Les turbulences pandémiques sont maintenant chose du passé chez Air Canada, qui a renoué avec les profits nets en 2023. Certaines des prévisions du plus important transporteur aérien au pays toutefois laissent entendre que d’autres vents de face lui donneront du fil à retordre au chapitre des dépenses – un signal mal accueilli par les investisseurs.

Même si la demande reste vigoureuse, l’entreprise établie à Montréal s’attend à voir ses coûts augmenter en raison de trois facteurs : le renouvellement de la convention collective de ses 5000 pilotes, les dispositions de la Charte des voyageurs qui obligeront les compagnies aériennes à indemniser les passagers en cas de retard ou d’annulation ainsi qu’une hausse anticipée des frais aéroportuaires.

« Il y a des vents de face spécifiques », a souligné le chef de la direction financière du transporteur, John Di Bert, vendredi, à l’occasion d’une conférence téléphonique avec les analystes visant à discuter des résultats du quatrième trimestre et de l’exercice ayant pris fin le 31 décembre.

En 2024, Air Canada s’attend à ce que les charges d’exploitation par siège-mille offert soient supérieures de 2,5 % à 4,5 % par rapport à l’an dernier, un indicateur qui tient compte d’un nouveau contrat de travail avec ses pilotes. La plupart des analystes anticipaient une contraction de cet indicateur.

L’action d’Air Canada a piqué du nez dans la foulée de cet avertissement. À la Bourse de Toronto, l’action a abandonné 6,5 %, ou 1,26 $, pour clôturer à 18 $ vendredi.

« L’augmentation des coûts est, pour l’essentiel, un phénomène qui concerne l’ensemble de l’industrie, a souligné Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, en tempérant les prévisions de la compagnie à ce chapitre. Nous ne pensons pas qu’Air Canada sera la seule à voir ses dépenses grimper en 2024. »

Des pressions

En dépit du ralentissement économique, les principaux transporteurs aériens continuent à faire de bonnes affaires puisque le goût de voyager demeure vigoureux chez les consommateurs. Il y a cependant de la pression sur leurs coûts puisque les pilotes, agents de bord et autres employés de l’industrie réclament d’importantes hausses salariales.

En mai dernier, l’accord intervenu entre WestJet et ses pilotes s’accompagnait d’augmentations de salaire de 24 % échelonnées sur quatre ans. L’Association des pilotes de ligne (ALPA), qui représente les pilotes d’Air Canada, estime que le transporteur joue dans la cour des grands, aux côtés de Delta Air Lines, United Airlines et American Airlines. Les hausses consenties aux pilotes de ces trois compagnies américaines variaient entre 34 et 40 % sur quatre ans.

Les négociations se poursuivent entre Air Canada et ses pilotes. Ceux-ci ont obtenu une hausse de salaire annuelle de 2 % au cours de la dernière décennie. Même si les pourparlers se poursuivent, les voyageurs n’ont pas à craindre un conflit de travail, selon le président et chef de la direction du transporteur, Michael Rousseau.

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Le président et chef de la direction d’Air Canada, Michael Rousseau

« Il y a un cadre en place avec un médiateur, a-t-il dit aux analystes. Cela procure de la stabilité pour les prochains mois pendant que nous continuons à négocier. Il y a un élément de certitude pour les voyageurs qui planifient leurs réservations estivales. »

En ce qui a trait aux frais aéroportuaires, M. Di Bert a expliqué aux analystes que les aéroports se devaient de relancer leurs investissements après les interruptions pandémiques. Par exemple, à Montréal-Trudeau, les frais d’amélioration portuaires passeront de 35 $ à 40 $ par billet à compter du 1er mars 2024. Ces frais sont inclus dans le prix du billet d’avion. La dernière augmentation remontait à 2021.

Rester dans le vert

Les profits devraient néanmoins demeurer au rendez-vous malgré l’augmentation anticipée des dépenses.

Pour l’exercice en cours, Air Canada s’attend à engranger un bénéfice d’exploitation ajusté qui devrait osciller entre 3,7 milliards et 4,2 milliards, en hausse par rapport à sa fourchette précédente de 3,5 milliards à 4 milliards.

Exprimée en sièges-milles offerts, la capacité de la compagnie aérienne devrait croître de 6 à 8 %. Chez RBC Marchés des capitaux, l’analyste Walter Spracklin tablait sur une croissance d’au moins 10 %.

Air Canada en bref

Siège social : Montréal

Président et chef de la direction : Michael Rousseau

Effectif : 36 400 personnes

Flotte : 243 appareils (Air Canada et Air Canada Rouge)

En savoir plus
  • 86,7 %
    Coefficient d’occupation des avions d’Air Canada en 2023, une hausse annuelle de 6,1 points de pourcentage
    SOURCE : Air Canada