Le syndic responsable du dossier de Métro Média a reçu mardi une offre d’achat pour la chaîne de journaux qui a déclaré faillite le 28 septembre.

C’est ce que révèle le rapport préliminaire du syndic Stéphane De Broux, de KPMG, chargé d’administrer la faillite du journal Métro et des autres publications qui ont fermé, laissant sans emploi 70 personnes, dont la moitié travaillait dans la salle de rédaction.

Le syndic a lancé le 3 octobre un appel d’offres visant à trouver un repreneur pour les actifs de Métro Média « dans un contexte de continuité d’exploitation ». Il a reçu le 17 octobre une offre d’un acquéreur potentiel dont l’identité n’a pas été révélée.

Il ne précise pas si l’offre vise tous les titres de Métro Média, ou seulement le journal Métro.

Dans son rapport, le syndic Stéphane De Broux indique que cette offre doit être soumise aux créanciers et à leurs représentants et qu’elle « devra être étudiée par le comité d’inspecteurs nommés lors de la première assemblée des créanciers ». L’assemblée a eu lieu mercredi.

Il n’a pas été possible jeudi de connaître la nature de cette offre ni de savoir de qui elle émane. « Nous avons appris l’existence de cette offre en même temps que tout le monde », mercredi à l’assemblée des créanciers, a dit Camila Rodriguez-Cea, porte-parole de la CSN et de la Fédération nationale des communications, qui représente les journalistes et d’autres employés du journal Métro.

L’offre n’a pas été détaillée durant l’assemblée des créanciers : cinq représentants des créanciers (dont un du syndicat) ont été désignés et l’offre leur sera présentée bientôt, a indiqué le syndicat.

Transactions révisables

Le rapport indique que le syndic « fera à la demande des créanciers » un examen des livres et registres de Métro Média « afin de déterminer s’il existe des transactions révisables et/ou des paiements préférentiels ».

Il indique avoir récupéré « une partie » des documents, livres et registres comptables de l’entreprise.

M. De Broux n’a pas rappelé La Presse jeudi. On ne sait pas si de telles demandes ont été faites.

La Loi sur la faillite et l’insolvabilité donne au syndic des pouvoirs d’enquête et d’analyse sur les transactions antérieures à la faillite. Une transaction déclarée « révisable » par le syndic peut être annulée par un tribunal et les sommes impliquées remboursées au syndic pour distribution aux créanciers.

Selon le rapport, la Ville de Montréal a ajouté le 2 octobre une réclamation de 1 275 000 $ liée à des subventions remboursables attribuées en 2023. Cette créance n’était pas inscrite au bilan de faillite rendu public le 29 septembre.

Les ex-employés réclament 196 337 $ en salaires et avantages.

Parmi les autres créanciers importants, notons l’État québécois, avec des réclamations du ministère de la Culture et des Communications (554 562 $) et du ministère du Revenu (11 825 $). Desjardins réclame 59 411 $ et le Cabinet de relations publiques National, 33 025 $.

Inquiétude chez les employés licenciés

Par ailleurs, des journalistes qui travaillaient au journal Métro s’inquiètent de ce que l’importante réclamation de la Ville de Montréal pourrait nuire à leurs chances d’obtenir le remboursement de leurs propres créances.

« La majorité des créances des travailleurs et des travailleuses du Métro devraient être couvertes par le Programme de protection des salariés offert par le gouvernement fédéral », a indiqué la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), qui représente ces employés. « Comme ce programme ne couvre que les sommes dues depuis six mois, certaines créances plus anciennes deviendront quant à elles des créances ordinaires qui ne pourront être réclamées que plus tard dans le processus de faillite. Ce sont des moments anxiogènes pour nos membres et nous espérons que ces sommes seront payées dès que possible. »

Selon la FNC-CSN, il pourrait s’agir de quelques centaines de dollars par ex-travailleur.

Le cabinet de Valérie Plante s’est fait rassurant. « Il faut savoir que d’autres créanciers devraient […] avoir préséance sur la Ville, y compris les [ex-syndiqués de Métro Média]. Le paiement de cette dette à la Ville ne devrait donc pas les priver des montants auxquels ils auraient droit », a indiqué l’attachée de presse Béatrice Saulnier-Yelle. « Le règlement instituant le programme de subventions prévoyait la réclamation de toute somme versée en cas de faillite ou cessation des activités. La Ville de Montréal applique donc cette clause de son règlement. » Cette possibilité avait « été très clairement stipulée dès le début », a-t-elle ajouté.

Le propriétaire de Métro Média a encaissé un dividende de 2,6 millions au printemps 2021, quelques mois avant que l’entreprise connaisse des difficultés financières.

Avec la collaboration de Philippe Teisceira-Lessard, La Presse