(Brasilia) Le juge de la Cour suprême brésilienne qui avait donné samedi 24 heures à Telegram pour éviter d’être bloquée a levé dimanche cette menace, estimant que la messagerie en ligne s’était conformée aux ordres judiciaires.

Considérant que les demandes de la Cour suprême du Brésil ont été « pleinement satisfaites », « je révoque la décision de suspendre complètement et intégralement le fonctionnement de Telegram au Brésil », a écrit le juge Alexandre de Moraes dans un arrêt rendu public par la Cour suprême.  

Le juge avait décidé de bloquer vendredi la populaire messagerie en ligne, très utilisée par le président d’extrême droite Jair Bolsonaro et ses réseaux à sept mois de la présidentielle, dans un pays gangréné par la désinformation.

Cette décision « est irrecevable », avait alors réagi le président Bolsonaro, estimant que la décision du juge affectait « 70 millions de personnes ». « Ce qui est en jeu, c’est notre liberté », avait déclaré le président. Telegram est téléchargée sur environ 53 % des mobiles au Brésil.  

Samedi, le juge avait finalement donné 24 heures à Telegram pour se conformer à la loi, estimant que la messagerie s’était alors « partiellement conformée aux ordres judiciaires ».

Ce délai de 24 heures avait été décidé après que Pavel Durov – le patron fondateur russe de Telegram, dont le siège social est à Dubaï – eût présenté ses excuses à la Cour suprême, invoquant un « problème de communication » tout en réclamant un nouveau délai pour répondre aux exigences de la justice brésilienne.

La messagerie n’a finalement jamais cessé de fonctionner normalement en fin de semaine.

Selon le juge Moraes, Telegram a annoncé avoir adopté plusieurs mesures pour lutter contre la désinformation. Parmi elles, la surveillance « manuelle » des 100 chaînes les plus populaires au Brésil, la possibilité de signaler des publications jugées inexactes, la restriction des profils qui diffusent de la désinformation et la promotion d’informations vérifiées.  

Le juge a également demandé la suppression d’une publication de M. Bolsonaro datant d’août dernier et dans laquelle il mettait en doute, sans apporter de preuve, la fiabilité du système de vote électronique au Brésil, en place depuis 1996.

Depuis samedi déjà, cette publication n’est plus visible. « Ce message ne peut être affiché », car « il viole les lois locales », est-il indiqué à la place.

La messagerie en ligne cryptée est une clef de voûte de la stratégie de campagne de M. Bolsonaro, qui vise la réélection à la présidentielle d’octobre et défend la liberté d’expression sans limites.

Contrairement à d’autres plateformes, il n’y a sur Telegram pratiquement pas de modération de contenu des messages et les groupes peuvent rassembler jusqu’à 200 000 membres, ce qui augmente considérablement le potentiel viral des fausses informations.

Cela a valu à Telegram des sanctions dans certains pays, de la suspension – temporaire ou définitive – de ses services au blocage ciblé de certains comptes ou groupes d’usagers.