Les ventes d’habitations en janvier au Canada ont reculé par rapport au même mois l’an dernier, mais le marché a néanmoins enregistré sa deuxième meilleure performance pour le mois, et le prix moyen a atteint un nouveau record, a indiqué mardi l’Association canadienne de l’immeuble (ACI).

Le prix national moyen des maisons a atteint le sommet de 748 450 $ le mois dernier, ce qui représentait une hausse de 21 % par rapport au prix de 618 587 $ observé en janvier 2021.

En excluant les marchés du Grand Vancouver et du Grand Toronto, deux des marchés du logement les plus actifs et les plus chers au pays, le prix moyen des propriétés résidentielles au Canada diminue de plus de 160 000 $, a précisé l’ACI.

Le prix moyen désaisonnalisé des maisons dans les deux régions était supérieur à 1,2 million. Par rapport au mois de décembre, il a augmenté de 1,8 % dans le Grand Vancouver et de 5,7 % dans le Grand Toronto.

L’indice des prix des propriétés MLS s’est élevé à 836 300 $ en janvier, enregistrant ainsi une hausse record de 2,9 % d’un mois à l’autre.

En excluant la période où le pays sortait de la première vague de la pandémie, la hausse mensuelle des prix de janvier a été la plus rapide depuis 1989, a indiqué Rishi Sondhi, économiste pour les Services économiques TD, dans une note aux investisseurs.

Les ventes réelles en janvier se sont chiffrées à 33 166, en baisse de 10,7 % par rapport aux 37 137 transactions de janvier 2021 – leur nombre le plus élevé pour un mois de janvier, a précisé l’ACI.

Sur une base désaisonnalisée, les ventes de maisons en janvier ont augmenté de 1,0 % par rapport à décembre, passant de 54 482 à 55 043.

« La réalité, c’est que les gens n’étaient pas prêts à vendre et qu’il y avait très peu d’offres sur le marché », a observé Davelle Morrison, une courtière torontoise de Bosley Real Estate.

« Maintenant, j’ai trois inscriptions pour la fin février ou le début mars, mais pour ces personnes, janvier était simplement un peu trop tôt. »

Un problème de forte demande

Les agents immobiliers et les économistes ont attribué la deuxième meilleure performance d’un mois de janvier et la flambée des prix à la forte demande de maisons de la part d’acheteurs de la génération Y, désireuse de devenir propriétaire avant que les prix ne grimpent davantage, des nouveaux arrivants qui se présentent au pays après l’arrêt de l’immigration pendant la pandémie et des investisseurs désireux d’en profiter pendant que les taux d’intérêt sont plus bas.

« Il est difficile pour l’offre de suivre le rythme d’une demande aussi forte », a souligné M. Sondhi.

Ses remarques sont intervenues alors que l’ACI a noté un manque de nouvelles inscriptions. Ces dernières ont chuté de 11 % à 61 602 en janvier, alors qu’elles s’étaient dénombrées à 69 196 en décembre.

Mais l’économiste Robert Kavcic, de BMO Marchés des capitaux, a fait valoir que les nouvelles inscriptions étaient revenues à un rythme normal dans la dernière année et que le boom de la demande était ce qui entraînait un « resserrement extraordinaire » de l’équilibre du marché et des stocks.

« Alors que les inscriptions s’évaporent en quelques jours en raison des multiples offres, c’est un problème de demande », a-t-il écrit dans une note aux investisseurs. « L’anticipation d’une croissance des prix pourrait même freiner les inscriptions et stimuler la demande. »

Plusieurs chambres immobilières prévoient des augmentations de prix plus faibles, mais soutenues d’une année à l’autre en 2022, puisque, les taux d’intérêt extrêmement bas observés pendant la pandémie de COVID-19 sont sur le point d’augmenter.

« L’abordabilité se détériore clairement rapidement, ce qui devrait rendre plus difficile pour les acheteurs d’une première maison de se lancer sur le marché », a souligné M. Sondhi.

Le marché a basculé en faveur des vendeurs. L’ACI a souligné le mois dernier qu’une quantité record de 85 % des marchés locaux était composée de marchés de vendeurs, et elle a estimé que les autres 15 % étaient des régions « équilibrées ».

Ces conditions, combinées au manque de nouvelles inscriptions, ont de nouveau fait grimper les prix.

« Les gens ne peuvent pas se le permettre d’aller dans le Grand Toronto », a observé Mme Morrison, notant qu’elle a vu des gens se diriger vers le Nouveau-Brunswick ou même la périphérie du Grand Toronto, où les logements sont moins chers.

« Comme le dit l’expression, ils vont conduire jusqu’à ce qu’ils achètent. »

Claire Fan, économiste chez Économique RBC, a noté que les hausses de prix étaient dominées par les principaux marchés comme Toronto et Montréal, qui ont tous deux vu les prix augmenter de 3,5 % par rapport à décembre.

« La croissance a été plus lente dans les provinces des Prairies, mais même là, les vendeurs sont aux commandes de la majorité des marchés », a-t-elle écrit dans une note aux investisseurs.

Mais Mme Fan espère que le marché deviendra moins frénétique.

Elle pense que la détérioration de l’abordabilité, la hausse des coûts d’emprunt et l’augmentation de l’offre de logements ralentiront progressivement la demande et rétabliront un certain équilibre.

M. Kavcic est du même avis.

« Nous avons un marché du logement fondamentalement solide, qui a été autorisé à surchauffer à cause d’une politique trop laxiste », a-t-il écrit.

« Il faudra des taux d’intérêt plus élevés pour modifier la psychologie du marché, calmer la demande excédentaire et la croissance des prix. Ce jour approche à grands pas. »