(Montréal) La direction de CAE demeure optimiste quant à la performance de sa division de défense au cours des prochains mois après que celle-ci eut traversé certaines turbulences. Les tensions géopolitiques actuelles pourraient jouer en faveur de l’entreprise.

Le patron du fabricant de simulateurs de vol, Marc Parent, a reconnu mardi que les activités de défense n’avaient pas répondu à ses attentes et à celles des investisseurs en matière de rentabilité jusqu’à maintenant.

Mais la stratégie de l’entreprise montréalaise « demeure solide », a-t-il précisé lors d’une conférence téléphonique avec des analystes portant sur les résultats financiers du quatrième trimestre et de l’exercice de 2024.

Pour preuve, le carnet de commandes ajusté pour la défense a connu une croissance de 20 % au cours des deux dernières années, a souligné le président et chef de la direction.

Le marché entre dans un cycle haussier avec l’augmentation des budgets militaires des pays de l’OTAN dans un contexte de tensions géopolitiques grandissantes, a réitéré M. Parent.

« Nous négocions actuellement d’importants programmes pluriannuels qui devraient bientôt augmenter considérablement notre carnet de commandes », a-t-il affirmé.

« Au-delà de notre sélection sur des contrats de défense transformationnels au Canada, nous sommes bien positionnés pour l’année prochaine sur plusieurs programmes stratégiques dans les régions indopacifiques, en Europe et aux États-Unis », a poursuivi M. Parent.

Le spécialiste de la formation des pilotes prévoit une marge opérationnelle sectorielle ajustée entre 6 et 7 % pour ce secteur à l’exercice 2025.

Des contrats renégociés

Les activités de défense de CAE ont engendré des revenus de 425,5 millions au quatrième trimestre de 2024, en baisse de 21 % par rapport à la même période de l’exercice précédent.

La division a aussi enregistré un résultat opérationnel négatif de 680 millions, contre un résultat positif de 29 millions un an plus tôt.

Ces chiffres reflètent ce qui a été précédemment annoncé par la société concernant huit anciens contrats militaires à prix fixe signés avant la pandémie. Ils ont grugé ses marges dans un contexte inflationniste.

Bien que peu nombreux, ces contrats « ont eu des incidences disproportionnées sur la rentabilité globale du secteur de la défense », a indiqué l’entreprise.

CAE avait prévenu la semaine dernière lors de la publication de résultats préliminaires qu’elle afficherait au quatrième trimestre une perte hors trésorerie de 568 millions pour ses activités de défense.

La portée et le calendrier des anciens contrats ont été révisés avec les clients et les fournisseurs.

« Ce que nous avons fait, c’est de travailler extrêmement dur pour renégocier avec nos clients afin de déterminer exactement la portée restante de ces programmes, le temps qu’il nous faudra pour exécuter ces contrats, le coût qu’il nous faudra pour ces contrats », a relaté M. Parent.

La conclusion de ces négociations a entraîné des charges supplémentaires de 90 millions, a-t-il précisé.

Dans la foulée de la présentation des résultats préliminaires, la société a aussi annoncé une restructuration de la haute direction. Elle comprend la nomination de Nick Leontidis à un nouveau poste de chef de l’exploitation, qui supervisera les activités de l’aviation civile et de la défense.

Il tentera d’apporter une synergie entre les deux unités d’affaires.

L’aviation civile en bonne posture

Sur le plan des activités de l’aviation civile, le portrait s’avère plus rose que celui de la défense.

CAE a rapporté pour cette division des revenus de 700 millions au quatrième trimestre, en hausse de 6 % par rapport à pareille date en 2023. Le résultat opérationnel s’est chiffré à 147 millions, contre 149,3 millions un an auparavant.

La demande pour des solutions de formation aéronautique reste intéressante, selon l’entreprise.

Pour le prochain exercice, elle s’attend à une croissance à deux chiffres du résultat opérationnel sectoriel ajusté, ainsi qu’à une marge d’exploitation sectorielle ajustée annuelle d’environ 23 %.

Malgré la performance de la division civile, CAE a enregistré dans son ensemble une perte nette au quatrième trimestre de 504,7  millions, en raison des difficultés du secteur de la défense. Cela se compare à un bénéfice opérationnel de 178,3 millions au quatrième trimestre de 2023.

Sa perte par action a été de 1,58 $, contre un bénéfice par action de 29 cents un an plus tôt.

Le titre de CAE a reculé de 1,52 %, ou 0,39 $, pour terminer la séance de mardi à 25,32 $.