(Toronto) L'avenir de Torstar dépend de sa capacité à devenir une "société de journalisme et de données" avec un contenu qui attire des abonnés payants et des annonceurs, a affirmé mercredi le chef de la direction de l'éditeur, John Boynton, lors de l'assemblée annuelle de ses actionnaires.

« Les données sont la ressource qui devrait permettre à Torstar de se démarquer et de créer un modèle d'entreprise plus durable pour l'avenir », a observé M. Boynton au siège social de l'entreprise, qui héberge également sa publication phare, le Toronto Star.

Il a reconnu que Torstar avait encore beaucoup de chemin à faire pour transformer complètement son activité traditionnelle, qui repose sur la publicité imprimée et les abonnements, mais il a ajouté avoir maintenant mis en place de nombreux systèmes et pratiques nécessaires à cette transformation.

« Ainsi, disposer de cette excellente infrastructure de données permet aux collaborateurs de toutes nos salles de presse, ceux qui créent un excellent contenu journalistique, de déterminer avec précision quels reportages sont les plus importants. »

En plus du Toronto Star, l'éditeur possède des journaux quotidiens, communautaires et de transport en commun dans diverses villes, en plus d'une participation de 56 % dans VerticalScope, une société torontoise de médias numériques.

L'un des nouveaux outils de Torstar est le mur payant du Toronto Star, qui offre un accès gratuit à un certain contenu et un accès plus large aux abonnés payants. Au 31 mars, le quotidien comptait environ 15 000 abonnés exclusivement numériques.

« De manière critique, nous n'avons même pas commencé à gratter la surface en ce qui a trait aux abonnements numériques », a noté M. Boynton.

Un peu plus tôt, il avait déclaré lors d'une conférence téléphonique avec des analystes que Torstar avait fait de « bons progrès » dans le développement de nouvelles sources de revenus provenant des médias numériques.

Cependant, il a estimé qu'il était encore trop tôt pour quantifier les avantages que Torstar retirera de son nouveau partenariat d'abonnement payant avec Apple, annoncé en mars quelques jours avant la fin du trimestre.

« Je pense qu'il faudra plusieurs trimestres pour voir quelle sera notre part des revenus », a indiqué M. Boynton.

À la fin de l'assemblée annuelle, les dirigeants de Torstar ont été interrogés sur les raisons pour lesquelles le conseil d'administration continuait de verser un dividende aux actionnaires plutôt que d'utiliser l'argent pour transformer la société plus rapidement.

Le président de Torstar, John Honderich, qui est également l'un des principaux actionnaires avec droit de vote, a expliqué que la société avait aligné ses coûts sur ses revenus et que ses niveaux de trésorerie étaient stables à la fin du premier trimestre, tant en 2019 qu'en 2018.

« Il ne fait aucun doute que le déclin de la base des revenus a exercé des pressions sur nos bénéfices et nos flux de trésorerie. Et nous sommes très attentifs à ces problèmes et les révisons tout le temps », a assuré M. Honderich.

« Le dividende a été réduit plusieurs fois dans le passé et nous pensons toujours que, dans cette situation, nous devrions récompenser nos actionnaires, qui sont restés fidèles à notre société pendant une longue période, en leur versant un dividende. »

Perte réduite au 1er trimestre

Plus tôt mercredi, Torstar a affiché une plus petite perte que l'an dernier pour son premier trimestre, les réductions de coûts et les crédits d'impôt provinciaux ayant contrebalancé, en partie, la baisse des revenus publicitaires et de la distribution de dépliants.

Les revenus de tous les secteurs d'exploitation ont totalisé 116 millions $ au cours du trimestre clos le 31 mars, en baisse par rapport à ceux de 129 millions $ des trois premiers mois de 2018.

La perte attribuable aux actionnaires a atteint 7,4 millions $, soit 9 cents par action, pour le trimestre clos le 31 mars. En comparaison, Torstar avait affiché une perte de 14,5 millions $, ou 18 cents par action, lors de la même période un an plus tôt.

L'amélioration du résultat net était principalement attribuable à un crédit d'impôt de 18 millions de l'Ontario, pour les coûts salariaux et d'avantages sociaux déjà engagés des médias numériques. En excluant le crédit d'impôt, les coûts des salaires et des avantages sociaux ont diminué de 5,7 millions $, ou huit pour cent.

Le directeur financier de Torstar, Lorenzo DeMarchi, a indiqué aux analystes que la société avait demandé 39,6 millions $ supplémentaires au titre des crédits d'impôt, et qu'elle attendait des approbations supplémentaires de la part de l'Agence du revenu du Canada.

En ce qui concerne un nouveau crédit d'impôt du gouvernement fédéral, qui couvrira 25 pour cent des salaires et traitements des employés admissibles des salles de rédaction d'organes de presse qualifiés, M. DeMarchi a précisé que Torstar évaluait toujours des avantages potentiels.

« Cependant, à ce stade, il est trop tôt pour dire avec certitude si nous serons admissibles, et dans quelle mesure », a affirmé M. DeMarchi.

Sur une base ajustée, Torstar a indiqué avoir perdu 6 cents par action pour le premier trimestre de 2019, ce qui se compare à une perte ajustée de 20 cents par action pour le premier trimestre de l'an dernier.

Les analystes s'attendaient en moyenne à une perte de 15 cents par action pour le premier trimestre, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.