CAE plonge dans le rouge en raison des déboires de sa division militaire, qui obligent le spécialiste des simulateurs de vol et de la formation à comptabiliser des charges qui frôlent les 700 millions. Tout indique que sa journée sera turbulente en Bourse ce mercredi.

Les mauvaises surprises, annoncées mardi, après la fermeture des marchés financiers, se solderont par une perte nette annuelle de plusieurs centaines de millions. Elles s’accompagnent d’un remaniement de la haute direction avec la création d’un poste de président et chef de l’exploitation. Nick Leontidis aura le mandat de trouver des économies dans les secteurs de la multinationale québécoise.

« Parce que le rendement de notre secteur défense s’est établi bien en deçà de nos attentes, nous avons pris des mesures pour [le] redéfinir », a souligné le président et chef de la direction de CAE, Marc Parent, dans un communiqué.

La division de l’entreprise qui se spécialise dans la défense et la sécurité – qui devrait représenter environ 43 % de son chiffre d’affaires total – se spécialise notamment dans la formation et l’entraînement pour les forces aériennes (avions de chasse), navales et terrestres. Dans le secteur civil, CAE construit des simulateurs de vol et effectue de la formation de pilotes.

Squelettes dans le placard

Ce sont huit anciens contrats à prix fixe de la division militaire qui sont en partie à l’origine des malheurs de l’entreprise établie dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent. Il s’agit d’ententes signées avant la pandémie de COVID-19.

Au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes financiers en février dernier, M. Parent avait donné un aperçu de ce qui semblait se tramer en soulignant que les marges des contrats en question, qui ne sont pas indexées, sont grugées par le contexte inflationniste.

« Même si nos coûts augmentent, on n’aura pas plus [d’argent] pour le contrat, avait-il dit. Donc évidemment, ça implique des enjeux de rentabilité, même des pertes sur certains des contrats. »

En lançant son avertissement, mardi, CAE a chiffré l’impact financier de ses problèmes. Elle enregistrera une perte de valeur hors trésorerie de 568 millions dans son secteur de la défense au quatrième trimestre, des ajustements négatifs totalisant 90 millions pour divers contrats ainsi que d’autres charges de dépréciation d’environ 36 millions.

Les huit contrats problématiques ont eu une « incidence disproportionnée » sur la rentabilité globale de la division.

Rouge foncé

Résultat : le spécialiste des simulateurs de vol et de la formation s’attend à afficher une perte nette de 505 millions, ou 1,58 $ par action, au quatrième trimestre. Pour l’exercice financier, CAE table sur une perte nette de 325 millions, ou 1,02 $ par action. Les résultats du quatrième trimestre de CAE doivent être divulgués le 27 mai prochain, après la fermeture des marchés.

L’an dernier, l’entreprise québécoise avait engrangé des profits nets de 221 millions, ou 69 cents par action.

Du côté civil, le portrait est beaucoup moins sombre. CAE s’attend à afficher une croissance de ses revenus et profits. Cette croissance sera insuffisante pour absorber les turbulences dans la division militaire.

Néanmoins, les voyants sont au rouge pour l’analyste James McGarragle, de RBC Marchés des capitaux, qui estime que l’ampleur des charges qui seront comptabilisées témoigne de « problèmes persistants » au sein de la multinationale.

L’ampleur des ajustements, qui représentent environ 8 % de la valeur boursière de CAE, est significative, souligne-t-il, dans une note envoyée à ses clients. « Nous estimons que cela alimente l’incertitude et nous ne nous attendons pas à ce que l’annonce soit bien accueillie. »

À la Bourse de Toronto, l’action de CAE a abandonné 2,13 %, ou 59 cents, mardi, pour clôturer à 27,06 $. Depuis le début de l’année, le titre s’est replié de 4,5 %, ou 1,28 $.

Selon la firme de données financières Refinitiv, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) est le deuxième actionnaire en importance de la multinationale québécoise. Le bas de laine des Québécois détenait, en date du 31 décembre dernier, un bloc de 24,6 millions d’actions.

En savoir plus
  • 13 000 personnes
    Effectif de CAE à travers le monde
    Source : CAE
    40
    Nombre de pays où l’entreprise québécoise offre des services
    Source : CAE