(Paris) La peur ressurgit sur les marchés financiers où le secteur bancaire continue à perdre des plumes vendredi malgré les déclarations rassurantes de responsables politiques concernant la stabilité du système financier.

En Europe, les places ont chuté de 1,74 % à Paris, de 1,66 % à Francfort, de 1,26 % à Londres après une première partie de semaine dans le vert consécutivement au rachat en catastrophe de Credit Suisse par sa rivale UBS.

« L’incertitude qui se propage sur les marchés », a conduit « le secteur bancaire à abandonner tous ses gains depuis le début de l’année en l’espace de trois semaines », commente Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

L’expert ne perçoit « pas de catalyseur clair » pour expliquer le mouvement baissier du jour « autre que les incertitudes concernant la perspective de futures hausses de taux et les effets que cela pourrait avoir sur la stabilité financière » et sur le reste de l’économie.

L’impact de la remontée des taux d’intérêt risque de pénaliser les banques les plus fragiles et fait redouter de nouvelles faillites après celles de la Silicon Valley Bank (SVB) aux États-Unis, puis de deux autres banques régionales américaines ce mois-ci.

« Ces inquiétudes semblent avoir atteint un point de bascule avant le week-end », souligne M. Hewson.  

Le secteur bancaire de l’indice élargi Stoxx Europe 600 a reflué pour sa part de 3,53 %, après une nette augmentation du coût de l’assurance contre le risque de défaut (CDS) de plusieurs banques européennes, Deutsche Bank en tête.

Rudoyée, la première banque allemande a dévissé de 8,53 % après s’être enfoncée de plus de 13 %. Commerzbank a lâché 5,45 % à Francfort.

À Paris, l’action Société Générale a cédé 6,13 %, la plus forte baisse de l’indice CAC 40, BNP Paribas a perdu 5,27 %. À Londres, Standard Chartered a dévissé de 6,42 %, mais aussi Barclays (-4,21 %) ou Natwest (-3,58 %).

Une question de confiance

Et ce malgré les récentes mesures des banques centrales pour améliorer l’accès aux liquidités et les efforts pour rétablir la confiance dans le système bancaire.

Les déclarations de Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, réaffirmant la résilience du système bancaire qui « dispose de solides positions en termes de capital et de liquidités », et celles rassurantes d’Olaf Scholz ou d’Emmanuel Macron, n’ont pas su calmer les esprits.

« La zone euro est la zone où les banques sont les plus solides », a affirmé le président français, tandis que le chancelier allemand a jugé qu’il « n’y a pas lieu de s’inquiéter » pour la Deutsche Bank.

À Zurich, Credit Suisse a chuté de 5,19 % et UBS de 3,55 %. D’après Bloomberg, ces banques sont parmi celles soupçonnées par la justice américaine d’avoir aidé des oligarques russes à contourner les sanctions occidentales. Contactés par l’AFP, Credit Suisse n’a pas souhaité commenter l’information et UBS n’a pas répondu.

Les indices américains évoluaient avec plus de sérénité : le Dow Jones et l’indice élargi S&P 500 étaient proches de l’équilibre et le NASDAQ cédait 0,38 % vers 13 h.

À New York, le secteur était également délaissé, mais dans une moindre mesure : JP Morgan Chase perdait 2,01 %, Morgan Stanley 2,69 %, Goldman Sachs 1,01 % et Bank of America 0,19 %. La banque régionale First Republic, particulièrement sous pression depuis la faillite de SVB, grappillait 0,24 % vers 13 h (heure de l’Est).

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, va réunir les régulateurs financiers du pays vendredi, dont le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell.

Dollar et emprunts d’État recherchés

Le marché obligataire a, une nouvelle fois, fait office de refuge pour les investisseurs : le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans ressortait à 3,37 %, contre 3,42 % la veille en clôture.  

Autre valeur refuge, le dollar montait de 0,68 % face à l’euro, à 1,075 dollar pour un euro.

Les prix du pétrole chutent aussi, ce qui est souvent le signe que les investisseurs craignent une récession économique. Le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en mai perdait 1,37 % à 74,88 dollars, tandis que le baril de WTI américain à même échéance reculait de 1,10 % à 69,19 dollars.