La Bourse de Toronto a essentiellement ignoré jeudi l'escalade des tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis, tandis que le dollar canadien a perdu quelques plumes après que le gouvernement américain a annoncé l'imposition de tarifs sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du Canada.

À New York, les marchés ont plus durement accueilli le développement des tarifs. La moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a plongé de 251,94 points à 24 415,84 points, tandis que l'indice élargi S&P 500 a cédé 18,74 points à 2705,27 points. L'indice composé du NASDAQ a perdu 20,33 points à 7442,12 points.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a perdu 1,17 $ US à 67,04 $ US le baril, tandis que celui de l'or a rendu 1,80 $ US à 1304,70 $ US l'once. Le prix du cuivre est resté inchangé à 3,07 $ US la livre.

L'indice composé S&P/TSX du parquet torontois s'est hissé en territoire positif en fin de séance, clôturant en hausse de 12,84 points à 16 061,50 points, soutenu par ses secteurs des technologies de l'information et de la finance.

Les tarifs sur les métaux touchent un certain nombre d'alliés proches des États-Unis - le Canada, le Mexique et l'Europe - et ont convaincu le gouvernement Trudeau d'annoncer, en représailles, des tarifs équivalents pour jusqu'à 16,6 milliards $ de biens importés des États-Unis.

Malgré cette plus récente confrontation entre les États-Unis et leurs partenaires commerciaux, le TSX a légèrement avancé, les marchés boursiers semblant être de plus en plus à l'aise avec l'incertitude, a observé Kevin Headland, stratège principal des placements chez Investissements Manuvie.

«L'incertitude d'ensemble au sujet du commerce ne représente pas une surprise, je crois. Peut-être que c'est pourquoi le marché l'ignore un peu, du moins le TSX.»

Certains pays, dont le Canada, profitaient d'une exemption à court terme sur les tarifs sur l'acier et l'aluminium que les États-Unis avaient déjà imposés à la Chine et à d'autres pays, alors la fin de l'exemption n'a pas ajouté une nouvelle couche d'incertitude, a noté M. Headland.

«Ce n'était pas tant un choc qu'un genre d'assimilation. «OK, voici ce que c'est, allons-y et découvrons comment nous allons traverser cela.'»

Sur le marché des devises, le dollar canadien s'est négocié au cours moyen de 77,23 cents US, en baisse de 0,31 cent US par rapport à son cours moyen de la veille.

(IT) Problème de crédibilité

«Tout ce qui porte atteinte au libre-échange a tendance à faire monter les prix et à faire baisser la productivité. Dans une économie dont la croissance n'est pas encore à 3%, cela représente un pas dans la mauvaise direction», a estimé Jack Ablin, responsable des investissements pour Cresset Wealth Advisors.

La réaction des marchés est toutefois selon lui restée assez mesurée, car «cette administration fait maintenant face à un problème de crédibilité dans le mesure où ils changent sans cesse de position», et les investisseurs voient dans ses dernières décisions «surtout une tactique de négociation».

«Le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a déjà souligné que les discussions se poursuivaient et le marché estime sans doute que des concessions vont être faites vu le poids et la force des États-Unis dans le commerce mondial», a aussi avancé Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.

De plus, les effets de toute décision de cette nature peuvent être selon lui à double tranchant.

«Le producteur américain d'aluminium Alcoa par exemple a aussi une grande partie de ses activités au Canada», a-t-il souligné. Son titre a perdu 0,97% jeudi.

Le producteur d'acier US Steel a progressé de 1,71% mais ses concurrents AK Steel Holdings et Steel Dynamics ont respectivement lâché 1,31% et 0,92%.

Les tensions commerciales ont en tout cas relégué au second plan des indicateurs américains plutôt de bon augure, entre la stabilisation de l'inflation à +2% sur un an en avril, la nette progression des dépenses des ménages américains ce même mois et le repli des demandes hebdomadaires d'allocations chômage.

- Avec La Presse canadienne