Bombardier a engrangé son premier véritable profit net annuel en cinq ans, mais a toujours du pain sur la planche pour convaincre les investisseurs. La capacité de l’avionneur à générer des liquidités a alimenté la nervosité en plus de faire piquer du nez son action.

En présentant ses résultats du quatrième trimestre, jeudi, le constructeur de jets privés a dit s’attendre à générer entre 100 et 400 millions US en liquidités – un indicateur suivi de près par les analystes – en 2024 étant donné qu’il s’attend à livrer entre 150 et 155 appareils, ce qui représente une croissance d’environ 10 % par rapport à l’an dernier.

Puisque ces derniers avaient fixé leur cible à 552 millions US, les investisseurs ont été refroidis par la prévision de l’avionneur. À la Bourse de Toronto, le titre de catégorie B a abandonné 14,7 %, ou 7,66 $, pour clôturer à 44,45 $.

« On travaille dans un environnement de chaîne d’approvisionnement complexe, a expliqué le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, en conférence téléphonique. Nos stocks vont augmenter parce qu’il faut les garnir. Nous avons livré beaucoup d’avions au quatrième trimestre. C’est une façon pour nous de faire un investissement pour quelque chose qui va rapporter dans le futur. Des fois, il faut que les gens prennent le temps de bien comprendre. »

Le plongeon du titre a fait ombrage à la performance de l’entreprise l’an dernier, où elle a atteint ou dépassé ses cibles tout en renouant avec la rentabilité. Ses revenus ont progressé de 16 % pour atteindre 8 milliards US tandis que le bénéfice net s’est établi à 445 millions US, ou 4,24 $ US par action. L’exercice 2022 s’était soldé par une perte nette de 148 millions US, ou 1,88 $ US par action.

« Même si nous sommes quelque peu déçus par les prévisions concernant les flux de trésorerie pour 2024, les perspectives de bénéfice témoignent néanmoins d’une progression constante vers les cibles de 2025 », a tempéré l’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans la foulée du recul de l’action sur Bay Street.

Un jalon

C’est la première fois depuis 2018 que Bombardier affiche un excédent net. Un surplus avait été dégagé en 2021, mais cela s’expliquait par la vente de la division ferroviaire à Alstom. Confiant, M. Martel affirme que les bénéfices deviendront la norme plutôt que l’exception.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Martel, président et chef de la direction de Bombardier

On a un carnet de commandes qui nous offre de la stabilité. L’an dernier, on a démontré notre capacité à œuvrer dans un environnement plus incertain dans lequel il y avait des éléments hors de notre contrôle. Nous sommes résilients.

Éric Martel, président et chef de la direction de Bombardier

L’optimisme du grand patron de Bombardier contraste avec la tendance récente dans l’aviation d’affaires. Selon la firme WingX, le niveau d’activité avait fléchi d’environ 4 % en janvier dernier comparativement à la même période en 2023. Il demeure néanmoins supérieur (16 %) à ce qui avait été observé en 2019, avant la pandémie.

Ce récent ralentissement s’est reflété sur le carnet de commandes de Bombardier. En date du 31 décembre dernier, sa valeur était estimée à 14,2 milliards US, en recul par rapport à 14,7 milliards US à la fin du troisième trimestre. Pendant les mois d’octobre, novembre et décembre, le ratio de nouveaux contrats par rapport aux livraisons – un indicateur de la demande à court terme – a été de 0,8, selon Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins.

« Les prévisions de Bombardier suggèrent que l’essentiel de l’augmentation des livraisons d’une année à l’autre sera attribuable à la famille Challenger, moins rentable que la gamme des Global », souligne l’analyste, dans une note envoyée à ses clients.

La dernière année a permis à l’avionneur d’alléger sa dette de 400 millions US. Son ratio d’endettement est maintenant de 3,3 fois le bénéfice d’exploitation ajusté. Il s’agit d’un recul de 28 % par rapport à 2022, souligne Bombardier.

Parallèlement à une augmentation de ses livraisons, Bombardier s’attend à générer un chiffre d’affaires oscillant entre 8,4 et 8,6 milliards US en 2024. Son bénéfice d’exploitation ajusté devrait varier entre 1,3 et 1,35 milliard US.

En savoir plus
  • 215 millions US
    Profit net de Bombardier au quatrième trimestre, en baisse de 11 %
    source : bombardier
    5000
    Nombre de jets privés construits par l’avionneur qui sont en service dans le monde
    source : bombardier