Bien que BCE soit « en bonne voie » d’atteindre ses objectifs en matière de développement de l’internet par fibre optique, le grand patron de l’entreprise a prévenu que l’entreprise était prête à retarder ses progrès en 2024 en raison de l’incertitude réglementaire.

Le président et chef de la direction, Mirko Bibic, a indiqué jeudi que Bell Canada attendait la décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) dans le cadre d’un examen lancé par le régulateur, plus tôt cette année, sur les tarifs que les petits concurrents paient aux grandes entreprises de télécommunications pour accéder à leurs réseaux.

Cet examen en cours vise à renforcer la concurrence et à réduire les coûts pour les consommateurs. Il déterminera également si les grands opérateurs devraient fournir aux petits concurrents un accès à leurs réseaux de fibre optique jusqu’au domicile afin d’améliorer les vitesses internet pour leurs clients.

Mais M. Bibic a prévenu qu’une décision qui profiterait trop aux petits acteurs pourrait en réalité avoir un effet négatif sur la concurrence dans le secteur des télécommunications au Canada.

« Si la décision n’est pas favorable (à Bell) du point de vue de la fibre ou du point de vue de l’accès de gros, vous allez nous voir ralentir la construction dès l’année prochaine. C’est aussi simple que cela », a affirmé M. Bibic aux analystes lors d’une conférence téléphonique pour discuter des résultats financiers de l’entreprise au troisième trimestre.

« Ce serait regrettable, car lorsque nous pénétrons dans une communauté dotée de la fibre optique, nous augmentons en fait la concurrence. […] Le client obtient un meilleur service, une meilleure valeur, des prix plus bas, et c’est ce qui est en jeu ici, avec le débat que nous avons généralement au sujet de la procédure de réglementation. »

M. Bibic a fréquemment critiqué la direction du gouvernement fédéral et du CRTC visant à accroître la réglementation, dénonçant un changement « vers davantage de microgestion » et une approche qu’il a qualifiée d’« interventionniste » plus tôt cette année.

L’entreprise a également imputé la responsabilité de l’environnement réglementaire pour les médias lorsqu’elle a annoncé la suppression de 1300 emplois en juin.

Jeudi, M. Bibic a indiqué aux analystes que la société continuait de se concentrer sur « l’efficacité opérationnelle et l’optimisation des coûts » — ce qui comprend une plus grande quantité de numérisation et d’automatisation dans l’ensemble de l’organisation et la consolidation immobilière — afin de réduire les coûts d’exploitation.

Bénéfice en baisse, mais conforme aux attentes

BCE a affiché jeudi un bénéfice attribuable aux actionnaires ordinaires de 640 millions, ou 70 cents par action, pour le trimestre terminé le 30 septembre, en baisse par rapport à celui de 715 millions, ou 78 cents par action, de la même période l’an dernier.

Les revenus d’exploitation ont totalisé 6,08 milliards, après s’être établis à 6,02 milliards un an plus tôt.

Sur une base ajustée, BCE affirme avoir gagné 81 cents par action au cours de son dernier trimestre, un résultat en baisse par rapport à celui de 88 cents par action d’il y a un an.

L’analyste Drew McReynolds, de RBC Marchés des Capitaux, a souligné que les résultats étaient « largement conformes » aux attentes. L’estimation moyenne des analystes était d’un bénéfice ajusté de 81 cents par action, sur la base des prévisions recueillies par la société de données financières Refinitiv.

Parallèlement aux changements réglementaires potentiels, M. Bibic a affirmé que Bell surveillait l’environnement macroéconomique et le paysage concurrentiel du secteur à l’horizon 2024.

« Ce que nous allons faire, c’est continuer à être disciplinés comme nous l’avons été dans cet environnement », a déclaré M. Bibic, ajoutant qu’il voyait un potentiel de croissance dans l’environnement du sans-fil.

La clé pour y parvenir est d’augmenter le nombre de clients en rejoignant de nouveaux Canadiens, ce qui est l’une des priorités déclarées de Bell. Elle a annoncé en mai qu’elle offrirait des cartes SIM mobiles gratuites aux voyageurs internationaux arrivant au pays sur les vols d’Air Canada, leur permettant d’être connectés dès leur sortie de l’avion.

« Vous avez vu l’annonce du gouvernement hier — je pense qu’il y aura toujours une immigration saine dans ce pays », a noté M. Bibic, faisant référence aux plans révélés mercredi par le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller.

Ces programmes ont montré que les objectifs d’immigration du Canada pour 2024 et 2025 augmenteraient comme prévu, avant que le nombre de nouveaux résidents permanents ne se stabilise à 500 000 en 2026.

Bell a ajouté 142 886 abonnés nets à ses services de téléphonie mobile postpayés au troisième trimestre, un chiffre en baisse de 14,8 % par rapport à la même période de l’année dernière, mais qui, selon Bell, est le deuxième meilleur résultat pour un troisième trimestre depuis 2010.

Son taux de désabonnement mensuel pour cette catégorie — une mesure des abonnés ayant annulé leur service — était de 1,1 %, contre 0,9 % au troisième trimestre précédent, ce qui reflète une plus grande activité globale du marché et davantage d’offres tarifaires promotionnelles sur le marché.

Le revenu moyen par utilisateur des téléphones mobiles de Bell s’est élevé à 60,28 $, en baisse de 11 cents par rapport au troisième trimestre de l’année précédente.