Le contexte économique « moins vigoureux » n’a pas épargné l’alcool. La preuve : la SAQ a vendu moins de litres de vin et de spiritueux au cours de la dernière année. C’est la première fois depuis 2019 qu’elle observe une diminution.

Au cours des cinq dernières années, les ventes étaient en constante augmentation. Pour l’ensemble des produits, le volume de ventes a diminué de 2,3 %, selon les résultats publiés jeudi dans le rapport annuel de la société d’État pour l’exercice financier 2023-2024, clos le 30 mars.

Les ventes en litres ont connu une baisse de 3,3 % au rayon des vins, alors que celles des spiritueux ont diminué de 1,3 %.

« Au cours de la dernière année, nous avons fait face à un ralentissement de nos ventes en litres, une tendance généralisée dans l’industrie mondiale des vins et spiritueux, accentuée par un contexte économique moins vigoureux, alors que l’inflation continue de peser sur le portefeuille de notre clientèle », a indiqué le président et chef de la direction de la SAQ, Jacques Farcy, dans le rapport annuel déposé à Québec. M. Farcy a été nommé à la tête de la société d’État il y a environ un an, à la suite du départ de Catherine Dagenais.

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Les ventes se sont établies à 4,101 milliards de dollars comparativement à 4,048 milliards au cours de l’exercice précédent, soit une hausse de 53 millions ou 1,3 %. Cette augmentation est attribuable au fait que l’année financière comptait exceptionnellement 53 semaines.

Et il n’y a pas que les volumes de ventes qui sont en baisse. Les consommateurs ont également diminué le montant de leurs achats à chaque visite en succursale. Le panier moyen est passé de 65,26 $ lors de l’exercice précédent à 63,13 $. L’achalandage en magasin, mesuré en nombre de transactions, a toutefois augmenté.

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Moins d’alcool, plus de petits prix

De nouvelles tendances de consommation se dessinent également. Les consommateurs souhaitent-ils boire plus modérément ? Chose certaine, la catégorie des produits faibles en alcool (0,5 %) a connu une augmentation des ventes en litres de 36 %. Signe que la SAQ semble vouloir donner à cette catégorie, que l’on retrouve également en épicerie, une place plus importante, elle bénéficie maintenant en succursale « d’une section qui lui est propre et nouvellement garnie de 15 produits introduits dans la dernière année ».

La société d’État ne lésine pas non plus sur la promotion de ces produits. L’infolettre envoyée par la société d’État à ses clients jeudi s’intitulait d’ailleurs « Faible en alcool, mais riche en points ».

Les rayons de la section des vins « à petits prix », affichés à 12 $ et moins, se vident également plus rapidement ; les ventes en litres dans cette catégorie ont fait un bond de 14 %. « Parce qu’elle a envie de se faire plaisir malgré le contexte inflationniste, notre clientèle a redécouvert notre section “à petits prix” au cours des derniers mois », indique le rapport annuel. La SAQ y a ajouté 27 nouveaux produits.

La réaction du syndicat

Sans convention collective depuis plus d’un an, le Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN) a réagi aux résultats en affirmant que la société d’État était « hautement profitable » en raison des conditions de travail « précaires » de ses employés. « La SAQ maintient son service à la clientèle au plus strict minimum. La direction refuse de combler adéquatement ses besoins de personnel, et ça, les clients le ressentent. Il y a des limites à presser le citron », a déploré par voie de communiqué sa présidente, Lisa Courtemanche.

La SAQ en chiffres

Résultat net : 1,4 milliard (+0,1 %)

Ventes : 4,1 milliards (1,3 %)

Nombre de succursales : 410

Nombre d’employés : 7043