L’entreprise québécoise Enerkem ferme sa seule usine en activité, celle d’Edmonton, en Alberta, qui devait être la première application commerciale de sa technologie de transformation des déchets non recyclables en éthanol.

« Après avoir atteint ses objectifs, Enerkem Alberta Biofuels entame les procédures de fermeture à compter d’aujourd’hui », a fait savoir l’entreprise dans un communiqué. Pourquoi fermer une usine dont les objectifs sont atteints ?

Ce n’est pas une contradiction, assure son premier vice-président, technologie et commercialisation, Michel Chornet. « Notre objectif était de démontrer notre technologie à l’échelle commerciale, ce que nous avons fait. »

Selon lui, l’expérience acquise à Edmonton a permis à deux autres projets qui utiliseront cette technologie de voir le jour – un à Varennes, Recyclage Carbone Varennes, et l’autre à Tarragone, en Espagne. Les deux projets sont en développement.

L’usine d’Edmonton, qui a coûté beaucoup plus cher que prévu et qui a subi de nombreux retards, était présentée comme « la première installation commerciale au monde de transformation des déchets en biocarburants ». Elle employait 56 personnes.

Enerkem Alberta Biofuels (EAB), un projet dans lequel la Ville d’Edmonton avait investi des sommes importantes, devait produire 38 millions de litres d’éthanol, un biocarburant dont la demande est en hausse. Elle s’est réorientée vers la production de méthanol pour le marché maritime et a été en activité pendant 15 000 heures au total depuis 2015, a fait savoir M. Chornet.

La fermeture de l’usine albertaine est aussi le résultat « des conditions actuelles du marché et de la réglementation canadienne », selon l’entreprise fondée par le père de M. Chornet.

Depuis plus de 20 ans

Enerkem poursuit l’ambition de transformer des déchets en carburants depuis plus de 20 ans. À Varennes, la future usine, qui utilisera de l’hydrogène vert comme source d’énergie, cible aussi le marché maritime. Avec la technologie d’Enerkem, l’usine produira des biocarburants à partir de déchets non recyclables et de biomasse résiduelle.

La construction de l’usine de Varennes est commencée et la production devrait débuter à la fin de 2025, selon les prévisions de l’entreprise. Recyclage Carbone Varennes devrait traiter 200 000 tonnes de matières résiduelles annuellement pour en faire 125 millions de litres de biocarburants par année.

Initialement, le projet de Varennes prévoyait la construction par Hydro-Québec d’un électrolyseur pour alimenter l’usine en hydrogène vert. La société d’État s’est retirée de ce projet annoncé en grande pompe. Shell, Suncor et Proman sont partenaires du projet dont le coût est estimé à 1,2 milliard. Le gouvernement fédéral a déjà annoncé une contribution financière de 285 millions par l’entremise de la Banque de l’infrastructure du Canada, et le gouvernement du Québec investit 365 millions dans le projet sous différentes formes.