Est-ce la pandémie ? Le couvre-feu ? L’excellent début de saison sur la glace ? Toujours est-il que les cotes d’écoute du Canadien de Montréal sont en hausse.

Durant leurs six premiers matchs de cette saison qui s’annonce sans spectateurs en raison des mesures sanitaires liées à la COVID-19, l’équipe de l’entraîneur Claude Julien a attiré en moyenne 649 000 téléspectateurs à RDS et TVA Sports. C’est une hausse de 8,3 % par rapport à la dernière saison régulière (2019-2020), où la moyenne des cotes d’écoute était de 599 000 téléspectateurs.

« Il y a le couvre-feu et le fait que davantage de personnes sont disponibles pour regarder les matchs à la télé. Mais ça fait aussi longtemps qu’on n’a pas eu une équipe gagnante à laquelle on peut s’identifier, dit le professeur Éric Brunelle, directeur du pôle sports à HEC Montréal. C’est une combinaison des deux facteurs. »

Cette hausse de 8,3 % des cotes d’écoute en début de saison est quelque peu trompeuse. Cette saison, le CH a joué trois de ses six premiers matchs à des heures tardives (début du match après 21 h) dans l’Ouest canadien. Or, les matchs tardifs attirent des auditoires moindres.

Pour ses trois matchs cette saison diffusés aux heures normales (début du match à 19 h ou 19 h 30), le CH a attiré en moyenne 769 000 téléspectateurs. Il s’agit d’une hausse de 28 % par rapport à sa moyenne de la saison régulière l’an dernier.

Pour ses trois matchs dans l’Ouest canadien diffusés plus tard (à partir de 21 h), l’équipe de Claude Julien a attiré en moyenne 529 000 spectateurs, une hausse de 13 % par rapport à sa moyenne de cotes d’écoute pour les matchs dans l’Ouest canadien la saison dernière.

La saison est jeune. Mais pour l’instant, le CH est en voie de connaître sa meilleure saison – sur la glace comme au petit écran – depuis 2014-2015.

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Un bémol : le CH jouera plus de matchs tardifs dans l’Ouest canadien qu’à l’habitude en raison du format exceptionnel de cette saison. Les équipes jouent uniquement au sein de leur division, et la Ligue nationale de hockey (LNH) a réuni les sept équipes canadiennes (dont trois dans l’Ouest) dans la même division en raison de la pandémie de COVID-19.

Perdre le quart de ses abonnés en quatre ans

RDS et TVA Sports, les deux télédiffuseurs des matchs du CH, ont bien besoin d’une bonne saison du Canadien. Les deux chaînes sportives composent chacune avec leurs enjeux financiers propres. Mais elles ont un problème en commun : les clients qui se désabonnent. Soit parce qu’ils délaissent leur forfait télé au profit des plateformes numériques, soit parce qu’ils réduisent leur forfait télé.

En quatre ans, les chaînes sportives RDS et TVA Sports ont perdu environ le quart de leurs abonnés (- 27 % pour RDS, - 23 % pour TVA Sports de 2014-2015 à 2018-2019). En août 2019, RDS avait 2,3 millions d’abonnés, TVA Sports 1,5 million d’abonnés.

Comme environ les deux tiers de leurs revenus totaux proviennent des redevances des abonnés, les pertes d’abonnés font particulièrement mal aux finances de RDS et de TVA Sports.

Depuis sa création en 2011, TVA Sports n’a jamais été rentable. La chaîne sportive de Québecor a perdu 192 millions en huit ans, soit des pertes moyennes de 24 millions par an, selon les chiffres du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). En 2018-2019, dernière année où les chiffres sont disponibles, TVA Sports a connu des pertes de 17 millions.

Longtemps la chaîne de télé francophone la plus rentable, RDS a perdu de l’argent (- 161 000 $) en 2018-2019. Un scénario impensable deux ans plus tôt, alors que la chaîne sportive de Bell Média avait généré des profits de 26 millions, un record en 2016-2017 au petit écran québécois. Bell est l’un des actionnaires minoritaires du Canadien.

RDS et TVA Sports paient chacun environ 60 millions de dollars par an pour diffuser les matchs du Canadien. RDS diffusera 41 des 56 matchs réguliers du CH cette saison, TVA Sports 15 matchs réguliers du CH, les matchs réguliers des autres équipes de la LNH et tous les matchs des séries éliminatoires.

Hausse pour les séries dramatiques de Radio-Canada

Le Canadien n’est pas le seul à voir ses cotes d’écoute augmenter depuis l’instauration du couvre-feu au début janvier.

Sur ICI Télé, les séries dramatiques de Radio-Canada sont aussi plus populaires qu’à pareille date l’an dernier.

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