(Montréal) Dans un contexte difficile où des médias québécois peinent à survivre, le premier ministre Justin Trudeau a été questionné mardi sur ce qu’il entendait faire au sujet des géants du numérique : il a répondu que cette question sera « certainement » discutée lors du G7 qui a lieu en France en fin de semaine.

D’ailleurs, en juillet, les ministres des Finances des pays du G7 se sont réunis et ont discuté de la taxation des entreprises numériques basées à l’étranger. Il est depuis prévu que certaines discussions se poursuivent à Biarritz, qui accueillera du 24 au 26 août les chefs d’État et de gouvernement de ces grandes puissances économiques.

Ce sujet épineux a refait surface mardi dans le cadre de questionnements reliés à l’aide qui doit être offerte aux médias, alors que les journaux du Groupe Capitales Médias (GCM) ont demandé la veille la protection des tribunaux contre leurs créanciers. Les six quotidiens ont ensuite reçu une bouée de sauvetage, sous la forme d’un prêt intérimaire de 5 millions de la part du gouvernement québécois. Assez pour garder la tête hors de l’eau et poursuivre leurs activités jusqu’à la fin de l’année, estime le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

Le PDG du Groupe Capitales Médias, Claude Gagnon, a publié lundi un message sur le site du quotidien « Le Soleil », dans lequel il faisait justement ce lien avec les multinationales du numérique : il écrivait que les quotidiens du groupe « sont affectés par une baisse des revenus publicitaires résultant de la concurrence féroce que livrent les géants des réseaux sociaux que sont Facebook et Google ».

Selon Justin Trudeau, pour régler toute cette situation, il faut plus qu’une « solution à la pièce ».

Il en faut une à laquelle la communauté internationale va adhérer, a répondu mardi le premier ministre lorsque questionné au sujet des géants du web en mêlée de presse à Trois-Rivières.

« Tout le monde doit payer sa part », a-t-il souligné, tout en réitérant qu’il n’était pas question pour son gouvernement d’augmenter « les taxes » des contribuables.

« C’est une question dont on va parler certainement en fin de semaine au G7, où la communauté internationale est en train de regarder comment on peut s’assurer que c’est équitable pour tout le système », a-t-il dit.

En juillet dernier, la France a d’ailleurs adopté sa propre loi fiscale, surnommée la « taxe Gafa » (Google, Amazon, Facebook, Apple), pour imposer les revenus — notamment ceux de la publicité — des géants du numérique. La mesure a déclenché la colère des États-Unis, qui brandit depuis la menace de représailles. Comme la France préside le G7, le sujet est surveillé de près.

Depuis deux jours, Justin Trudeau est questionné sur la crise des médias en lien avec les plus récentes difficultés vécues par GCM.

À ces occasions, il a souligné l’octroi par son gouvernement de 600 millions sur cinq ans pour venir en aide aux entreprises de presse, des mesures incluses dans son dernier budget. Il répète aussi que cette aide doit être offerte de façon à ne pas nuire à l’indépendance des médias.

Dans le budget fédéral 2019, le gouvernement avait annoncé diverses mesures pour venir en aide aux médias canadiens : un nouveau crédit d’impôt remboursable à l’intention des organisations journalistiques admissibles, un nouveau crédit d’impôt non remboursable pour les abonnements aux médias d’information numériques canadiens et l’accès à des incitatifs fiscaux de bienfaisance pour les organisations journalistiques à but non lucratif.