Rio Tinto Aluminium pourrait développer ses propres projets éoliens afin de répondre à ses besoins énergétiques croissants à l’avenir, mais l’étude de cette solution est encore « vraiment préliminaire », indique le chef de la direction mondiale Jérôme Pécresse.

« On envisage, mais c’est un stade préliminaire, de regarder si on peut faire des projets d’éolien terrestre dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui s’intégreraient soit directement sur notre réseau électrique, soit sur le réseau d’Hydro-Québec », confirme le dirigeant en mêlée de presse, lundi, en marge d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal.

Rio Tinto envisage de construire un parc éolien à proximité de son barrage de Passes-Dangereuses, mais le projet est encore loin d’être confirmé, nuance M. Pécresse. « C’est quand même vraiment préliminaire, répond-il. On commence des mesures de vent. Donc, ce n’est vraiment pas avancé du tout. »

Avec son réseau de six barrages au Québec, Rio Tinto produit l’équivalent de près de 90 % de la consommation de ses activités d’aluminium dans la province. La multinationale s’attend toutefois à ce que ses besoins énergétiques augmentent à l’avenir.

« Nos besoins vont croître parce qu’on a vocation, je dirais, à essayer progressivement de croître un peu la production. […]. Deuxièmement, si on décarbone des choses comme la raffinerie d’alumine de Vaudreuil (qui utilise de l’énergie fossile) par de l’électricité, nos besoins ont clairement vocation à croître. »

Pour augmenter sa production, Rio Tinto compte rénover ses centrales hydro-électriques existantes. La rénovation de la centrale d’Isle Maligne fait partie des investissements. Le projet nécessitera des investissements de près de 1 milliard sur quelques années.

Contrairement à un éventuel parc éolien, la réfection des centrales, « c’est plus qu’à l’étude, on va le faire », assure le dirigeant. « Ça ne se traduira pas par des augmentations massives, mais on peut augmenter, je pense, de 5 % à 10 % la production des barrages en travaillant sur des plans de modernisation », évoque-t-il.

La collaboration entre Hydro-Québec et Rio Tinto pourrait également permettre d’accommoder les besoins de chacun. Rio Tinto a la capacité d’aider le réseau d’Hydro-Québec en période de pointe hivernale. « Hydro-Québec peut aussi nous aider à passer nos pointes », ajoute-t-il.

Élysis

Rio Tinto aura besoin de plus d’aide gouvernementale pour le développement de la technologie Élysis visant à produire un aluminium carboneutre, admet M. Pécresse. La technologie est codétenue par Rio Tinto et Alcoa et a déjà obtenu près de 160 millions d’aides publiques.

« Probablement », répond-il, à savoir si davantage d’argent public sera nécessaire, ajoutant que l’industrialisation de la technologie nécessitera des investissements importants.

Au cours de son discours, M. Pécresse a d’ailleurs défendu les soutiens gouvernementaux dont bénéficie l’industrie. « Ceci me donne d’ailleurs l’occasion de préciser que Rio Tinto a investi plus de 5,5 milliards depuis 2018 au Canada et moins de 10 % proviennent du soutien gouvernemental », défend-il.

En mêlée de presse, le dirigeant ajoute que d’autres juridictions offrent un soutien pour appuyer les industries et la création d’emplois. « Moi, ça ne me choque pas. Je viens de France, où le gouvernement a aussi une habitude de faire ce genre de soutien. »

La grande question sera de savoir si la technologie Élysis pourra être commercialisée à grande échelle. « Je pense qu’on est très sûr que ça pourra fonctionner. La question : ce qu’on essaie de prouver maintenant, c’est comment on peut d’abord stabiliser notre capacité à produire le métal dans les bonnes conditions, de façon répétable et stable. »

« Deuxièmement, combien ça va coûter en termes d’investissement et de coût d’exploitation ? Je pense que c’est là où il faut aller étape par étape », enchaîne-t-il.