Prévisions financières Les imprévus coupent les ailes à Transat

La pression sur les prix des forfaits, les turbulences syndicales ainsi que des avions cloués au sol à cause de problèmes de moteurs coupent les ailes à Transat A.T. Le spécialiste du voyage d’agrément prend un pas de recul et abaisse ses cibles financières.

Cet avertissement a été lancé vendredi par l’entreprise québécoise, à environ un mois de la diffusion de ses résultats du deuxième trimestre. La compagnie à l’étoile bleue a énuméré les raisons à l’origine de sa décision, sans toutefois offrir plus de détails.

« À ce stade-ci, nous ignorons quelle partie est attribuable aux problèmes de moteurs (un dossier où il pourrait y avoir un dédommagement) et au contexte du marché, où nous observons une stabilisation plus importante que prévu », souligne l’analyste Tim James, de la Banque TD, dans une note envoyée à ses clients.

Selon des données de Statistique Canada, le prix d’un billet d’avion a chuté de plus de 14 % en moyenne en janvier par rapport à la même période en 2023. Le prix moyen actuel demeure néanmoins supérieur d’environ 10 % aux niveaux d’avant la pandémie.

L’annonce de la société mère d’Air Transat n’a pas laissé les investisseurs indifférents. Vendredi, à la Bourse de Toronto, le titre a abandonné près de 3 %, ou 1 cent, pour clôturer à 3,43 $.

Concrètement, Transat ne sera pas en mesure d’afficher une marge d’exploitation ajustée comprise entre 7,5 et 9 % cette année. Au rythme où vont les choses, les investisseurs devraient plutôt s’attendre à un résultat de 5 %. La compagnie à l’étoile bleue n’a cependant plus l’intention de faire de prévisions concernant sa marge d’exploitation ajustée.

Imprévus en série

Après l’incertitude provoquée par une menace de grève de ses 2100 agents de bord en début d’année, le spectre d’un autre conflit de travail pourrait venir perturber les activités du spécialiste du voyage d’agrément.

Les 28 régulateurs de vol d’Air Transat – qui sont responsables de la préparation des plans de vol, de la surveillance des systèmes et des urgences en vol – ont unanimement voté en faveur d’un mandat de grève, le mois dernier. Selon l’Association canadienne des régulateurs de vols, qui les représente, la conciliation avec l’employeur n’a pas permis de s’entendre sur un nouveau contrat de travail.

On ignore toujours à quel moment ce débrayage pourrait avoir lieu.

Parallèlement, les problèmes de moteurs chez Pratt & Whitney empêchent Transat d’utiliser le quart de ses Airbus A321LR. Cette situation affecte plusieurs transporteurs à travers le monde.

Quatre des quinze appareils A321LR de la compagnie aérienne sont cloués au sol en raison de l’usure prématurée des moteurs PW1100G-JM du motoriste américain. Ce nombre devrait grimper à six plus tard cette année et passer à huit en 2025. L’entreprise québécoise a loué trois A330 pour atténuer ces turbulences, mais cela fait grimper ses coûts. Elle dit être en discussions avec Pratt & Whitney afin d’être dédommagée.

Ce manque d’appareils fait partie des raisons ayant incité Transat à revoir ses ambitions de croissance en matière de capacité cette année. La prévision de 19 % est passée à 13 %. De plus, des liaisons ont été retirées sur les marchés intérieur (Vancouver et Calgary à partir de Montréal) et transfrontalier (de la métropole vers San Francisco et Los Angeles).

« Une autre révision à la baisse [de la croissance de capacité] pourrait être nécessaire », estime M. James, dans la foulée des informations communiquées par la compagnie.

Puisque Transat est aux prises avec de « multiples vents de face » cette année, Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, abaisse son cours cible à l’endroit de l’action. Il passe de 3 $ à 2,24 $.

« En plus des perspectives plus pessimistes, nous attendons les détails d’un plan de refinancement qui pourrait avoir des répercussions pour les actionnaires », rappelle M. Doerksen.

En date du 31 janvier dernier, la dette totale de Transat s’élevait à près de 2 milliards.