Guerres de prix, augmentation de l’offre de produits de marques privées, multiplication des rabais en circulaires : à l’instar des supermarchés, les quincailleries seront très « agressives » pour attirer les consommateurs au cours des prochains mois.

« Ça joue déjà dur », confirme Alexandre Lefebvre, vice-président exécutif et chef de la direction du Groupe BMR, qui compte plus de 275 magasins. Il reconnaît dans la foulée que l’entreprise multiplie actuellement les efforts pour se défaire de la perception qu’ont les consommateurs voulant que les produits vendus chez BMR sont plus chers qu’ailleurs.

« On se mesure beaucoup », mentionne M. Lefebvre, dans une entrevue accordée à La Presse, jeudi, à l’occasion de la tenue de l’assemblée générale annuelle de Sollio Groupe coopératif. BMR, Olymel et Sollio Agriculture sont des divisions de la coopérative qui a annoncé ses résultats financiers pour l’exercice clos le 28 octobre 2023.

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Le vice-président exécutif et chef de la direction du Groupe BMR, Alexandre Lefebvre

Quand on analyse les prix de vente de BMR, on est dans les plus bas prix de l’industrie. Mais les consommateurs pensent qu’on est plus cher que ce qu’on est réellement. C’est important, la perception de prix, surtout en cette période.

Alexandre Lefebvre, vice-président exécutif et chef de la direction du Groupe BMR

BMR affiche un excédent net de 34,5 millions en 2023 par rapport à 41 millions l’année précédente. La baisse des mises en chantier et la diminution des dépenses des ménages expliquent cette diminution de l’excédent.

Et ces phénomènes touchent l’ensemble de l’industrie de la quincaillerie et des centres de rénovation. Le grand patron de BMR a ainsi reconnu que le quincaillier connaissait un ralentissement des activités après « le faste de la pandémie ».

Les différentes enseignes tentent donc toutes de se démarquer. « Les marges vont baisser, les promotions vont être plus fréquentes. Le consommateur magasine plus. Nous aurons une année 2024 extrêmement difficile pour les distributeurs et les marchands. Ça sera à l’avantage du consommateur. Quand il y en a un qui fait une guerre de prix, les autres ne se laissent pas faire », rappelle Alexandre Lefebvre.

Récemment, La Presse rapportait que l’enseigne RONA travaillait elle aussi à mettre en place une stratégie de baisse de prix sur plusieurs produits.

Marques privées et magasins

Par ailleurs, BMR a également l’intention de mettre l’accent sur ses marques privées : Architek, Botaflora, Splendi, Opaz…

Au cours de la prochaine année, 1800 produits de marque privée arriveront sur les tablettes. « On ne veut pas aller dans le cheap, assure toutefois Alexandre Lefebvre. Il y a certains de nos concurrents qui vendent des prix, mais les produits ne durent pas. On ne veut pas faire ça. »

Actuellement, les produits de marques privées représentent 3,8 % du total de la marchandise. BMR veut augmenter cette proportion à 15 %.

Du côté des magasins, neuf ont fermé en 2023. Ils représentaient une superficie totale de 60 000 pieds carrés et 11 millions de vente. En contrepartie, 12 magasins ont ouvert ou se sont convertis à l’enseigne BMR pour un total de 223 500 pieds carrés et 131 millions de vente.

Olymel

Après avoir procédé à des fermetures, notamment celle de l’usine d’abattage de porcs de Vallée-Jonction en Beauce qui comptait quelque 1000 travailleurs, Olymel renoue finalement avec la rentabilité. Son excédent net s’affiche à 138,3 millions en 2023 par rapport à une perte de 446,1 millions en 2022.

À la suite de ces résultats, Yanick Gervais, président-directeur général d’Olymel, s’est dit « très satisfait ». Il ne cache toutefois pas que la dernière année a été difficile.

« Il y avait trop de capacité d’abattage. Malheureusement, le couperet est tombé sur Vallée-Jonction et Princeville. Pour un gestionnaire, fermer un établissement, c’est la pire décision qu’on puisse prendre. »

Bien que la situation ne soit pas au beau fixe dans l’industrie du porc, autant pour son entreprise que pour les éleveurs, M. Gervais demeure confiant. « On voit une baisse du prix des grains. La valeur de la carcasse augmente. Ça, c’est quand même de très bonnes nouvelles. Ça peut représenter entre 30 $, 40 $ et 50 $ de plus en termes de revenus à la ferme pour les prochains mois. »

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Alexandre Lefebvre, chef de la direction du Groupe BMR, Yanick Gervais, PDG d’Olymel, Richard Ferland, président de Sollio Groupe coopératif, Pascal Houle, chef de la direction de Sollio Groupe coopératif, Casper Kaastra, chef de la direction de Sollio Agriculture

Les résultats de Sollio Groupe coopératif

Globalement, Sollio Groupe coopératif (ancienne Coop fédérée) a enregistré un excédent de 115,4 millions au cours de l’exercice clos le 28 octobre dernier. Pour la même période en 2022, elle affichait une perte de 336,9 millions. Les ventes ont malgré tout reculé de 8,4 milliards à 8,3 milliards.

« Après deux années qui ont été particulièrement difficiles sur le plan financier, notre coop a renoué avec la rentabilité en 2023, a déclaré en point de presse jeudi le chef de la direction, Pascal Houle. C’est un revirement qui est remarquable. »

Sollio Groupe coopératif en bref

  • Année de fondation : 1922
  • Chef de la direction : Pascal Houle
  • Nombre d’employés : 15 952
  • Nombre de membres : 120 000
  • Divisions : Sollio Agriculture, Olymel et Groupe BMR