Le prix des maisons va culminer à l’été avant de commencer à glisser en raison de la baisse de l’abordabilité, soutient le Mouvement Desjardins, qui présentait mardi ses plus récentes prévisions économiques et financières. Au net, le prix des maisons au Québec risque de reculer de 12 % par rapport à son sommet.

« On prévoit que le prix des maisons va continuer à monter pendant quelques semaines, mais que le sommet sera atteint cet été, a précisé Jimmy Jean, économiste en chef et stratège, dans un entretien. En Ontario, on semble avoir déjà atteint le sommet. »

À la fin du premier trimestre 2022, le prix moyen des habitations au Québec s’élevait à 426 831 $.

M. Jean croit que le creux sera atteint d’ici la fin de 2023. Il tient néanmoins à se montrer rassurant. « Les gens ne perdront pas leur chemise. Même au creux du marché, la valeur des maisons restera supérieure de 31 % au niveau de 2019 », a-t-il nuancé.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Jimmy Jean, nouveau vice-président, économiste en chef et stratège chez Desjardins

En fait, le prix des maisons aura bondi de 50 % entre la fin de 2019 et le sommet, qui sera atteint dans les prochaines semaines.

La baisse des prix annoncée sera causée par l’effritement de l’abordabilité. Celui-ci s’explique d’abord par la hausse rapide des prix pendant la pandémie. Dans les prochains mois, l’abordabilité va continuer de se détériorer en raison principalement de la hausse des taux hypothécaires.

L’indice d’abordabilité Desjardins, à 130,9 au Québec, est à son pire niveau depuis 2008. « Depuis un an, la progression du prix de vente moyen d’une propriété s’est accélérée dans la majorité des marchés au pays. Enfin, la hausse des taux hypothécaires a aussi contribué au resserrement de l’accès à la propriété au cours des trois premiers mois de l’année », lit-on dans la dernière livraison de l’indice parue le 9 mai.

Cette baisse de l’abordabilité influencera à la baisse la demande de maisons. « Ça concerne en particulier les premiers acheteurs, qui composent près de la moitié de la demande », de préciser M. Jean. Il ajoute que le fédéral a aussi serré la vis aux investisseurs par l’obligation de déclarer le profit d’une revente rapide d’une maison comme un revenu d’entreprise imposable à 100 %. Des provinces, comme l’Ontario, se proposent d’ajouter des barrières aux investisseurs étrangers.

Prendre son temps

Le recul des prix aurait pu être pire, selon l’économiste, si l’offre de propriétés à vendre se faisait moins rare ou si la croissance démographique n’avait pas été au rendez-vous. Ces deux facteurs combinés soutiennent le marché résidentiel.

Dans les circonstances, l’économiste en chef du Mouvement Desjardins suggère aux acheteurs qui ont le luxe de retarder leur achat d’attendre pour profiter de conditions plus favorables dans quelques mois. « Quiconque qui n’est pas trop pressé gagnera à profiter de l’accalmie qui se dessine dans les prochains mois », conseille-t-il.

Baisse des ventes de maisons neuves aux États-Unis

Les ventes de maisons neuves se sont effondrées en avril aux États-Unis, plombées par la hausse des taux d’intérêt et des prix records qui dissuadent de nombreux acheteurs de poursuivre leurs recherches de logements flambant neufs. En avril, 591 000 maisons neuves ont été vendues en rythme annuel par rapport au mois précédent, soit un plongeon de 16,6 %, selon les données du département du Commerce publiées mardi. C’est le niveau le plus faible depuis avril 2020, soit au tout début de la pandémie de COVID-19. Toutes les régions sont touchées même si le sud du pays enregistre la diminution la plus marquée. L’ampleur de la baisse a surpris les économistes, qui tablaient sur 750 000 transactions. Autre mauvaise nouvelle, les données de mars ont été révisées en forte baisse à 709 000, contre 763 000 initialement annoncées. Les ventes de logements anciens ont aussi reculé en avril et sont même tombées à leur plus bas niveau depuis le début de la pandémie de COVID-19, avait indiqué la semaine dernière la Fédération nationale des agents immobiliers américains (NAR).

Agence France-Presse

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