Le fabricant de meubles de cuisine et de salle à manger Amisco, qui emploie 500 personnes dans quatre usines au Québec, accueille deux nouveaux investisseurs dans une opération qui consolide le contrôle québécois sur l’entreprise et devrait mener à des acquisitions d’ici 12 à 18 mois.

L’annonce a été faite par la société de placement privée montréalaise Corporation financière Champlain, qui entre au capital d’Amisco avec Fondaction, le fonds d’investissement de la CSN. Desjardins Capital et Investissement Québec, déjà actionnaires depuis 2018, demeurent à bord et réinvestissent.

Le PDG et président du conseil, Réjean Poitras, et deux autres membres de sa famille roulent une partie de leurs actions dans la nouvelle structure d’actionnaires, où ils conservent une participation minoritaire substantielle et un poids conséquent au conseil d’administration, a dit M. Poitras mercredi.

Le montant et les proportions du réinvestissement n’ont pas été révélés.

M. Poitras, 58 ans, demeure président, chef de la direction et président du conseil pour le moment, mais cédera d’ici la fin de mai la direction au quotidien à l’actuel chef de l’exploitation, Luc Robitaille. Ses enfants sont jeunes et il n’y a pas de relève familiale dans un avenir prévisible, d’où la nécessité, dit-il, d’assurer la pérennité de l’entreprise avec des actionnaires à long terme qui conservent la prise de décisions au Québec. Il demeurera au conseil, mais la cession du siège de président du C.A. à un administrateur indépendant est aussi prévue, plus tard, a-t-il ajouté.

« Corporation financière Champlain va avoir un rôle un peu plus actif qu’un investisseur institutionnel ordinaire, a-t-il dit. Je vais rester au conseil et actif dans l’entreprise à mi-temps durant plusieurs années, en me consacrant au développement des affaires et des produits. »

Un chef de file

Amisco, qui a été fondée en 1954 par le grand-père de M. Poitras, fabriquait d’abord de l’ameublement scolaire, d’où son nom. « Mais avec la baisse de la natalité, ce marché s’est réduit et Amisco s’est consacrée exclusivement aux meubles résidentiels en 1975 », a dit M. Poitras. Aujourd’hui, Amisco produit surtout des tables, des chaises et des tabourets.

« Amisco est un chef de file dans son marché, c’est une compagnie solide, et notre but est de faire d’autres acquisitions dans le secteur » et de les unir à Amisco, a dit André La Forge, associé chez Corporation financière Champlain, qui a aussi des participations dans la Maison Corbeil, les Galeries du meuble, Must Society et Cuisine Expert. « On a ciblé une liste de gens qu’on veut contacter. »

Champlain s’est intéressé à Amisco notamment pour son intégration verticale, sa rapidité de fabrication et de livraison et la très grande variété de son offre, ce qui lui permet de concurrencer les produits de masse chinois.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Avec ses usines flexibles, Amisco peut livrer le produit personnalisé au client dans un délai d’une à trois semaines.

M. Poitras a vécu l’arrivée des producteurs chinois sur le marché du meuble nord-américain et la saignée qu’elle a entraînée chez les fabricants québécois à partir des années 2000 : « Beaucoup de nos concurrents sont morts ou ont délocalisé à l’étranger », dit-il, citant entre autres Shermag. « Nous, on a survécu et prospéré parce qu’on avait déjà commencé à jouer la carte de la personnalisation de masse, qui donne au consommateur un très grand choix de tissus, de matériaux, autant pour les chaises que pour les dessus de tables. »

Avec ses usines flexibles, Amisco peut livrer le produit personnalisé au client dans un délai d’une à trois semaines, a noté M. La Forge, ajoutant que c’est une des qualités qui ont convaincu Champlain d’investir dans l’entreprise.

Contrairement à d’autres fonds d’investissement privés, Champlain ne vise pas l’entrée en Bourse pour monétiser ses placements et peut rester longtemps actionnaire : « Certains fonds se donnent une limite de cinq ans, pas nous. Ça fait 15 ans qu’on est dans Orthofab [fabricant de fauteuils roulants] et on a un placement depuis 13 ans dans un groupe de 16 concessionnaires John Deere de l’est du Canada. »

Le siège social et la plus grande usine d’Amisco sont à L’Islet, en aval de Québec. Amisco possède une autre usine située non loin de là, à Saint-Pascal-de-Kamouraska, et deux usines unies sous le même toit à Shawinigan.