Les principaux marchés boursiers d’Europe et d’Amérique du Nord ont terminé la semaine sous pression, alors que les inquiétudes persistent quant à la santé financière du système bancaire outre-Atlantique.

En Europe, les indices des principales places boursières de Londres, Paris et Francfort ont clôturé en baisse de 1,2 % jusqu’à 1,7 %.

Après les remous provoqués par le récent rachat en catastrophe de Credit Suisse par sa rivale UBS, aussi établie en Suisse, ce fut au tour vendredi de la première banque d’Allemagne, Deutsche Bank, d’être dans la ligne de mire des investisseurs inquiets.

Ses actions ont clôturé en baisse de 8,5 % à la Bourse de Francfort, mais non sans avoir plongé jusqu’à 14 % plus tôt en journée.

Les actions de la deuxième banque en Allemagne, Commerzbank, ont aussi reculé de 5,4 %, de même que les actions de nombre de grandes banques dans les autres principales économies d’Europe.

Pendant ce temps, en Amérique du Nord, la persistance des inquiétudes financières envers le secteur bancaire en Europe a aussi incité les investisseurs boursiers à se tenir sur les lignes de côté.

« Les marchés financiers continuent de se débattre avec cette flambée d’incertitude au sein du secteur bancaire. Au jour le jour, cela semble pire vendredi avec ce qui se passe à la Deutsche Bank et dans les banques européennes », a déclaré Craig Basinger, stratège en chef des marchés chez la firme torontoise Purpose Investments, à Reuters.

À la Bourse américaine, vendredi, après avoir été en repli de près de 1 % en mi-journée, les principaux indices comme le Dow Jones, le S&P 500 et le NASDAQ ont terminé en légère hausse de 0,3 % à 0,5 %.

Au Canada, où le secteur des banques et des services financiers est très influent en Bourse, l’indice de marché S&P/TSX a terminé en légère hausse de 0,2 %. Toutefois, il s’agissait d’un redressement tardif après s’être inscrit en baisse de 1 % durant la première moitié de la séance.

« Malgré la recrudescence du risque de contagion bancaire et la hausse de taux directeurs par quatre grandes banques centrales, les actions ont légèrement augmenté cette semaine, grâce une fois de plus aux actions de croissance dont la force a amorti la faiblesse des actions de valeur », a constaté Martin Roberge, analyste des marchés nord-américains chez Canaccord Genuity à Montréal, dans une note aux investisseurs en fin de séance vendredi.

« N’empêche, l’aversion au risque plus élevée des investisseurs peut encore être perçue par l’affaiblissement des écarts de valeur dans le marché boursier », a-t-il ajouté.

Turbulences

En fait, le secteur bancaire en Europe et aux États-Unis vient de vivre deux semaines de fortes turbulences marquées par la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) et de deux autres banques régionales américaines, ainsi que le sauvetage de Credit Suisse par l’entremise d’un rachat par UBS forcé par les autorités financières suisses.

En Amérique du Nord, les investisseurs boursiers craignent que d’autres banques n’aient des problèmes inattendus comme la SVB. Cette banque d’origine californienne a fait faillite après que des clients ont retiré leur argent en crise de confiance envers la SVB, qui avait subi des pertes considérables en placements obligataires en raison de la hausse des taux d’intérêt.

En Europe, vendredi, c’est l’envolée des prix des instruments de couverture de risque de pertes – les CDS ou credit default swaps dans le jargon financier – pour la plupart des grandes banques, en particulier l’Allemande Deutsche Bank, qui a signifié le manque de confiance des investisseurs boursiers envers le secteur bancaire.

Bien que les problèmes à l’origine de la faillite de SVB n’aient rien à voir avec la Deutsche Bank, les investisseurs vendaient leurs actions de la Deutsche Bank par peur. Les craintes d’une crise potentielle de liquidités chez certaines banques restent latentes.

Jochen Stanzl, analyste pour la firme CMC Market de Londres

Entre-temps, alors qu’il participait vendredi à un sommet des chefs d’État européens à Bruxelles, le chancelier allemand Olaf Scholz a fait état d’un système bancaire « stable » malgré les secousses qui se font sentir autour de la Deutsche Bank.

Pour sa part, le président français, Emmanuel Macron, a affirmé que « les fondamentaux des banques européennes sont solides » dans la foulée du renforcement de la réglementation bancaire en Europe après la crise financière de 2008.

Mais de l’avis de l’agence de notation Moody’s, il existe tout de même « un risque » que les autorités financières « ne soient pas en mesure d’enrayer les turbulences actuelles sans que cela ait des répercussions plus durables et potentiellement graves au sein et au-delà du secteur bancaire ».

Avec l’Agence France-Presse, Associated Press, La Presse Canadienne, Reuters et Refinitiv