Sept jours après l’annonce de mesures « sans précédent » se traduisant par le départ de 547 employés du Groupe TVA, le conglomérat montréalais Québecor a présenté jeudi une performance trimestrielle révélant des gains intéressants d’abonnés à ses services sans fil et une réduction de son niveau d’endettement.

Le bénéfice d’exploitation ajusté, qui provient essentiellement des activités de la filiale Vidéotron, a augmenté de 21 % à 624 millions pour les mois de juillet, août et septembre, alors que le consensus des analystes s’articulait autour de 619 millions.

Le profit par action ajusté de 88 cents dépasse les attentes qui se situaient à 79 cents. Les revenus du trimestre ont quant à eux augmenté de 24 % à 1,4 milliard, un niveau relativement conforme aux prévisions de Bay Street.

Alors que l’intégration des activités de Freedom Mobile se poursuit et que Vidéotron tente de s’établir comme quatrième grand fournisseur de services sans fil au pays, le grand patron Pierre Karl Péladeau soutient que l’entreprise qu’il dirige réussit à livrer le changement promis dans l’industrie en augmentant la concurrence et en offrant des services « abordables ».

« Les données publiées par Statistique Canada en octobre abondent dans ce sens en confirmant que les prix des services sans fil au Canada ont baissé de près de 20 % depuis la date d’acquisition de Freedom par Vidéotron en avril », a-t-il dit.

Le remboursement de plus de 250 millions de dettes au cours du trimestre a permis de réduire le ratio d’endettement pour l’établir à 3,39x début octobre, ce que Pierre Karl Péladeau claironne comme l’un des plus bas ratios de l’industrie des services de télécommunications au Canada.

L’action de Québecor est demeurée stable à 30,30 $ jeudi à la Bourse de Toronto.

« Une excellente nouvelle »

L’analyste Vince Valentini, de la TD, anticipait une réaction positive des investisseurs après avoir pris connaissance de la performance financière présentée en matinée tandis que son collègue Jérôme Dubreuil, chez Desjardins, dit continuer de croire que les bénéfices liés à l’acquisition de Freedom par Québecor ne sont toujours pas entièrement reflétés dans le cours de l’action en Bourse.

Vince Valentini souligne que les résultats surpassent les attentes sur plusieurs plans, mais que, plus important encore, Québecor a réussi à réduire son endettement tout en augmentant le nombre d’abonnés à ses services sans fil qui s’étendent à l’extérieur du Québec depuis l’acquisition de Freedom Mobile.

« Tout en conservant ses liquidités pour rembourser sa dette, c’est-à-dire limiter les dépenses de marketing et les subventions pour les téléphones, l’entreprise a été en mesure de largement battre les attentes en ce qui concerne les ajouts d’abonnés à ses services de téléphonie mobile avec 89 000 ajouts durant le trimestre, soit près de 20 % de plus que les prévisions de Bay Street », soutient-il.

« C’est une excellente nouvelle pour Québecor et pour l’industrie canadienne du sans-fil. Si la croissance du marché est si forte qu’elle permet à Freedom d’augmenter fortement le nombre de ses abonnés sans recourir à des tactiques de marketing trop coûteuses ou perturbatrices, alors le risque d’une guerre de prix à l’avenir – car il n’y a manifestement pas eu de guerre des prix au cours du troisième trimestre – devrait rester très faible. »

Cet expert ajoute par ailleurs ne voir aucune raison d’anticiper des dépenses « agressives » durant les enchères de spectre amorcées le 24 octobre, ni des dépenses élevées pour acquérir des abonnés durant le dernier trimestre de l’exercice.

En ce qui concerne la réorganisation annoncée à Groupe TVA, une entité contrôlée à 65 % par Québecor, Pierre Karl Péladeau rappelle qu’il n’est pas question que Groupe TVA disparaisse du paysage médiatique et télévisuel.

« L’objectif du plan de réorganisation est que Groupe TVA soit en mesure de continuer de proposer des contenus originaux d’ici en poursuivant nos investissements, et d’offrir une information fiable et de grande qualité. »

Pierre Karl Péladeau n’a pas voulu s’avancer jeudi sur les coûts de la restructuration. Il a expliqué en conférence téléphonique que les travailleurs qui perdent leur emploi chez TVA ne sont pas tous des employés à plein temps et que, de ce fait, les indemnités offertes seront différentes.

« Je vais garder les chiffres pour les négociations à venir avec le syndicat », s’est-il contenté de dire.

Plus de détails entourant les sommes liées à la réorganisation seront révélés en février prochain lors de la présentation des résultats de fin d’exercice.

Québecor en bref

Siège social : Montréal
Année de fondation : 1950
Activités : services de télécommunications, médias, sports et divertissement
Principales filiales : Vidéotron et Groupe TVA
Nombre d’employés : plus de 10 000 PDG : Pierre Karl Péladeau