Le transformateur laitier Saputo a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes des analystes tandis que ses activités internationales ont été frappées par la baisse des prix du lait, du beurre et du bloc de fromage.

« Nous sommes toujours exposés aux prix des commodités, a expliqué le président et chef de la direction, Lino A. Saputo, lors d’une conférence téléphonique, vendredi, avec les analystes. C’est le monde dans lequel on vit dans l’industrie laitière, à l’exception du Canada. Le marché canadien est stable avec la gestion de l’offre. »

La baisse du prix du lait gruge la rentabilité des activités européennes de l’entreprise, qui doit vendre ses stocks acquis à des prix plus élevés. Aux États-Unis, la baisse du prix du beurre et du bloc de fromage a eu une incidence défavorable de 27 millions sur le bénéfice d’exploitation.

Au cours de l’appel, M. Saputo a indiqué que les conditions sont difficiles pour les producteurs laitiers partout dans le monde.

La production de lait diminue dans tous les pays. Les conditions économiques sont difficiles. […] Les entreprises qui ne sont pas efficaces abandonnent la production.

Lino A. Saputo, président et chef de la direction de Saputo

Si l’entreprise ne « peut pas échapper » aux variations du marché à l’international, M. Saputo a réitéré qu’elle se concentre sur les « éléments qu’elle contrôle » afin d’améliorer son efficacité opérationnelle.

« Je me sens très bien par rapport à nos activités et à notre capacité d’être concurrentiels, mais il va y avoir de la volatilité, des hauts et des bas, a défendu le dirigeant. C’est la nature de notre industrie. On ne peut pas y échapper. »

En dépit du contexte macro-économique, M. Saputo a laissé miroiter un élan pour l’entreprise avec la fin du plan stratégique 2025. « Nous avons déjà une grosse partie du travail de fait. Pensez seulement aux dépenses d’investissement, nous reviendrons à un seuil normal. […] Dans au moins trois régions où nous avons des plans d’optimisation, vous pouvez tenir pour acquis qu’il y aura moins de dépenses pour produire le même volume, ou un peu plus. »

Le chef des finances, Maxime Therrien, a précisé qu’il prévoit que les dépenses d’investissement seraient de 200 millions à 250 millions moins élevées au cours de l’exercice 2025 qui commencera en avril 2024. « On devrait terminer l’exercice 2024 à 650 millions. Vous pouvez anticiper un chiffre un peu plus élevé que 400 millions pour 2025. »

M. Saputo n’a toutefois pas voulu s’avancer quant au moment où l’entreprise sera en mesure de générer un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 2,1 milliards. La direction s’engage toujours à atteindre cet objectif, mais elle a abandonné en août dernier l’échéance de l’exercice 2025 (terminé à la fin mars). « Il faudrait être dans une situation plus normale pour les matières premières. […] Je ne peux pas donner d’échéance, mais on s’en approche de trimestre en trimestre. »

Des investisseurs déçus

La société montréalaise a dévoilé une perte nette de 124 millions, comparativement à un bénéfice net de 179 millions à la même période l’an dernier. Elle précise que le déficit est principalement attribuable à une charge comptable sans effet sur la trésorerie.

Le bénéfice ajusté, pour sa part, recule de 26 %, à 163 millions, ou 38 cents dilués par action. Les revenus ont reculé de 7 % pour s’établir à 4,27 milliards.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice ajusté par action de 39 cents et des revenus de 4,4 milliards, selon la firme de données financières Refinitiv.

« Les chiffres du troisième trimestre sont relativement près des attentes, mais les résultats sont tout de même décevants tandis que les vents de face masquent les progrès en ce qui a trait à la productivité et à l’efficacité », résume l’analyste Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux.

L’analyste Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD, croit que les difficultés du troisième trimestre étaient attendues. « Nous croyons qu’il est toujours raisonnable de croire que les bénéfices s’amélioreront au cours de l’exercice 2025 tandis que la plupart des retombées du plan stratégique referont surface. »

L’action de Saputo a clôturé en perte de 0,57 $, ou 2,04 %, à 27,38 $ à la Bourse de Toronto vendredi.