(San Francisco) Intel a rassuré les investisseurs jeudi avec des revenus de 14,2 milliards de dollars pour le troisième trimestre, alors que le géant américain des puces électroniques a pris du retard dans la course aux composants dédiés à l’intelligence artificielle.

Ce chiffre d’affaires a baissé de 8 % sur un an, mais il est supérieur aux attentes de Wall Street.

Le titre d’Intel prenait plus de 7 % lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.

« Nous avons réalisé un trimestre exceptionnel », s’est félicité Pat Gelsinger, le patron du groupe californien, lors d’une conférence téléphonique. « Nous avons dépassé les prévisions pour le troisième trimestre de suite ».

Il a d’emblée fait savoir que l’usine d’Intel située en Israël était toujours ouverte, malgré le conflit en cours entre Israël et le Hamas.

« Compte tenu de l’importance de notre présence en Israël, qui dure depuis près de 50 ans, nous sommes profondément attristés par les récentes attaques et leur impact sur la région. Notre priorité absolue est la sécurité et le bien-être de notre personnel en Israël et de leurs familles », a-t-il déclaré.

« Je tiens également à saluer la résilience de nos équipes, qui ont permis à nos opérations de continuer à fonctionner et à notre usine de continuer son expansion ».

Déploiement de l’IA

Le directeur financier David Zinsner a lui salué la discipline budgétaire de l’entreprise, qui a permis de dégager un bénéfice net — 300 millions de dollars, contre 1 milliard à la même période l’an passé.

Après des licenciements conséquents, l’entreprise compte un peu plus de 120 000 employés, contre 131 500 il y a un an.

Très dépendant des fabricants d’appareils électroniques du quotidien, Intel s’est lancé dans une vaste réorganisation en 2021 sous l’impulsion de Pat Gelsinger.

Le directeur général a assuré que ce trimestre « prouve les progrès significatifs accomplis pour transformer » la société et mettre en place sa stratégie « d’amener l’intelligence artificielle (IA) partout ».

Le groupe de Santa Clara, dans la Silicon Valley, a du retard à rattraper dans ce domaine au cœur de toutes les discussions des entreprises technologiques depuis qu’OpenAI a conquis le grand public avec son interface d’IA générative, ChatGPT.

Nvidia, un concurrent d’Intel, capitalise ainsi sur sa spécialité, des processeurs graphiques ultra sophistiqués et indispensables à l’entraînement des modèles de langage, la technologie qui sous-tend des logiciels comme ChatGPT.

« Il y a clairement eu une poussée d’intérêt pour l’IA générative », qui a orienté les investissements des fournisseurs de nuage (informatique à distance), a reconnu Pat Gelsinger.

« L’entraînement de ces modèles est intéressant. Mais nous pensons que c’est leur déploiement qui va être véritablement spectaculaire à l’avenir », a-t-il ajouté, estimant qu’Intel était bien placé pour remporter des contrats de ce côté.  

Chine

Il a notamment mis en avant une nouvelle puce pour ordinateurs portables, comprenant des capacités informatiques utiles pour l’IA, baptisée Meteor Lake.

Au troisième trimestre, l’activité de puces pour ordinateurs d’Intel a publié un chiffre d’affaires de 7,9 milliards de dollars, en baisse de 3 % sur un an.

Sa branche « Centre de données et intelligence artificielle », qui comprend notamment les puces pour les serveurs, s’est repliée de 10 %, à 3,8 milliards de dollars de revenus.

Pat Gelsinger a par ailleurs assuré qu’Intel avait de « nombreuses opportunités en Chine », malgré les nouvelles restrictions à l’exportation de semi-conducteurs vers ce pays, imposées par le gouvernement de Joe Biden mi-octobre.

« Nous continuons à déployer largement nos produits là-bas, tout en travaillant avec les autorités pour nous conformer aux régulations qu’ils instaurent », a-t-il détaillé.

Les États-Unis veulent limiter l’accès des entreprises chinoises à des équipements de pointe achetés à l’étranger, en particulier les puces les plus avancées, par crainte que Pékin ne s’en serve à des fins militaires.

L’association américaine de l’industrie des semi-conducteurs (SIA) a prévenu que « des mesures de contrôle trop étendues et unilatérales risquent de pénaliser l’écosystème américain des semi-conducteurs, sans pour autant améliorer la sécurité nationale, car elles incitent les clients étrangers à aller se fournir ailleurs ».

Pour le trimestre en cours, Intel table sur des ventes comprises entre 14.6 et 15,6 milliards de dollars.