(Québec) Principal créancier de Groupe Capitales Médias, le gouvernement Legault choisit le modèle des coopératives de travailleurs pour relancer les six quotidiens du groupe.

Il en fera l’annonce mardi, 24 heures avant que le syndic ne soumette ce modèle au tribunal, a confirmé une source gouvernementale.

La Presse avait révélé le 7 novembre que le regroupement de coopératives de travailleurs avait une nette longueur d’avance parmi les groupes ayant fait une offre. C’est le modèle qui a été appuyé par les 350 travailleurs des six quotidiens : Le Soleil à Québec, La Tribune à Sherbrooke, Le Quotidien à Saguenay, La Voix de l’Est à Granby, Le Droit à Ottawa/Gatineau et Le Nouvelliste à Trois-Rivières.

Une « coopérative de producteurs » assurerait les services communs comme les abonnements, l’administration, les services numériques et la paie. Elle chapeauterait les coopératives des six quotidiens.

Selon le plan d’affaires, 21 millions de dollars seraient injectés dans la nouvelle structure. Le Fonds de solidarité FTQ et le Mouvement Desjardins investiraient 4,5 millions ; le fonds de travailleurs Fondaction de la CSN, 1,5 million.

Investissement Québec accorderait un prêt remboursable de 5 millions. Il a déjà contribué pour 15 millions dans Groupe Capitales Médias, et le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a déjà déclaré que le gouvernement ne s’attendait pas à revoir la couleur de cet argent.

Campagne de dons

Les coopératives espèrent obtenir 5 millions grâce à une campagne de dons auprès des lecteurs et des gens d’affaires locaux. Le plan d’affaires prévoit 5 millions en subventions, dont les crédits d’impôt déjà annoncés par Québec et Ottawa. Québec serait également appelé à investir dans la nouvelle structure.

Il n’y aurait pas de pertes d’emplois chez les journalistes, qui subiraient toutefois un gel salarial. Il y aurait des licenciements dans la production, alors que l’on envisageait déjà de fermer une imprimerie à Sherbrooke avant la faillite.

L’offre faite par un autre groupe, Métro Média, n’impliquait pas d’injection de fonds supplémentaire de Québec, mais prévoyait des licenciements importants, a signalé une source proche du dossier.

Comme dans les autres offres qui ont été soumises, les coopératives ne prendraient pas en charge les régimes de retraite à prestations déterminées existants. Conséquence : les retraités pourraient perdre environ 30 % de leurs rentes. Les six quotidiens seraient dotés de régimes de retraite à cotisations déterminées, moins risqués pour l’entreprise.

Mercredi, le syndic devrait demander un délai supplémentaire à la cour pour terminer le montage financier.

Sous la nouvelle structure, un déficit de 7 millions est prévu en 2020, mais un profit de 8 millions est attendu en 2022, comme La Presse l’a déjà indiqué. Il y aurait un virage au tout-numérique à moyen terme, alors que les éditions papier seraient limitées au samedi.