Le Groupe Montoni s’engage à décarboner l’ensemble de son parc immobilier industriel et toutes ses acquisitions futures. Pour verdir ses immeubles, le promoteur immobilier de Laval devra injecter plus de 30 millions de dollars au cours des 15 prochaines années.

« On fait partie d’une industrie polluante », concède Dario Montoni, président du Groupe Montoni. Et les études lui donnent raison. Selon le plus récent Rapport sur l’état mondial des bâtiments et de la construction du Programme des Nations unies pour l’environnement, les bâtiments étaient en 2022 responsables de 34 % de la demande mondiale d’énergie et de 37 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) liées à l’énergie.

« Maintenant, la question qui se pose, c’est : comment on s’organise pour s’améliorer et aider les prochaines générations ? », dit-il. L’entreprise a entamé son virage vert il y a près de 10 ans. En 2006, Montoni construisait le premier bâtiment industriel LEED Or au Canada. Deux ans plus tard, le groupe donnait naissance au premier quartier industriel LEED au pays.

L’entreprise compte actuellement une cinquantaine de projets certifiés LEED et a obtenu, dans les dernières semaines, sa première certification Carbone zéro BCZ du Conseil du bâtiment durable du Canada.

Or, Dario Montoni veut pousser plus loin. Il s’engage formellement à rendre carboneutre l’ensemble de son parc immobilier industriel ainsi que toutes ses nouvelles acquisitions.

Plus ou moins 30 % de la superficie de sept millions de pieds carrés que gère Montoni doit être décarbonée. Pour y arriver, l’entreprise devra par ailleurs délier les cordons de sa bourse. Plus de 30 millions de dollars seront investis au cours des 15 prochaines années pour y arriver.

« Mettre les bouchées doubles »

L’entreprise estime être en mesure d’être carboneutre d’ici 2040, « mais on doit mettre les bouchées doubles pour y arriver », concède l’homme d’affaires, étant donné que Montoni ajoute, chaque année, plus ou moins deux millions de pi⁠eds carrés à son parc immobilier.

Le promoteur commence un premier projet de conversion en rénovant un bâtiment industriel dans l’arrondissement de Saint-Laurent afin d’obtenir la certification LEED. « Ce bâtiment-là est une situation idéale. Il restait un an au bail pour le locataire existant qui voulait d’ailleurs s’en aller, ce qui nous permet d’investir pour remettre le bâtiment aux normes qu’on souhaite atteindre. »

Près de 5 millions devront être investis dans les rénovations qui devraient permettre de réduire de moitié la consommation d’eau intérieure ainsi que les coûts énergétiques grâce à une isolation plus efficace. Cela devrait se traduire par une réduction des émissions de CO2 de 125 tonnes, annuellement, selon les estimations de Montoni.

Dans le cadre de sa stratégie de décarbonation, l’entreprise s’engage aussi à viser les certifications LEED et BCZ – qui attestent un bilan carbone zéro dans leur fonctionnement de l’ensemble de ses nouvelles constructions.

Son plus récent projet – développé en partenariat avec le Fonds immobilier de solidarité FTQ – s’inscrit d’ailleurs dans cette perspective. L’Écoparc Châteauguay, dont la première pelletée de terre a eu lieu lundi dernier, est un projet de près de 450 000 pi2 d’une valeur de 95 millions qui vise les certifications LEED Or et BCZ-Design.

Changer de vision

Nombre d’immeubles construits dans les dernières décennies sont inefficaces sous plusieurs aspects, dit-il : « Souvent, ils n’ont pas d’isolation, pas de système de ventilation efficace, donc on consomme nécessairement plus d’énergie. »

La réalité nord-américaine diffère beaucoup de celle du Vieux Continent, rappelle-t-il : « Là-bas, en Europe, ça fait des décennies qu’ils ont une vision à long terme lorsqu’il est question de la pérennité des immeubles. Ils ont dû développer une vision pour être plus efficaces, sûrement parce qu’il n’y a pas d’abondance de gaz ou d’électricité. »

En Amérique du Nord, « les [promoteurs immobiliers] ont souvent comme mentalité de vouloir faire de l’argent rapidement. On pense souvent à la première génération qui s’occupera de l’immeuble, pas aux autres qui suivront, donc en projetant l’immeuble dans un horizon de 10 à 20 ans. C’est cette vision qu’on veut changer ».