Saputo reporte l’atteinte d’une cible financière de son plan stratégique parce que l’industrie des produits laitiers est trop volatile.

La société montréalaise réitère qu’elle vise à générer un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 2,1 milliards de dollars, mais elle ne s’engage plus à le faire au cours de l’exercice 2025, clos fin mars 2025.

« La cible de 2,1 milliards est toujours la même, a assuré le président et chef de la direction, Lino A. Saputo, vendredi, lors d’une téléconférence avec les analystes financiers. Nous avons confiance en notre plan et en notre capacité de réaliser efficacement les projets que nous nous sommes fixés. Ce n’est pas l’enjeu. »

M. Saputo assure que « les étapes les plus difficiles » sur le plan opérationnel sont en voie d’être complétées. Ces initiatives offriraient les conditions nécessaires pour générer la rentabilité souhaitée.

C’est l’imprévisibilité du marché relativement au prix et à la confiance des consommateurs qui nous amène à repousser l’échéance.

Lino A. Saputo, président et chef de la direction de Saputo

L’analyste Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, n’est pas surprise de l’annonce. « Le marché était déjà dans cet état d’esprit. Le consensus pour l’exercice 2025 était de 1,89 milliard. »

L’industrie laitière est très volatile à l’échelle internationale, ce qui complique la tâche de la direction lorsque vient le temps de faire des prévisions, selon M. Saputo. « Il y a six semaines, le prix du bloc [de fromage cheddar] aux États-Unis était à 1,30 $ US [la livre sur la Bourse des matières premières de Chicago], souligne-t-il. Aujourd’hui, c’est à 1,96 $ US. Ce sont des variations très brusques, le genre qu’on n’a jamais observé par le passé. »

Il a aussi déploré l’augmentation des activités de spéculation sur les denrées alimentaires, influencées par les nouvelles économiques, les évènements climatiques et l’effet de la hausse des taux d’intérêt. « Les gens ont accès à tellement d’information et ça crée des comportements qu’on n’avait pas vus par le passé. […] Le marché des denrées est devenu aussi volatil que les marchés boursiers. »

M. Saputo a souligné que le marché canadien était particulièrement résilient tandis que la demande demeure stable aux États-Unis, mais les exportations américaines sont freinées par la faiblesse de la demande internationale, notamment en Chine.

Dans ce contexte volatil, Saputo ne prévoit pas d’augmentation ou de diminution de prix à l’horizon, répond son grand patron. « Nous gardons la tête hors de l’eau. Nous surveillons les coûts, si jamais nous devons augmenter les prix, nous le ferons. »

L’effet des conditions délétères du marché sur la rentabilité a été moins grand qu’anticipé par les analystes au premier trimestre de l’exercice 2024, clos le 30 juin.

Les revenus de Saputo ont diminué de 2,8 % pour s’établir à 4,2 milliards. Le bénéfice net a totalisé 141 millions, en hausse par rapport aux 139 millions enregistrés l’an dernier. Le bénéfice ajusté dilué par action s’établit à 36 cents.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 34 cents et des revenus de 4,4 milliards, selon la firme de données financières Refinitiv.

Sans l’exclure complètement, M. Saputo a réitéré que la direction n’avait pas d’appétit pour des acquisitions. « Il y a des entreprises qui souffrent des conditions actuelles et nos équipes sont au courant, mais je veux réitérer que notre priorité est de nous concentrer sur notre plan stratégique. Les fonds doivent servir à financer ses projets et à rembourser notre dette. À ce stade-ci, ce n’est pas notre priorité. »

L’action a gagné 21 cents, ou 0,75 %, à 28,34 $ à la Bourse de Toronto vendredi.