Les entreprises-vedettes de Québec inc. ont éclipsé les autres titres canadiens depuis le début de l'année avec un rendement presque cinq fois plus élevé qui dépasse même la performance extraordinaire du marché américain.

Témoin de l'effervescence boursière de Québec inc., l'Indice Québec Morningstar Banque Nationale s'est apprécié de plus de 26% du début de l'année à la mi-décembre. Les deux tiers des titres du panier sont en hausse. Le transporteur aérien montréalais Air Canada, Wanted Technologies, une entreprise de Québec axée sur le marché de l'emploi, Opsens, une autre société québécoise spécialisée celle-ci dans la fabrication de capteurs à fibre optique, l'éditeur en redressement Yellow Media, de Verdun, et la biopharmaceutique lavalloise Prometic ont toutes triplé de valeur.

Cette performance surpasse nettement le rendement de 5,6% affiché par l'indice général S&P/TSX du marché canadien, lesté par les pétrolières et les aurifères, durant la même période. Les petites capitalisations du TSX affichent un rendement comparable à celui de Québec inc., mais négatif (-26,8%), les entreprises en démarrage ou d'exploration n'ayant manifestement pas la cote.

Cela place même la sélection québécoise légèrement en avant des principales valeurs américaines. L'indice global S&P 500 cumule en effet un gain de 24,5% du début de l'année au 13 décembre à la faveur d'une vague d'optimisme rarement vue de la part d'investisseurs inébranlables.

Même si l'année 2013 aura été éprouvante pour la réputation de quelques firmes québécoises, Québec inc. devient un terreau incontournable pour les investisseurs avec nombre d'entreprises qui se distinguent et font le poids sur la Bourse canadienne. Fin novembre, la capitalisation boursière de Québec inc. atteignait 327 milliards, un sommet historique et une valeur doublée en cinq ans.

C'est ainsi que la part des grandes entreprises québécoises dans la capitalisation totale de la Bourse canadienne s'est redressée à 14%. Il s'agit d'un niveau inégalé depuis de nombreuses années et d'un gain significatif de trois points de pourcentage depuis deux ans. Autre fait à noter, les entreprises cotées de la Belle Province sont maintenant deux fois plus grosses que la moyenne des entreprises inscrites à la Bourse de Toronto.

Les personnalités

Derrière ces titres à succès se trouvent des dirigeants en vue. La firme CEDROM-SNi a établi pour nous la liste des personnalités économiques les plus médiatisées au Québec en 2013. La recherche a été effectuée dans tous les médias québécois d'Eureka, ce qui représente en tout plus de 400 sources (presse imprimée, sites web, stations de radio et télévision).

«Il faut signaler que les mentions des personnalités économiques sont sans commune mesure avec celles des personnalités politiques et sportives qui dominent l'actualité québécoise», prévient Monique Perron, bibliothécaire pour l'entreprise d'archivage. À titre d'exemple, la première ministre Pauline Marois a reçu 55 229 mentions depuis le début de l'année et l'entraîneur-chef du Canadien de Montréal, Michel Therrien, 25 036, comparativement à quelques centaines seulement pour la plupart de nos personnalités d'affaires.

Cinq meneurs de puissance

Ils ont dominé les marchés boursiers et beaucoup fait parler d'eux durant l'année. Retour sur cinq titres québécois de premier plan et les personnalités qui se trouvent derrière.

Québecor (+34,4%)

Pierre Karl Péladeau et Robert Dépatie

Pierre Karl Péladeau et Robert Dépatie, de Québecor, dominent la liste des personnalités d'affaires dont on a le plus parlé dans les médias canadiens en 2013, selon la compilation effectuée par CEDROM-SNi pour La Presse. Et pour cause: le groupe montréalais de communication a fait la manchette avec son amphithéâtre à Québec, la cession des hebdos québécois à Transcontinental, l'obtention des matchs du Canadien pour sa chaîne TVA Sports, la vente du groupe d'édition Jobboom et du site Réseau Contact, les mises à pied chez Sun Media, sans compter son lobbying pour défendre son marché dans le sans-fil comme la télédistribution. Les investisseurs ne sont pas en reste puisque le titre a progressé de plus de 34% depuis le début de l'année.

Alimentation Couche-Tard (+60,6%)

Alain Bouchard

La multinationale du dépanneur dirigée par Alain Bouchard ne cesse d'étonner. Aujourd'hui au coude à coude avec la Banque Nationale en termes de capitalisation boursière, Alimentation Couche-Tard s'enligne également sur des profits de l'ordre de 1 milliard US à la fin de l'année.

«Finir l'année avec 1 milliard de profits? J'imaginais peut-être ce scénario dans mes rêves les plus fous, mais on a commencé à y croire pour vrai lorsqu'on a amorcé, au début des années 2000, notre expansion aux États-Unis», confiait Alain Bouchard à La Presse, il y a un mois.

Les actionnaires ont tout lieu de se réjouir, alors que l'aventure européenne entreprise l'an dernier avec l'acquisition du groupe norvégien Statoil Fuel&Retail commence à générer les synergies escomptées. Le titre s'est apprécié de près de 61% depuis le début de l'année, en plus de rapporter maintenant un rendement initial en dividendes de 0,5%.

Groupe CGI (+65,6%)

Michael Roach

Les ratés du site web de l'Obamacare ont fait parler de CGI pour les mauvaises raisons ces derniers temps, mais la multinationale montréalaise dirigée par Michael Roach a eu d'autres occasions de réjouissance cette année.

CGI a doublé son effectif mondial et ses revenus avec l'intégration réussie de la firme britannique Logica, acquise l'an dernier. Les résultats financiers sont «éblouissants», au dire d'un analyste financier. La rentabilité de CGI figure déjà parmi les meilleures de l'industrie en Europe.

L'action de CGI a gagné plus de 65% depuis le début de l'année à la Bourse de Toronto et se tient à un sommet historique. L'entreprise pèse maintenant près de 12 milliards en Bourse.

BRP (+23,0%)

José Boisjoli

Le retour en Bourse de BRP n'a pas profité qu'à la famille fondatrice et à ses alliés financiers. Les actions du constructeur des motoneiges et motocyclettes à trois roues de marque Ski-Doo ont fortement progressé depuis leur inscription à la cote en mai, décrochant le titre de meilleur PAPE (premier appel public à l'épargne) de l'année au Canada.

La progression boursière de l'entreprise de Valcourt, qui a amassé 262,3 millions grâce à sa vente d'actions de mai, surpasse notamment l'augmentation de moins de 10% de l'opérateur de registre Information Services, de la Saskatchewan, et de TransAlta Renewables, d'Alberta, qui ont aussi procédé à un premier appel public à l'épargne cette année, au Canada.

Conduite par José Boisjoli, BRP profite d'une croissance de revenus alimentée par ses ventes de produits disponibles tout au long de l'année, dont les véhicules tout terrain et ses roadsters Can-Am Spyder à trois roues.

Dollarama (+48,4%)

Larry Rossy

La cible est maintenant à 100$ pour les actions du détaillant à petit prix Dollarama. L'entreprise montréalaise a plus que quadruplé de valeur depuis son entrée en Bourse, il y a quatre ans, et cote aujourd'hui près de 88$ pièce, forçant les analystes à des attentes toujours plus élevées. Au total, Dollarama pèse maintenant plus de 6 milliards en Bourse.

L'entreprise lancée par Larry Rossy, aujourd'hui l'une des plus grandes fortunes du Canada, s'attire les éloges de la communauté financière en raison des perspectives attrayantes de sa formule gagnante de vente de produits à petits prix, de la qualité de son bilan financier, des mesures prises pour retourner des capitaux aux actionnaires (dividende et programme de rachat d'actions) et parce qu'il y a peu d'entreprises canadiennes avec un profil de croissance similaire.

La chaîne de magasins pleins de ressources poursuit un rythme effréné d'ouvertures (près d'une centaine cette année) dans des villes propices et a des plans de croissance ambitieux en Amérique centrale et en Amérique du Sud.