Le projet d’inscription en Bourse du fournisseur de produits de beauté, soins personnels et entretien domestique de Longueuil kdc/one est anticipé avec enthousiasme par les experts consultés par La Presse.

« C’est rafraîchissant parce qu’on n’a pas beaucoup de titres de ce style-là au Canada », lance le gestionnaire de portefeuille affilié à Desjardins Gestion de patrimoine Daniel Ouellet, au sujet de kdc/one.

L’entreprise a déposé en juillet un prospectus provisoire en prévision de son premier appel public à l’épargne.

L’entreprise fait partie du secteur manufacturier, alors que le secteur financier et celui des ressources naturelles restent les secteurs prédominants à la Bourse de Toronto. « Il y a peu de choix lorsqu’on regarde la consommation de base et le manufacturier au Canada pour un gestionnaire de portefeuille », dit Daniel Ouellet.

La taille est aussi à considérer. « À potentiellement 5 milliards de dollars américains, on parle d’une capitalisation boursière qui classe kdc comme un mid-cap. Ça peut donc apparaître sur le radar de plusieurs gestionnaires canadiens pour une question de diversification et d’options », ajoute Daniel Ouellet.

Cet expert voit néanmoins des facteurs de risque « élevé ». Kdc a réalisé sept acquisitions depuis deux ans, ce qui a permis de doubler le chiffre d’affaires, qui a bondi à plus de 2 milliards de dollars, mais ces transactions ont aussi eu pour effet d’alourdir le bilan d’une entreprise qui avait fait l’objet d’un rachat par endettement en 2018. « L’agence de notation Fitch donne pour l’instant à kdc une cote de crédit de B », souligne Daniel Ouellet.

Il y a beaucoup de dettes. Et quand tu fais des acquisitions rapidement, surtout si elles ont une certaine ampleur, il y a un risque d’intégration pour les années à venir.

Daniel Ouellet, gestionnaire de portefeuille affilié à Desjardins Gestion de patrimoine

On ne connaît pas encore la taille de l’émission d’actions envisagée, mais si le premier appel public s’avère une réussite – et Daniel Ouellet s’attend à ce que ce soit le cas, en raison notamment des partenaires de l’entreprise –, ce sera une façon pour kdc de réduire l’endettement et le risque pour ainsi permettre la poursuite de la croissance par acquisitions en ayant dans l’avenir l’occasion de payer avec des actions.

D’autres émissions d’actions pourraient même suivre au besoin pour réduire davantage la dette si le marché est réceptif.

Ça demeure un investissement spéculatif en raison des paramètres actuels, selon Daniel Ouellet.

Le moment est néanmoins excellent, croit-il.

L’industrie des cosmétiques reprendre du « momentum »

L’industrie des cosmétiques a connu certaines difficultés durant la pandémie, souligne Philippe Pratte, stratégiste en chef chez Pratte Gestion de portefeuilles. « Les gens se poupounaient moins, mais le secteur est en train de reprendre du momentum avec le début du retour au travail », dit-il.

« C’est très intéressant, soutient Philippe Pratte. Kdc est un joueur de coulisses. Son modèle d’affaires est basé sur la production pour des tierces parties, c’est-à-dire que kdc fabrique ses produits [shampooings, lotions, gels, mousses, pommades, aérosols, savons, déodorants, lingettes, pulvérisateurs portables, etc.] pour de grandes entreprises de produits de consommation et ne se battra donc pas directement contre elles. C’est l’industriel derrière les produits de beauté ! »

Le fait que l’entreprise soit déficitaire n’inquiète pas trop Philippe Pratte. « Ça s’explique selon moi parce que l’entreprise est dans une phase de consolidation des opérations des différentes acquisitions réalisées ces dernières années », dit-il.

Donc normalement, les marges devraient se redégager au cours des prochains trimestres. Et c’est intéressant lorsqu’on regarde la croissance des revenus par rapport à la capitalisation boursière potentielle. Selon moi, c’est un value play qui aura une composante de croissance.

Philippe Pratte, stratégiste en chef chez Pratte Gestion de portefeuilles

La question est de savoir à quel prix les investisseurs pourront acheter l’action à ses débuts sur le marché secondaire.

« Si tu peux acheter sur une évaluation boursière de 5 milliards US, c’est un super bon deal. Si la valeur monte rapidement à 20 milliards US, c’est moins intéressant. »

L’évaluation initiale potentielle de 5 milliards US prêtée à kdc, selon les chiffres qui circulent, apparaît conforme pour le secteur aux yeux de Daniel Ouellet.

L’endettement amène le caractère spéculatif de l’investissement, selon lui.

L’assainissement du bilan est notamment lié au premier appel public à l’épargne, c’est pourquoi le succès de l’opération est important.

Un acteur international

Avec 800 clients, dont le plus important représente 16 % de ses revenus, kdc devient de plus en plus international, souligne Daniel Ouellet. « L’entreprise a réalisé des acquisitions en Europe et s’en va du côté de l’Asie. Il y a encore beaucoup de potentiel de croissance. C’est une belle histoire. Le succès à long terme dépend de la capacité à générer des synergies avec les acquisitions pour avoir un impact concret sur les profits. »

L’entreprise de Longueuil est notamment soutenue par Goldman Sachs et JPMorgan, qui sont les principaux preneurs fermes responsables du premier appel public à l’épargne. « Des joueurs solides », dit Daniel Ouellet, en ajoutant que la Caisse de dépôt et placement du Québec et Investissement Québec sont au nombre des actionnaires actuels.

Le prix initial de l’action n’a pas encore été fixé ni le nombre d’actions émises, et la date de début des transactions n’a pas encore été déterminée. Les actions seront identifiées par le symbole KDC à la Bourse de Toronto et à la Bourse de New York.