de la FCC risquent de compliquer encore un peu plus la tâche des négociateurs américains et chinois qui tentent de finaliser un accord pour mettre fin à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.

Dans ce conflit, Washington et Pékin se disputent in fine la domination des technologies de demain.

Le déploiement de la 5G, dont Huawei est le leader mondial en matière d’équipements, est au cœur de leur rivalité technologique.

« Un rideau de fer technologique » risque « d’affecter l’avenir de l’humanité », a mis en garde vendredi le président chinois Xi Jinping.

La technologie 5G, qui doit proposer un débit 100 fois plus rapide que celui des réseaux 4G existants, est présentée comme un bouleversement en matière de télécoms dans le monde avec de nouvelles applications : objets connectés, voitures sans conducteur, automatisation accrue, télémédecine, etc.

Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, avait indiqué mardi sur Fox Business Network que les licences provisoires ne concernaient pas la 5G.